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Karim Benzema : pieds de velours et Ballon d’or

Par Adel Bentaha
Karim Benzema : pieds de velours et Ballon d’or

Grand artisan de la victoire française en Ligue des nations, Karim Benzema a une nouvelle fois marqué les esprits par sa classe et son talent. Un exploit parmi tant d'autres dans la saison de l'attaquant du Real Madrid, plus que jamais candidat au Ballon d'or.

Deux buts, deux chefs-d’œuvre. Voilà qui résume la semaine fantastique de Karim Benzema, venu offrir la Ligue des nations à l’équipe de France au terme d’une double régalade face à la Belgique, puis l’Espagne. Des gestes auxquels finalement tout le monde s’est habitué avec le Madrilène, qui symbolisent l’étoffe prise par un joueur hors norme. Une gâchette facile, au calibre de Ballon d’or.

Une comptabilité au beau fixe

Avant de voir l’ancien Lyonnais briller à nouveau sous la tunique au coq, il aura fallu attendre longtemps. Six ans plus précisément. Mis au ban en sélection et revenu en grâce à quelques semaines du championnat d’Europe, Karim Benzema a rattrapé cette longue traversée du désert en l’espace de cinq mois. Deuxième meilleur buteur de l’Euro (quatre réalisations aux côtés de Romelu Lukaku, Harry Kane et Emil Forsberg, NDLR), le goleador a posé son empreinte sur une compétition maîtrisée de bout en bout. Des prestations de génie contre le Portugal ou la Suisse notamment avant une élimination prématurée face à cette même Nati. L’ironie est heureuse, pour celui que l’on pensait incapable de se réadapter à ce collectif déjà huilé. Bilan : six buts et deux passes décisives en onze apparitions depuis son retour. L’attaquant s’est mué en véritable phare, guidant un navire bleu qui se voyait chavirer au mois de juillet.

Sa présence est salutaire, dans la continuité d’une productivité insolente au Real Madrid. En clôture de l’exercice 2020-2021, l’avant-centre a ainsi culminé à 30 buts et 9 passes décisives en 46 rencontres disputées. Une résultante impressionnante, lorsque son poursuivant, Marco Asensio, est resté bloqué à sept unités. Mais au-delà des statistiques, c’est évidemment l’impact du numéro 9 qui frappe. Devenu la tête de gondole d’une institution (et d’un championnat) en reconstruction depuis le départ de Cristiano Ronaldo, Benzema ne se défile pas. Ni au moment d’enquiller les pions, ni au moment d’emmener une formation pourtant convalescente jusqu’au dernier carré de la Ligue des champions (6 buts en C1 la saison dernière). Une clé de voûte inamovible, aujourd’hui auréolée du brassard de capitaine, et auprès de laquelle se bonifie la jeunesse, Mbappé et Vinícius en tête.

Esthétiquement vôtre

Pour ce nouveau cru du Ballon d’or, la concurrence s’est dès lors dessinée au terme d’une saison chargée en compétitions. Plébiscités par l’opinion, Jorginho, Lionel Messi et Robert Lewandowski trônent dans les charts. Des noms établis, au milieu desquels celui de Karim Benzema est loin de faire pâle figure. Aux côtés de l’inusable « Lewa » , le Français paraît effectivement indispensable à ses équipes, portant à bout de bras un Real Madrid en quête de renouveau et encadrant, comme évoqué, un groupe plus que jamais rajeuni. Ainsi, sur ses quatre matchs manqués l’an dernier, les Merengues ne se seront imposés qu’une seule fois. Un état de fait dont ne peuvent se plaindre (ou se satisfaire) ses rivaux annoncés. Difficile en effet de ne pas briller au sein de cet intouchable Bayern Munich, d’un Chelsea et d’une Italie sacrés en Europe ou d’une équipe d’Argentine acquise à la cause de La Pulga, en quête d’un sacre en ciel et blanc.

Ne reste finalement que le sempiternel argument des trophées. Biberonné durant plus de dix ans aux exploits de Messi et Ronaldo, le monde du football a sciemment placé son curseur de désignation sur le culte du palmarès. Un élément non négligeable il est vrai, mais qui est loin de se suffire à lui-même. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, le Ballon d’or vise avant tout à mettre en lumière des exploits individuels au cœur d’un sport collectif (du moins ce qu’il en reste). Dès lors, quel obstacle s’oppose à Benzema ? Que manque-t-il à un garçon carburant à près de 30 buts par saison depuis quatre ans ? À un artificier ultraélégant, capable de se transformer en véritable n°10 au service de ses coéquipiers ? Thierry Henry, Xavi, Andrés Iniesta, Raúl ou Wesley Sneijder sont autant de génies à qui l’on a ôté un rêve légitime. Réparer l’histoire en offrant la sphère dorée à l’esthète de 33 ans ne serait donc qu’un juste retour des choses. Car contrairement au commun des mortels, Karim Benzema ne participe pas au jeu. Il est le jeu.

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