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Joue-la comme Payet

Par Kevin Charnay
Joue-la comme Payet

Cette saison, Dimitri Payet enchaîne les buts sur coup franc comme des perles, que ce soit avec West Ham ou avec l’équipe de France. Le fruit d'un travail… pas si acharné.

30 mai 2016, premier match de préparation de la France avant son Euro 2016. On joue la dernière minute du temps réglementaire et Jean-Eric Choupo-Mouting vient d’égaliser pour le Cameroun. Le score est de 2-2. Les Bleus hérite d’un coup franc bien placé aux 25 mètres, légèrement excentré sur la droite. Dimitri Payet, artificier en chef depuis son chef-d’œuvre contre la Russie, s’empare du ballon et le place de la manière la plus propre possible. Un coup de sifflet, quelques pas d’élan et voilà le joueur de West Ham qui expédie le ballon dans la lucarne opposée. Imparable.

Sur 24 tentatives cette saison sur coup de pied arrêté direct, Dimitri Payet en a inscrit six, soit un taux de réussite impressionnant de 25%. À titre de comparaison, la moyenne pour les autres joueurs en Europe est de 5%, selon Opta. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Sans forcer

Même si c’est la première fois qu’il atteint une telle efficacité, le Réunionnais a toujours été adroit dans l’exercice.

Le jeudi à l’entraînement, on travaillait tous sur les coups de pied arrêtés. Et je peux vous dire que Dimitri faisait partie de ceux qui en mettaient le plus au fond.

« Le jeudi à l’entraînement, on travaillait tous sur les coups de pied arrêtés. Et je peux vous dire que Dimitri faisait partie de ceux qui en mettaient le plus au fond » , se rappelle Laurent Batlles, qui l’a côtoyé à Saint-Étienne. « Mais surtout, déjà, il savait le reproduire en match, notamment dans les matchs importants » , précise le membre du staff de l’ASSE. Par exemple, le 25 septembre 2010, lors du 100e derby contre l’Olympique lyonnais, il offre la victoire 1-0 aux siens en inscrivant un coup franc parfait en pleine lucarne, à un quart d’heure du terme. Et les Stéphanois battent l’OL pour la première fois depuis 1994.

Pourtant, Payet est loin d’être un bourreau de travail dans le domaine, comme doivent l’être les spécialistes des phases arrêtées. « Il ne restait pas plus longtemps que les autres. Il ne les travaillait pas plus. Pas plus, pas moins » , explique Laurent Batlles.

Un strict minimum confirmé par le joueur lui-même, il y a quelques semaines.

Je suis satisfait de la manière dont je frappe, donc je continue avec cette technique. Je n’y touche plus pour ne pas la dérégler.

« Je les travaillais beaucoup à Marseille la saison dernière, mais je n’en avais pas mis un seul. À West Ham, j’ai continué à les travailler en début de saison, jusqu’à ce que ça rentre à Bournemouth. Depuis ce match-là, je ne les travaille plus. Je suis satisfait de la manière dont je frappe, donc je continue avec cette technique. Je n’y touche plus pour ne pas la dérégler. J’en tente juste quelques-uns avant chaque rencontre à l’échauffement » , avait-il confié au mois d’avril. C’est vrai que la technique de frappe de Dimitri Payet est toute particulière. Loin des tirs tendus et flottants d’un Juninho ou d’un Pirlo. « Lui, il met énormément d’effet rentrant. Avec son plat du pied, il est capable de donner énormément de vitesse au ballon, qui prend une trajectoire surprenante » , analyse Batlles. Un geste un peu fou, que le joueur ne veut surtout pas perdre en le rendant trop automatique.

Une arme supplémentaire

Il n’y a rien de mieux que la répétition pour mettre toutes les chances de son côté. Je peux vous dire qu’un mec comme Juninho en tapait des centaines à l’entraînement.

« Ça me paraît étrange quand il dit qu’il ne s’entraîne plus. Ça ne me paraît pas très logique comme manière de voir les choses. Je comprend qu’il veuille réserver ses plus beaux coups de pied pour le match, si c’est un geste millimétré, pour ne pas modifier sa course d’élan par exemple, mais je pense qu’il n’y a rien de mieux que la répétition pour mettre toutes les chances de son côté. Je peux vous dire qu’un mec comme Juninho en tapait des centaines à l’entraînement » , juge son ancien coéquipier. Quelle que soit la manière dont Dimitri Payet a progressé dans ce domaine, c’est un argument de plus pour sa titularisation sur le front de l’attaque française, avec Giroud et Griezmann.

Ses coéquipiers, Lassana Diarra et André-Pierre Gignac en premier, l’ont félicité publiquement après son but contre le Cameroun. Didier Deschamps également y est allé de son petit compliment. « Il a cette qualité sur coups de pied arrêtés, les coups francs directs, mais aussi les corners et les coups francs excentrés, c’est quelque chose d’important. Il est très important » , a commenté le sélectionneur. En trois matchs avec les Bleus, Payet a inscrit autant de buts sur coups francs que toute l’équipe de France lors des 152 rencontres précédentes. L’artificier.

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