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Jean-Louis Gasset, le gars sûr

Par Mathieu Rollinger
Jean-Louis Gasset, le gars sûr

Pour la première fois depuis 19 ans, Jean-Louis Gasset entame une saison en tant qu’entraîneur numéro un. Et goûte donc à nouveau à la possibilité de dessiner une équipe à son image, dans la limite de la bonne volonté de ses dirigeants.

L’AS Saint-Étienne n’est plus à vendre. L’accord n’était que de principe avec le repreneur américain Peak6 et le produit Vert a finalement été retiré des rayons. C’est donc le tandem Romeyer-Caïazzo qui garde la main et, au vu du flou des intentions apportées par le fonds d’investissement de Chicago ✓soit, cette stabilité peut être considérée comme une bonne nouvelle. Surtout que le club a en sa possession un sacré argument de vente au sein même de ses rangs, qui pourrait pérenniser le projet avant de penser à refourguer le club. Celui-ci répond au nom de Jean-Louis Gasset. Casquette vissée sur le crâne et regard fixe, le coach stéphanois a retrouvé un rôle qu’il n’avait plus eu depuis plus d’une décennie. Car il aborde la saison en qualité de seul numéro un sur un banc.

L’éternel adjoint n’a qu’un temps

La dernière ? Cela se passait du côté du Montpellier Hérault lors de l’exercice 1999-2000, qu’il n’avait d’ailleurs pas pu achever. Entre-temps, le Sudiste a enchaîné les intérims à Caen, formé un binôme bancal avec Xavier Gravelaine pour sauver Istres. Mais il a surtout fait ses preuves en tant qu’adjoint de Luis Fernandez (Paris et Espanyol) et de Laurent Blanc (Bordeaux, équipe de France et PSG). Et après après avoir volé à la rescousse des copains de Montpellier en 2017 et à celle de Saint-Étienne l’hiver dernier, le voilà à 64 ans installé seul aux manettes d’une équipe de Ligue 1. Idéal pour faire parler sa science tactique, son sens aiguisé de la gestion humaine et sa capacité à fédérer. Mais aussi de quoi faire taire définitivement ceux qui pensaient, comme Luis Fernandez, que « le poste de numéro un n’était pas fait pour lui » . Soi-disant que Jean-Louis serait « plus là pour détendre » .

« Détendre » , ce n’est pourtant pas dans cet état d’esprit que Gasset a traversé l’intersaison. En plus d’appliquer lors de la préparation des méthodes qui ont participé à faire sa réputation (on parle de quelqu’un qui pouvait faire courir Fernando Cavenaghi en combi de surf), Jean-Louis a aussi revendiqué. Chose qu’il n’avait plus l’habitude de faire, tout simplement parce que ce n’était pas à lui de s’en occuper. En cause : le recrutement. Début août, il regrettait la vague de départ pour mieux déplorer de vraies carences : « Je sais ce qu’on m’a proposé quand j’ai dit que je restais. Il faut un groupe de 16 pros pour bien démarrer la saison tranquillement. Aujourd’hui, il me manque des joueurs. »

« Il pue le foot »

Un déficit qui l’a conduit à aller puiser dans les réserves du centre de formation. Mais aussi talentueux qu’il soit, William Saliba et ses 17 ans ne sont pas suffisants pour faire le poids. Depuis, les dirigeants ont colmaté la contrariété de leur coach. Wahbi Khazi a été subtilisé à Rennes, Thimothée Kolodziejcak est arrivé en prêt et, enfin, Rémy Cabella a été transféré définitivement de Marseille après de longues tractations. Ménager Gasset, c’est la moindre des choses à faire pour les patrons stéphanois. D’abord parce qu’il est une référence pour certains joueurs, qui ont pu adhérer au projet en partie grâce à sa présence charismatique. « Ça fait plaisir d’être voulu, surtout quand c’est un coach comme lui qui vous veut, assurait Khazri au site But ! J’ai vraiment eu de bons échos et ça se confirme. Il a fait du bon boulot partout où il est passé. Avec son expérience, il connaît vraiment le ballon. Comme on dit, il pue le foot. Ce n’est pas un bluffeur ! »

Mais si le binôme présidentiel a accédé à ses requêtes, c’est aussi parce que leur entraîneur bénéficie d’une aura gonflée à bloc après le travail abattu ces six derniers mois dans la Loire. Nommé entraîneur principal le 20 décembre dernier, au soir d’une défaite à Guingamp, Jean-Louis Gasset avait engrangé 35 points (10V, 5N, 5D), quand le flop Óscar García et le pompier Julien Sablé n’en avait ramené que 20 sur la phase aller. Finalement, les Verts n’ont pas pu accrocher l’Europe, mais ils ont tout de même fini la saison en trombe. Une inertie qui lui permet d’aborder aujourd’hui cette nouvelle saison sur une dynamique intéressante, comme le laissait entendre Gasset face à la presse : « Quand vous avez traversé le désert pendant six mois, et que derrière vous avez une bonne période, vous restez là-dessus. » Et comment faire marche arrière quand on est mené par un type qui semble s’épanouir comme jamais depuis qu’on lui a confié la mission d’être le premier de cordée ?

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