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Julien Jahier : « Mes collègues pompiers sont confrontés à du liquide hydrocarbure »

Par Adrien Candau
Julien Jahier : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Mes collègues pompiers sont confrontés à du liquide hydrocarbure<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Passé par le FC Rouen lors de la saison 2012-2013, Julien Jahier, qui a longtemps jonglé entre son activité de footballeur et sa profession de sapeur-pompier, avait pu observer de près les conséquences de la fuite de gaz de l'usine Lubrizol, qui avait conduit en janvier 2013 au report d'un 16e de finale de Coupe de France entre Rouen et l'Olympique de Marseille. Soit exactement la même usine chimique qui a pris feu, dans la nuit du mercredi 26 septembre, dans la capitale normande. Entretien 100% pomplard.

Salut Julien. La saison dernière, tu jouais avec la réserve du FC Metz. Tu en es où maintenant ?J’ai arrêté ma carrière au mois de juillet dernier et je suis passé entraîneur-adjoint de l’équipe réserve du FC Metz, qui est dirigée par Grégory Proment. Sinon, je suis toujours pompier professionnel, mon rythme de travail, c’est 24-48 heures, soit une journée de travail, deux jours de repos. Pendant mes jours off, je travaille à l’encadrement des stagiaires pros, pour tenter de les aider à éventuellement percer en professionnel.

Revenons-en à l’actualité rouennaise. Il y a eu un incendie au sein de l’usine chimique Lubrizol ce mercredi. Tu avais été confronté à une fuite de gaz originaire de cette même usine, fin janvier 2013, quand tu évoluais au FC Rouen. Votre match face à l’OM en 16es de finale de Coupe de France avait même été reporté à cause de l’incident… Oui, j’ai pu voir ça ce matin. Ce qui s’est passé en 2013, c’est un incident qui m’avait marqué à l’époque. Sportivement déjà, car, en raison de la fuite de gaz, ce match contre Marseille avait été reporté en effet. On était hyper déçus. Moi, je suis de Metz, j’avais des collègues pompiers qui devaient venir assister à la rencontre, je leur avais dit qu’il fallait annuler… En plus, c’était une période où on était hyper bien sportivement avec Rouen en National, donc ça nous a fait très mal de ne pas capitaliser sur ce moment fort. Finalement, le match a été remis, une ou deux semaines après…

Finalement, vous avez quand même affronté l’OM le 30 janvier 2013. Quels souvenirs gardes-tu de ce match ?Un sentiment un peu mitigé. On perd 2-1 avec ce fameux but qui n’était pas rentré… Ça restera dans les mémoires, ce truc : tout part d’un centre de Modou Sougou, l’attaquant de l’OM. Notre gardien capte la balle sur sa ligne, et l’arbitre accorde le but, alors que la balle n’était pas rentrée… Forcément, on était hyper déçus. En revanche, le stade Robert-Diochon était plein à craquer et ça, tu n’oublies pas (Rouen s’incline finalement 1-2, buts de Rémy Dugimont pour Rouen et de Mathieu Valbuena et Modou Sougou pour un Marseille qui était notamment venu avec Mandanda, Barton, Gignac, les frères Ayew, etc., N.D.L.R.).


À l’époque, cet incident vous avait fait peur ?Pas tellement. Sur le coup, honnêtement, on avait du mal à comprendre cette décision d’annuler la rencontre. Au stade, on ne sentait pas trop les émanations de gaz, même s’il y avait des odeurs dans toute la ville.

À l’époque, il y avait eu beaucoup d’inquiétudes à Rouen. Forcément dès qu’on parle de nuage toxique, radiologique ou chimique, les gens s’interrogent.

