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Kingsley sort du Coman

Par Clément Gavard
Kingsley sort du Coman

Après avoir vécu une longue année de galères, marquée par des blessures à la cheville et une absence à la Coupe du monde en Russie, Kingsley Coman est de retour en équipe de France. L'attaquant de 22 ans devrait même être titulaire sur le côté gauche, à la place de Matuidi, ce vendredi soir en Moldavie. Le bon moment pour le joueur bavarois de prouver qu'il possède un avenir chez les Bleus, comme au Bayern Munich.

Il faudrait ouvrir l’album photos souvenirs de Kingsley Coman pour vérifier le nombre de clichés immortalisant ses meilleurs moments en sélection. Sans trop se mouiller, ils sont probablement peu nombreux, voire inexistants. Il y a peut-être son premier et seul but marqué chez les Bleus, contre la Russie au Stade de France (4-2), le 29 mars 2016, près de cinq mois après une première cape tristement marquée par les attentats de Paris. Il doit bien aussi y avoir des images de l’Euro 2016, où l’ailier avait gagné le droit de participer à toutes les rencontres, en dehors de la grande fête contre l’Allemagne en demi-finales, jouant même une heure lors de la finale perdue contre le Portugal.

Puis, il y a eu un premier tunnel à traverser, entre les pépins physiques et les choix du sélectionneur, qui ne l’a finalement jamais oublié. La première preuve ? Son retour en équipe de France avec une titularisation contre les Pays-Bas en août 2017, à moins d’un an de la Coupe du monde en Russie. La deuxième ? Elle est arrivée la semaine dernière, quand Deschamps a prononcé son nom, plus d’un an après sa dernière sélection (contre le pays de Galles le 10 novembre 2017), mettant définitivement fin à un long calvaire dû à deux grosses blessures à la cheville gauche. Et ça tombe bien, à 22 piges, Coman a « encore plus faim » .

La peur de la blessure, la confiance de Deschamps

Rien de plus normal pour l’attaquant formé au PSG, qui était occupé à retrouver ses sensations l’été dernier, pendant que ses copains grimpaient sur le toit du monde en Russie. « Je l’ai vécue comme un supporter, a-t-il balayé en conférence de presse mercredi. Je n’avais pas de frustration, je suis quelqu’un qui relativise beaucoup. J’espère que j’aurai encore une compétition à jouer si je suis épargné par les blessures. » Voilà le premier objectif du jeune Kingsley : envoyer loin derrière lui ses pépins physiques, après avoir connu une rechute en août dernier, dès la première journée de Bundesliga. Une nouvelle absence longue durée parfois difficile à vivre pour l’attaquant bavarois : « C’était très dur mentalement et physiquement. Mais ça rend plus fort, j’ai appris à travailler autrement, sur d’autres aspects physiques. Je travaille beaucoup avec les préparateurs au Bayern. J’ai changé ma façon de jouer parce que mon corps l’exige. Je fais moins d’accélérations et j’essaie d’éviter les coups. »

Une évolution qui n’a pas empêché Deschamps de rappeler immédiatement Coman, au détriment de Lemar – finalement convoqué après le forfait de Martial –, pour le premier rassemblement des Bleus en 2019. La confirmation que l’ancien attaquant de la Juventus va mieux, même après avoir connu une petite alerte aux ischio-jambiers fin février. Mieux, il pourrait être préféré à Matuidi sur le côté gauche du 4-2-3-1 de la Desch’ pour le déplacement en Moldavie, vendredi soir. Une arme supplémentaire pour un sélectionneur satisfait de pouvoir compter sur un profil plus explosif en l’absence de Dembélé : « Il a toujours ses qualités de dribble, de vitesse pour débloquer des situations. Il gagne en maturité, il est plus efficace. Il est important au Bayern Munich et souvent décisif avec eux. Il progresse et il soigne ses statistiques. » Un discours très, voire trop flatteur pour un joueur de retour sur les terrains depuis début décembre (14 matchs, 5 buts, 1 passe décisive), mais lui permettant d’envisager un avenir plus lumineux après les galères.

L’avenir, c’est Coman

En club comme en sélection, il est donc temps pour Coman de prouver qu’il a sa place parmi les plus grands. Au Bayern, d’abord, où se prépare la succession des dinosaures Ribéry et Robben. Une opportunité en or pour le joueur de 22 ans, pouvant compter sur Kaiser Franck, son « grand frère » , pour l’accompagner dans sa progression. Et sur la pelouse, ça donne quoi ? « Il est devenu indéboulonnable, à gauche comme à droite, précisait cette semaine Patrick Guillou, consultant pour beIN Sports et spécialiste de la Bundesliga, dans les colonnes de L’Équipe. Et son retour coïncide avec celui du Bayern au sommet du classement. » Bien vu, depuis sa reprise sur le terrain, le Rekordmeister est dans une forme éclatante en championnat (13 victoires, 1 défaite). Et s’il n’a pas réussi à se montrer décisif contre Liverpool en Ligue des champions, il pourrait définitivement s’imposer comme un joueur clé dans le collectif de Niko Kovač. « Le Bayern est toujours une meilleure équipe avec lui à ses côtés, un peu comme Robben au bon vieux temps, juge Mark Lovell, correspondant à Munich pour ESPN. Ici, il est considéré comme le successeur naturel de Ribéry. »

Coman connaît la chanson : pour taper dans l’œil du sélectionneur, il va devoir continuer à enchaîner les bonnes performances dans son club. Car une ou deux apparitions dans le groupe France ne feront pas le bonheur du jeune joueur : « Il faut s’imposer sur une longue période, pas sur deux matchs. Il faut que je reste bien physiquement pour performer en club et en sélection. » Une logique implacable, surtout quand la concurrence se nomme Ousmane Dembélé, Thomas Lemar, Anthony Martial ou Florian Thauvin. Dans tous les cas, Coman a probablement coché les dates des quatre prochains rassemblements de l’année, croisant les doigts pour que son corps le laisse tranquille afin d’entrevoir la possibilité de retrouver les joies d’un tournoi majeur en juin 2020. Il y a un album photos qui ne demande qu’à être complété.

Par Clément Gavard

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