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Julien Stéphan, comme une évidence

Par Clément Gavard
Julien Stéphan, comme une évidence

À seulement 38 ans, Julien Stéphan a été propulsé sur le banc du Stade rennais le 4 décembre après l’éviction de Sabri Lamouchi. Après deux succès en Ligue 1, le jeune coach a été confirmé par la direction rennaise en signant un contrat jusqu'en 2020 et pourrait déjà entrer dans l'histoire du SRFC en cas de victoire contre Astana jeudi soir. Une opportunité en or pour un ambitieux, dont la destinée était de faire son entrée dans la cour des grands.

C’était un samedi comme les autres pour Julien Stéphan. Un jour de match classique à la Piverdière, le centre d’entraînement du Stade rennais. Il y a un peu plus de dix jours, il prenait place sur le banc de l’équipe réserve, à quelques encablures du Roazhon Park, pour assister à la victoire de ses ouailles face au Stade pontivyen (1-0) en National 3, mettant fin à une série de sept rencontres sans gagner. En moins de 48 heures, il est ensuite entré dans une autre dimension. Un autre monde. Pas le temps de se poser des questions ou trembler, Stéphan a saisi l’opportunité après le limogeage de Sabri Lamouchi. Et il a lancé sa nouvelle vie avec un succès contre Lyon au Groupama Stadium (2-0), avant d’enchaîner face à Dijon (2-0) pour sa première au Roazhon Park trois jours plus tard. Propre et net.

« J’étais loin d’imaginer ça dimanche matin. J’étais en famille, en repos, après avoir dirigé la réserve samedi soir, puis il y a eu ce match contre Strasbourg, a-t-il raconté en conférence de presse. Je suis viscéralement attaché au club… C’est une opportunité, une chance qui m’est offerte, je compte bien la saisir avec un engagement de tous les instants, pour permettre au club de poursuivre sa logique de progression. » Un grand saut attendu par le jeune coach ambitieux, qui n’aura pas attendu Noël pour convaincre la direction rennaise, qui a confirmé Stéphan au poste de numéro 1 à la veille du match décisif contre Astana en lui faisant signer un contrat jusqu’en juin 2020.

Un 64e de finale contre Emmanuel Rivière

Le chemin était tout tracé depuis plusieurs années pour Julien Stéphan. Formé au PSG, le milieu de terrain prend rapidement conscience qu’il aura du mal à percer au très haut niveau et commence déjà à développer un sens de l’observation en vue de sa future carrière. « Joueur, je commençais déjà à réfléchir sur l’entraînement, confie-t-il au Télégramme. Je cherchais à comprendre pourquoi on faisait tel ou tel exercice. » Ce passionné s’enrichit sur son temps libre, étudiant notamment en Staps à l’université. Puis, il débarque au FC Drouais, un club de CFA 2, en 2005, avec une idée en tête. « Quand je suis allé le chercher à Saint-Brieuc, on sentait dans son discours qu’il voulait préparer la suite, se souvient Patrice Colas, l’entraîneur de l’époque à Dreux. On l’a vu et il a été très clair, il a dit : « Je veux jouer c’est vrai, mais je veux aussi être éducateur. » Il avait déjà un diplôme et on lui a tout de suite confié l’encadrement des U18. Je ne pense pas qu’il serait venu jouer ici sans ce poste d’éducateur. »

Stéphan n’a que 25 ans, mais il semble déjà fait pour le métier, au point de marquer ceux qu’il côtoie au quotidien. « Il avait déjà la fibre, c’est certain, martèle Patrice Colas. Il a quand même réussi à faire un 64e de finale de Gambardella contre le Saint-Étienne d’Emmanuel Rivière avec une équipe qu’il avait réussi à mener à un très bon niveau. » Mais le bonhomme n’est pas pressé, il prend le temps de grimper les échelons en poursuivant son travail avec les jeunes. D’abord avec les U15 à Châteauroux, puis à la tête des U17 du FC Lorient, où il peut observer de plus près les méthodes de Christian Gourcuff. « Je connais Julien depuis tout petit, étant donné que j’ai joué avec son père (Guy Stéphan), raconte Patrick Rampillon, directeur du centre de formation à Rennes entre 1987 et 2013. Dès qu’il est devenu entraîneur, j’ai commencé à suivre son travail. À Lorient, il a montré toutes ses qualités et quand il y a eu une opportunité après le départ d’un entraîneur (Régis Le Bris, N.D.L.R.), je n’ai pas hésité à le faire venir. » Forcément, la suite de la carrière de Julien Stéphan ne pouvait pas s’écrire ailleurs qu’à Rennes, sa ville natale.

