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Hervé Renard, itinéraire d'un échec

Par Léna Bernard

Arrivé à la tête de l'équipe de France avec le titre galvaudé de "VRP du football féminin", le mandat d'Hervé Renard est arrivé à échéance après la défaite face au Brésil (0-1) en quart de finale des Jeux olympiques. Nommé sélectionneur en mars 2023, avec comme mission de faire passer un cap aux Bleues, le constat est sans appel : c'est un échec.

Hervé Renard, itinéraire d'un échec

Une nouvelle élimination en tournoi officiel, une nouvelle fois en quart de finale. Les années se suivent et se ressemblent pour l’équipe de France féminine, mais plus que d’habitude cette sortie de route prématurée est douloureuse. Arrivé à la tête des Bleues le 30 mars 2023 en remplacement de Corinne Diacre, dont la gestion et les performances fournies ont fait coulé tant d’encre, Hervé Renard avait la ferme intention de faire passer un cap à cette équipe, qui attend toujours de remporter son premier titre. Après avoir confirmé qu’il irait jusqu’au terme de son contrat (c’est-à-dire les Jeux olympiques) mais pas plus loin, le constat est sans appel pour Renard : il a échoué, malgré les espoirs suscités lors de sa nomination.

La promesse d’un jour nouveau

L’équipe de France émaillée par l’affaire Hamraoui, le management de Corinne Diacre qui a causé le retrait jusqu’à nouvel ordre de plusieurs de ses cadres, dont Wendie Renard, Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani, avait besoin de changement et d’un vent de fraîcheur. Alors sélectionneur de l’Arabie saoudite, avec qui il avait disputé la Coupe du monde 2022 empochant même un succès historique face à l’Argentine futur vainqueur de la compétition, Hervé Renard avait tout quitté du jour au lendemain pour relever ce nouveau défi qui lui était présenté.

Le double vainqueur de la CAN a suscité l’espoir d’un renouveau et prouvait surtout que la sélection nationale attirait des entraîneurs qui avaient réussi à performer dans le football masculin, alors que l’idée contraire prédominait jusque-là. Un optimisme qui s’est poursuivi avec le rappel des bannies en sélection : Amandine Henry et Eugénie Le Sommer, ainsi que le retour des joueuses qui avaient annoncé ne plus vouloir jouer en équipe de France tant que Corinne Diacre et le « système actuel », dixit Wendie Renard, étaient encore en place. Les premiers résultats sportifs n’ont pas fait baisser la hype avec deux victoires pour ses deux premiers matchs, certes amicaux, à la tête des Bleues, face au Canada (2-1) et la Colombie (5-2) et un fond de jeu basé sur la vitesse, le pressing haut et constant et l’efficacité. Au final, tout ce qui a manqué face au Brésil un peu plus d’un an après.

Les espoirs déchus

L’histoire semblait trop bien partie mais les premiers couacs n’ont pas tardé à pointer le bout de leur nez. D’abord lors du Mondial 2023 où l’élimination aux tirs au but des Bleues face à l’Australie, pourtant largement à leur portée, avait commencé à refroidir les premières ardeurs. Malgré tout, le natif d’Aix-les-Bains n’avait disposé que de quelques mois pour préparer la compétition, un travail sur la longueur permettait d’espérer mieux pour les compétitions à venir. Certes il y a eu la parenthèse Ligue des Nations où la France s’est hissée jusqu’en finale, avant d’échouer lourdement face à l’Espagne (2-0) et la qualification à l’Euro 2025 dans une poule difficile, mais où seuls deux matchs peuvent être considérés comme aboutis : le déplacement en Angleterre (1-2) et la réception de la Suède (2-1). Mais l’année 2024 aura été celle de tous les dangers. Il y a d’abord eu son vrai-faux intérim durant la CAN avec la Côte d’Ivoire après la démission de Jean-Louis Gasset. Puis cette aventure olympique qui s’est terminée subitement plus tôt que prévue, encore une fois en quart de finale.

Pire, en 2024 l’équipe de France a aussi égalé son record de défaites sur une année civile (cinq) et reste sur huit matchs toutes compétitions confondues sans clean sheet, la pire série connue par les Bleues depuis la saison 1992-1993. Pire encore, depuis qu’Hervé Renard a confirmé qu’il n’irait pas au-delà de son contrat après les Jeux olympiques le 20 mars dernier, en dix rencontres les Tricolores ont connu quatre défaites et un ratio de 1,3 buts encaissés par match contre 0,7 en dix-sept parties disputées auparavant.

Hervé Renard restera également comme le sélectionneur des premières, mais pas pour les bonnes raisons. C’est sous son mandat que les Bleues ont connu leurs premières défaites face à l’Espagne et au Brésil, des nations qui n’avaient jamais battu la France auparavant. Pire encore, cette nouvelle élimination en quart de finale, face à une équipe largement à la portée des Françaises qui ont manqué de tout pendant 106 minutes, est la preuve que le plafond de verre n’est toujours pas brisé. À l’issue du tournoi olympique la France pourrait même glisser à la 8e place du ranking FIFA. Ce qui serait le pire classement connu par la sélection depuis…mars 2011, avant la quatrième place glanée au Mondial canadien, alors qu’au moment du départ de Corinne Diacre la France était encore la 5e nation mondiale. Et si finalement le bilan sportif de l’ancienne sélectionneuse n’était pas meilleur que celui de Renard ?

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