- Ligue 1
- J3
- Nice-Dijon (0-4)
Jules Keita, bombe estivale
Un gabarit de feu follet, une entrée fracassante à l’Allianz Riviera et des déclarations du même acabit face caméra dans la foulée. Oui, Abdoulaye Jules Keita est sans aucun doute le grand frisson de ce week-end sur la planète football. Parce qu’à vingt ans, on est invincible.
En Ligue 1 Conforama, un Keita peut souvent en cacher un autre. Cet été, Keita Baldé a quitté le championnat de France, et Monaco, à la suite d’un prêt avec option d’achat proposé à l’Inter. Sans y laisser de souvenirs marquants, et ce, malgré un caractère que beaucoup considéraient comme sulfureux avant son arrivée. Son bilan comptable en Ligue 1 avec l’AS Monaco ? 23 matchs, huit buts et cinq passes décisives. Pas mal, mais il manquait tout de même cette dose de caractère. Un critère que Jules Keita, la nouvelle pépite de Dijon, semble avoir déjà coché dans son curriculum vitae.
« Au pays, les gens m’appellent Baba Neymar »
Ce Keita-là n’est pas sénégalais, il est guinéen. Ce Keita-là n’a pas été formé à la Masia du Barça, mais à la plus modeste école du FC Atouga. Fils de l’ancien international Mamadou Aliou Keita, dit N’Jo Léa, l’héritier ne sent pas la pression sur ses épaules au moment de fouler la pelouse de l’Allianz Riviera. Il sent juste que l’histoire est en passe de s’écrire. Une entrée à la place de Romain Amalfitano, et hop, Dijon ouvre le score à Nice une minute plus tard. Un porte-bonheur, ce Keita-là ? Bien plus que cela, puisque l’intéressé va transformer la victoire bourguignonne en gifle monumentale. Une passe décisive pour servir Oussama Haddadi sur un plateau pour le break (0-2, 83e), avant de planter un doublé en cinq minutes (89e, 93e). Quatre buts à rien, de quoi placer le DFCO en co-leader de Ligue 1, en compagnie du Paris Saint-Germain après trois journées. Fou, mais ce n’est pas tout.
Après avoir célébré la victoire avec les supporters présents dans le parcage visiteur, l’homme du match est invité à s’exprimer aux micros de Canal+. Une formidable occasion pour connaître un peu plus cet OVNI dont les seules expériences du haut niveau étaient quatorze minutes de jeu cumulées lors des victoires contre Montpellier (1-2) et le FC Nantes (2-0). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son franc-parler est au moins aussi impressionnant que sa réussite balle au pied. « Neymar, c’est mon idole, explique l’ailier de 20 ans. Au pays, les gens m’appellent Baba Neymar. Je peux être plus fort que Neymar, Inch’Allah… Le championnat ne fait que commencer. » Après tout, à son âge, Neymar n’avait qu’une modeste Copa Libertadores avec le FC Santos dans les pattes et une bonne vingtaine de sélections avec le Brésil. Pourquoi rougir ?
« @neymarjr ? C’est mon idole… Au pays, les gens m’appellent « Baba Neymar » (…) Je peux être plus fort que lui, Inch Allah… » La pépite Jules Keita (@DFCO_Officiel) dans #JourDeFoot après #OGCNDFCO pic.twitter.com/JojKgWlk4Y
— Canal Football Club (@CanalFootClub) 25 août 2018
Stage en Corse et mondial coréen
Apte à évoluer sur tous les fronts de l’attaque, excepté au poste d’avant-centre, où il avoue lui-même n’avoir jamais joué, Jules Keita connaît déjà sa deuxième expérience au sein d’une équipe française. La première, c’était avec le Sporting Club Bastia, entre 2015 et 2017. D’un œil expert, le club référent en Haute-Corse repère le garçon lors d’un passage au Niger. « Bastia m’a repéré à la Coupe d’Afrique U17, expliquait récemment Keita pour Goal. Ils ont ensuite contacté mon agent et j’ai signé deux ans là-bas. J’étais stagiaire pro. » Hélas, son stage ne débouche pas sur un contrat pro, rétrogradation administrative du club en DH oblige. La perle effectue un retour en Guinée, puis participera à la Coupe du monde U20 en Corée du Sud. Malgré un parcours collectif chaotique (un nul et deux défaites, un but marqué pour neuf encaissés), Keita évoque ce voyage comme sa « plus belle expérience jusqu’à maintenant » . Depuis samedi soir, son ratio but/passe décisive en 2018-2019 peut lui permettre de regarder Neymar droit dans les yeux. Une chouette expérience.
Par Antoine Donnarieix