Donc, on n’avait pas trop cette sensation de dangerosité… On va dire que c’était un peu incompréhensible pour nous ce qui se passait. Tout était très confus. Ensuite, le préfet avait mis un veto sur le match et… disons qu’on a été fixé ! À mon avis, à cause du vent, ils avaient peur que le nuage toxique atteigne la ville. Mais bon, s’il y a eu un arrêté préfectoral, c’est qu’il fallait prendre des mesures, hein ! Évidemment, à l’époque, il y avait eu beaucoup d’inquiétudes à Rouen. Forcément, dès qu’on parle de nuage toxique, radiologique ou chimique, les gens s’interrogent. Bon, pour ce qui est de l’incident d’aujourd’hui, on parle d’incendie, c’est tout autre chose, mes collègues sapeurs-pompiers semblent confrontés à du liquide hydrocarbure, c’est beaucoup, beaucoup plus dangereux pour eux.

Comment juges-tu l’incendie qui s’est déclaré aujourd’hui, d’un point de vue extérieur ?

On a des équipes spécialisées radiologiques et chimiques pour ce genre d’incident, avec des combinaisons spécifiques sous forme de scaphandre. Ça va filtrer un maximum les émanations de gaz.

Le niveau de dangerosité dépend des produits qui sont au contact du feu. L’élément qui complexifie le truc, c’est le liquide inflammable au sol, il y a forcément un gros risque pour les pompiers sur place. Après, le cas échéant, pour l’instant, il n’y pas de risque de dégâts humains pour les Rouennais, seulement matériels. Donc, la riposte va être graduée pour limiter les dégâts aux alentours de l’usine. Sinon, on a des équipes spécialisées radiologiques et chimiques pour ce genre d’incident, avec des combinaisons spécifiques sous forme de scaphandre. Ça va filtrer un maximum les émanations de gaz.

Tu as déjà été confronté à des incendies a proximité de sites chimiques, comme celui-là ?Non, mais j’ai déjà été confronté à des feux d’hydrocarbures. Un feu de citerne en l’occurrence, sur la route. Ici, évidemment, tout fonctionne à une tout autre échelle. J’ai vu qu’il y avait 200 pompiers sur place. Comme c’est un site répertorié Seveso (c’est-à-dire sous surveillance en raison des matières premières sensibles utilisées, N.D.L.R.), ils ont aussi du personnel incendie privé qui doit être déployé sur le terrain. Mais c’est difficile d’estimer combien de temps il faudra pour définitivement éteindre l’incendie. Ils vont sûrement sectoriser le périmètre, prioriser la sécurisation des bâtiments importants ou sensibles, etc.

Pour en revenir à toi et au football, pourquoi tu es parti de Rouen ?On avait fini 5e, mais c’était la fin, le dépôt de bilan (le club avait été rétrogradé en Division d’honneur par la DNCG à la fin de la saison, N.D.L.R.). À ce moment-là, Dudelange m’a contacté, je connaissais un peu le coach, et Didier Ollé-Nicolle, l’entraîneur de Rouen, m’a dit : « Ça sent le roussi, vas-y ! » Petit à petit, tous les joueurs, comme Damien Da Silva ou Rémy Dugimont, partaient. Et puis, j’ai aussi choisi l’option de Dudelange et du Luxembourg, car ça me rapprochait de Metz.

Depuis l’âge de 22 ans, je suis pompier. J’ai commencé quand je jouais à Épinal, en National, j’ai pris l’habitude de faire les deux, d’alterner entre mes gardes de pompier et mes entraînements.

D’ailleurs, c’était pas trop dur de jongler entre tes deux professions ? Surtout qu’on devait parfois t’appeler pour intervenir de nuit alors que tu avais entraînement ou match le lendemain…Écoute, depuis l’âge de 22 ans, je suis pompier. J’ai commencé quand je jouais à Épinal, en National, j’ai pris l’habitude de faire les deux, d’alterner entre mes gardes de pompier et mes entraînements. Plus jeune, j’ai bien eu quelques propositions de Metz, Reims, Dijon… J’ai préféré misé sur un avenir professionnel stable sûr et sur un métier que j’ai toujours voulu faire. Et je crois que c’était le bon choix.

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