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Jean-Luc Sassus : la tête et les grandes jambes

Par Alexandre Pedro
Jean-Luc Sassus : la tête et les grandes jambes

International d'un soir et ancien défenseur du PSG, Toulouse, Lyon et Cannes, Jean-Luc Sassus est décédé à l'âge de 52 ans. Retour sur la carrière d'un homme qui courait vite, mais savait aussi se servir de sa tête.

En apprenant la mort de Jean-Luc Sassus ce vendredi à la suite d’un arrêt cardiaque, Grégory Coupet a sans doute repensé à ces derniers jours de 1996, ce moment où sa carrière va basculer et le mener pour un bail de 11 ans à l’Olympique lyonnais, lui l’enfant du Forez. À quoi tient une carrière parfois ? À une histoire de fille entre deux potes par exemple. Le 20 décembre 1996, l’OL s’incline 1-0 à domicile face à Nantes. La défaite passe très vite au second plan. Nez éclaté, Jean-Luc Sassus pisse le sang dans les couloirs de Gerland. Que s’est-il passé ? On apprend très vite que Pascal Olmeta a boxé son coéquipier et ami pour un mot de sa petite copine, Alexandra, étudiante en droit et accessoirement hôtesse du Juste Prix animé par Philippe Risoli. Le mot cocufiage est évoqué. Sassus livre alors sa version. « J’allais m’approcher pour faire la bise à Alexandra, quand Pascal est venu me frapper » , évoque la victime à l’époque. Pour comprendre l’histoire, il faut remonter à la rencontre entre Alexandra et le portier corse. Lors d’une soirée en boîte, Olmeta commence à draguer la jeune fille, celle-ci profite d’un moment d’absence pour se renseigner sur lui auprès de son coéquipier Sassus, également de la virée. Le défenseur joue franc-jeu et décrit son pote comme « un garçon dur et même parfois violent » . Quelques semaines plus tard, Alexandra rapporte les propos à un Olmeta devenu son petit ami. L’ancien gardien de l’OM va plutôt mal le prendre et lui fera savoir avec son poing.

Intello malgré lui

Malgré un nez cassé et plusieurs jours d’hospitalisation, Sassus pardonne à Olmeta, qui a profité de sa mise à pied pour épouser Alexandra à Las Vegas. Jean-Michel Aulas se montre moins compréhensif et licencie en janvier son gardien boxeur recasé à l’Espanyol Barcelone. Sur les conseils de Bernard Lacombe, le président de l’OL débauche le jeune et prometteur gardien de Saint-Étienne (alors en D2) qu’il observe depuis un moment : Grégory Coupet. Pour convaincre ses homologues de Saint-Étienne, JMA offre même un défenseur international et d’expérience en prêt. Son nom ? Jean-Luc Sassus. Mais le cœur n’y est plus pour le Tarbais. Après une saison et demie chez les Verts, il signe une dernière licence avec Labège, un club amateur de la banlieue toulousaine. Toulouse, là où tout avait commencé pour celui qui va connaître avec le TFC la remontée en D1 et les grandes heures de Márcico, Stopyra et Tarantini.

Grand, rapide (la légende rapporte qu’il valait 11 secondes sur 100 m), il détonne surtout par son cursus scolaire. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur chimiste, Sassus devient vite pour les journalistes de l’époque l’intello de service. Une étiquette qu’il cherche tant bien que mal à enlever et qui lui vaut d’être surnommé « Maths sup, Maths spé » . « Les gens qui me connaissent ne me prennent pas pour un intellectuel. Je suis quelqu’un qui déconne, je suis un bringueur, un mec qui rigole. Je suis juste un bon élève en maths. Mais il y a des gens qui ne supportaient pas ça » , regrettait-il avec le recul en 2011 dans une interview à Football365.fr. Sassus préférait sans doute qu’on le reconnaisse d’abord pour ce qu’il était : un des meilleurs arrières droits français.

Victime du lobby marseillais chez les Bleus ?

Après un détour par l’AS Cannes, cet ailier de formation rejoint en 1992 un PSG qui rêve déjà plus grand depuis son rachat par Canal Plus. Sous les ordres d’Artur Jorge, le sprinteur prend de l’assurance et entrevoit à 29 ans enfin la porte de l’équipe de France. Gérard Houllier le convoque pour affronter l’Autriche en qualification de la Coupe du monde 1994. « Je sais que je vais débuter normalement sur le banc, mais il se peut que j’entre » , laisse-t-il entendre quelques jours avant. Le 14 octobre 1992, il débute pourtant devant son public du Parc des Princes pour une victoire 2-0. Jean-Luc Sassus restera invaincu : il ne connaîtra pas d’autre sélection. Jocelyn Angloma lui est passé devant et a réquisitionné le flanc droit de la défense. On évoque aussi un accrochage avec Basile Boli à une époque où les Marseillais font la loi chez les Bleus. L’intéressé démentira. « Basile, je le connais, on se fait la bise ! J’ai un très bon souvenir de l’équipe de France. »

Le matheux se console avec un titre de champion de France en 1994. Les crampons raccrochés, il hésite à reprendre ses études, mais « à 35 ans, je n’avais pas eu la force de repartir à zéro » . Il s’essaye un peu au métier d’entraîneur en DH, doit intégrer le staff du TFC en 2001, mais au bord du dépôt de bilan, le club dégringole en National. Après avoir mis à profit ses connaissances en chimie pour vendre des parfums, Sassus décide de devenir agent. Parmi ses principaux clients : Paulo Cesar et le Patrick Kluivert époque lilloise. « C’est un métier intéressant. Il y a beaucoup de « margoulins », des gens qui font ça par intérêt et par ruse, mais ça peut aussi être un beau métier » , disait-il. Le grand brun aux chaussures noires est mort dans la nuit de jeudi à vendredi ce 22 mai 2015. Il avait 52 ans.

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