Prophète en son pays

De retour dans la capitale bretonne en 2012, il prend d’abord les rênes des U19 et continue son apprentissage du métier. « Jamais je n’ai vu un entraîneur avec autant d’ambition, lâche Rampillon. Mais il avait justement cette envie de grandir, connaître, savoir. Un coach du centre de formation, on lui donne des conseils, il pose des questions, il se nourrit des gens présents au club et c’est exactement ce qu’il a fait. » Après trois petites années, Stéphan monte encore d’un cran et prend la suite de Laurent Huard sur le banc de l’équipe réserve, évoluant alors en CFA 2 (N3 aujourd’hui). Son bilan ? Une montée au niveau supérieur à l’issue de sa première saison et un titre de champion de CFA l’année suivante, avant une relégation l’été dernier. « Julien est un gros travailleur, très axé sur le jeu, le terrain, l’entraînement et les statistiques, ajoute Rampillon. C’est quelqu’un de très compétent, il a une vraie connaissance du foot et il a pu s’inspirer de l’école nantaise ou de Gourcuff à Lorient pour faire sa propre mayonnaise. »

Partout où il passe, Julien Stéphan laisse généralement des bons souvenirs. Et tout le monde est dithyrambique lorsqu’il s’agit d’évoquer sa personnalité. « Sur le plan humain, il est vraiment exceptionnel, estime Victor Pelleray, le gardien de Blois qui l’a connu à Rennes. Il va vraiment aider les gens qui en ont besoin, ça a été le cas avec moi et avec beaucoup d’autres. » Et tactiquement, ça donne quoi ? « Mais tactiquement, c’est encore mieux, s’exclame le portier. Je me souviens de la première année en CFA 2, ce qui m’a marqué, c’est qu’on avait un 4-4-2 losange qui ne bougeait pas ! Chaque joueur savait comment jouer dans ce 4-4-2 parce qu’il l’expliquait parfaitement à l’entraînement, c’était travaillé. Mais attention, il n’est pas borné, je dirais plutôt que c’est un coach qui va s’adapter aux joueurs dont il dispose dans son effectif. »

Convoité par Thierry Henry

Aujourd’hui, ceux qui l’ont connu ne sont pas surpris de son ascension jusqu’au poste d’entraîneur numéro 1 à Rennes. Surtout qu’il avait déjà été très convoité par Thierry Henry pour le rejoindre en tant qu’adjoint à Monaco cet automne. Mais le club breton avait eu le flair de ne pas laisser partir celui qui n’a jamais voulu être répertorié comme le « fils de Guy Stéphan » . Reste à savoir s’il parviendra maintenant à devenir incontestable sur le banc rennais. « Je pense que tous les feux sont au vert, juge Victor Pelleray. L’effectif rennais est très jeune et les joueurs comme Léa-Siliki, Gélin, Janvier, il les connaît par cœur. Et même si c’est un jeune entraîneur, ça ne change rien, je pense que le coach Stéphan peut réussir comme a pu le faire celui d’Hoffenheim par exemple.(Julian Nagelsmann, N.D.L.R.) » Qui sait, le Stade rennais pourrait bien réussir à lancer une mode en installant durablement un entraîneur de moins de 40 ans sur son banc. « C’est Julien lui-même qui va donner la réponse avec le terrain, conclut Patrick Rampillon. Mais comme j’ai pu le dire à son papa : le fils marche sur ses traces et je crois qu’il va peut-être le doubler. »

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Tous propos recueillis par CG sauf mentions

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