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  • France-Espagne (3-5 AP)

On a regardé la finale des JO au club France

Par Nesrine Bourekba, Ulysse Llamas et Jules Reillat, à Paris

Si les bérets rouges, I Will Survive et les exploits en BMX ont fait rêver les Français, est-ce le cas pour le football ? La réponse est oui, les Bleuets de Thierry Henry étant repartis argentés du tournoi olympique et ayant offert de belles sensations au public du Club France dans le XIXe arrondissement de Paris. Récit sur place, entre deux olas.

On a regardé la finale des JO au club France

« Aux Jeux Olympiques, foot ou pas, je viens pour l’ambiance. » Sous le soleil du parc de la Villette, Camille acclame Lauriane Nolot. La médaillée d’argent de kitefoil fend la foule, sur un remix de Gloria Gaynor. Avec sa pote, Camille félicite aussi b-girl « Sissy » à chacun de ses passages sur l’écran. Une médaille française, des applaudissements et des découvertes de sports comme le breakdance ou l’heptathlon ? C’est le rituel de près de 40 000 personnes, chaque jour, au Club France. Pendant les JO, la Grande Halle de la Villette et sa prairie sont devenues The place To be pour les Parisiens fans de sports… Mais surtout fans de fête.

Ce vendredi en fin d’après-midi, la télé diffuse la finale du tournoi de foot masculin. Et même si « le foot, ce n’est pas vraiment les JO », comme en témoigne Camille, il faut se faufiler pour avoir une place de choix. « J’aime bien le foot à la Coupe du monde, mais aux JO, je m’en fous. Je préfère regarder d’autres sports qu’on voit moins d’habitude », analyse-t-elle. Au programme du soir, France-Espagne, une finale logique entre les deux meilleures équipes du tournoi. Ça promet du beau spectacle, de quoi se prendre une pinte à 11,5 euros pour préparer la rencontre. Le ciel est menaçant, mais des maillots de Lacazette, Benzema et même de Sochaux ou Rodez égayent le paysage. Une Marseillaise chauffe le public déjà en sueur, et tout le monde s’assoit pour admirer « la bande des Fous » de Thierry Henry.

« Aux Jeux Olympiques, foot ou pas, je viens pour l’ambiance »

18 heures, début du match. Les plus beaux « Olympix » s’époumonent devant chaque prise de balle de Michael Olise, qu’ils ont découvert il y a une semaine. Dominique, maillot bleu-blanc-rouge sur les épaules et reconnaissant de Thierry Henry quand il pointe du doigt la première étoile de son maillot, se dit « hypé par les JO ». Il est allé voir la République dominicaine au Parc des Princes, et espère une médaille d’or comme aux JO de 1984. « Aujourd’hui, je suis là pour voir le coach Titi. Cette médaille, c’est grâce à lui. Et puis, c’est à Paris à la maison, raconte l’infirmier de Seine-Saint-Denis. Ça change des A à l’Euro. Là, on a une vraie équipe soudée avec une ambiance à la hauteur des joueurs ». « Seuls les JO rapprochent comme ça, on est tous ensemble », ajoute Joffrey, qui se présente comme un ostéopathe du PSG. Cependant, aucun pincement au cœur pour lui quand Arnau Tenas, le gardien du club de la capitale, se troue et offre à la France son premier but.

Je pense que le foot est uniquement là parce qu’il ramène du monde.

Maria, supportrice espagnole

1-0. La paille de la Villette reste collée aux fesses, mais le public se lève et hurle. Le prono de Joffrey, 2-0, est bien parti. Mais rapidement, les coéquipiers de Fermín López remontent la pente. Pour le plus grand plaisir de Maria, Paula et Faviola, les trois seules pointes de rouge dans cette marée bleue. Venues de Galice et d’Andalousie, ces Espagnoles donnent de la voix pour encourager la Rojita même si elles ne voient pas trop l’intérêt du foot aux JO. « Je pense que le foot est uniquement là parce qu’il ramène du monde, résume Maria. Mais en Espagne, même après l’Euro, on suit de près cette équipe.»

3-1 à la mi-temps pour l’Espagne, c’est la douche froide. L’écran géant se scinde en deux, pour voir du break ou du relais. Pendant ce temps-là, les ambianceurs en chef du club France continuent de tenter de chauffer la foule. Une mission de camping pas vraiment facile qui passe ou qui casse, comme pour les olas improvisées pas toujours suivies et qui poussent à se demander si la France est un pays de sport… Puis, vient la deuxième période. Les joueurs de Titi mange complètement les Espagnols, grâce encore une fois à Michael Olise et à l’homme dont tout le monde a appris le nom : Jean-Philippe Mateta.« Le foot aux JO, c’est top. On découvre de nouveaux joueurs, c’est d’ailleurs dommage qu’ils ne soient pas plus médiatisés, raconte Jeremy, fan des Diables rouges. Après, c’est ma belle-famille française qui m’a poussé à venir. »

Des Jeux qui rapprochent

Il commence à pleuvoir sévère lorsque la France revient dans le match. Les quelques personnes inspirées qui ont emmené des pulls les utilisent pour se couvrir, les autres acceptent leur sort en étant trempés. 3-2, la foule se lève pour célébrer le but d’Akliouche même si la pluie redouble d’intensité. Les plus téméraires restent en applaudissant les percées de Désiré Doué, et croient à la remontada. Le public finit par exploser suite au penalty égalisateur de Mateta, dans le temps additionnel. Et, comme pour rajouter un peu de magie à ce moment suspendu, la pluie décide de s’arrêter. La Villette est en transe, entonnant sans relâche « Aux armes » et « Qui ne saute pas n’est pas Français ». Stéphane, présent à Leipzig pour voir l’équipe de France pendant l’Euro, se permet une remarque sur la foule : « Ce n’est pas un public de foot, on le voit bien : les gens ne sont pas toujours debout ! »

Place aux prolongations. Le club France devient plus familier d’Akliouche et Doué, à qui « il faut faire la passe ». Et quand les Espagnols prennent du temps, ça agace. Après un moment d’espoir, la Rojita sonne la fin de la récré et crucifie les Français sous un arc-en-ciel. L’Espagne se pare d’or olympique, et l’espoir que Lacazette et Cherki rejoignent Daniel Xuereb au Panthéon du foot français prend fin. Bilan : huit buts, de l’animation offensive à tout va, des centres réussis et un vrai collectif. Soit tout ce que les Français n’ont pas vu pendant l’Euro, ce qui pousse Stéphane à déclarer : « Le foot a totalement sa place aux JO. » En attendant de rouvrir le débat dans quatre ans, l’ambiance au club France ne descend pas. Les Bleues du basket s’apprêtent à disputer leur demi-finale face à la Belgique, pour décrocher une place en finale. Plus tard, Bob Sinclar et les frères Lebrun viendront chauffer la foule. Le foot est une parenthèse dans cette immense fête. Et si la France était un pays de sport, finalement ?

Par Nesrine Bourekba, Ulysse Llamas et Jules Reillat, à Paris

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