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Islam Slimani, retour à l’état de grâce

Par Chris Diamantaire
Islam Slimani, retour à l’état de grâce

Auteur d'une entrée décisive samedi soir à Amiens, Islam Slimani a sauvé l'AS Monaco d'un enlisement au classement et a une nouvelle fois prouvé à son entraîneur qu'il faudra compter sur lui pour espérer de meilleurs lendemains.

C’est une histoire de moments fondateurs, tangibles ou symboliques, qui permettent parfois de lancer des carrières ou d’au moins leur éviter un crash précoce. Il y a un mois, Robert Moreno ouvrait brillamment son histoire en Ligue 1 grâce à lui-même, mais aussi à un homme trop impatient et habité pour rester assis sur un banc. Déjà, Islam Slimani, en perte de popularité depuis le milieu de l’automne, avait rappelé qui il était : un homme qui se rend indispensable aux fêtes auxquelles il n’est pas invité. Un homme capable de se cuisiner un festin de roi avec des restes. C’était au Parc des Princes et c’était un but de crève-la-dalle dans une soirée de grands chefs. La Ligue 1 s’était alors à la fois précipitamment et logiquement excitée sur l’ouverture de bal d’un petit nouveau, retourné depuis au dur apprentissage que constituent les premiers pas de danse d’un entraîneur de haut niveau. Ce samedi soir, au stade de la Licorne d’Amiens, Robert Moreno a donc connu sa seconde grande émotion potentiellement fondatrice dans un match qui méritait d’être regardé, grâce à un homme qui a encore une fois prouvé qu’il méritait d’être considéré. Entré à l’heure de jeu, Super Slim a brutalisé la dernière demi-heure, arrachant tout sur son passage, malgré les maladresses et les coups de sifflet à son encontre. Déjà à la bagarre sur le long ballon de Lecomte que Ben Yedder a transformé en œuvre d’art, il a fini par renverser le match d’un coup de tête décisif – une première pour lui cette saison – en queue de temps additionnel.

Paradoxe sur crampons

En conférence de presse, Robert Moreno n’a eu d’autre choix que de saluer la performance d’un « grand joueur » qu’il est en train d’apprendre à apprécier. Islam Slimani n’est sans doute pas tout à fait le portrait que l’on se fait d’un « grand joueur » , mais il est, en tout cas, sans conteste un joueur rare. De ceux capables contre toute attente de parfois caresser le ballon comme certains 10 ne l’ont jamais fait. De ceux prêts à foutre en l’air la meilleure saison de leur vie pour une parenthèse sur le banc. De ceux, surtout, capables de mettre un point d’exclamation à un match qui pouvait devenir le triste point final de la saison d’une équipe. L’international algérien est à lui seul une rencontre étrange entre l’égoïsme et l’altruisme dans leur absolue entièreté. Un paradoxe sur crampons comme on les aime. Un homme total, capable de se créer un chemin par sa volonté, même si ce chemin part parfois dans tous les sens. Un homme capable de peut-être guillotiner un entraîneur – Elsner – qui a pourtant fait jouer à son équipe le match qu’il fallait pour survivre dignement, et de peut-être participer à en faire naître un autre qui ne sait pas tout à fait encore comment faire gagner la sienne. Un homme qui a décidé de bousculer une rencontre plutôt qu’un arbitre. Un homme dont le club du Rocher, trop souvent séduit par l’apathie, a besoin pour secouer son présent.

Le bon problème

Contre Amiens, l’ASM n’a rien révolutionné, offrant toujours ce visage changeant, parfois fébrile, parfois convaincu. Mais elle a déterré quelques espoirs qu’il va falloir vite entretenir. « Nous sommes encore une équipe en construction, je ne suis là que depuis quelques semaines. On doit continuer à travailler dans tous les domaines.(…)On a une attaque incroyable avec des joueurs de top niveau » , a résumé Robert Moreno après la rencontre. Parmi les chantiers à magnifier demeure donc cette attaque où les places sont chères et tous les prétendants légitimes. Si Slimani a réaffirmé son importance sur le terrain et dans le vestiaire, où il a été particulièrement fêté par ses coéquipiers, Jovetić a encore été l’auteur d’un match élégant, et Ben Yedder prouvé une énième fois qu’il était un attaquant hors du commun. La question qui brûle désormais toutes les lèvres en Principauté est simple : peut-on associer les trois ensemble dès l’entame d’un match ? Le profil purement axial de chacun ne rend pas aisée la conversion du fantasme. Mais leurs qualités sont complémentaires, et la suspension de Gelson Martins condamne de toute façon le recours à un système favorisant des joueurs de côté. Au regard des forces et faiblesses de l’effectif monégasque, le 4-4-2 losange avec un Jovetić en 10 couvert par un trio Bakayoko-Fofana-Golovin apparaît aujourd’hui comme une option excitante. Mais ce ne sont pas toujours celles-là qui fonctionnent le mieux sur le terrain. La qualité dans le choix des hommes en attaque est « un bon problème » , rappelait Moreno en amont du déplacement à Amiens. Il lui appartient désormais de conquérir les bonnes solutions.

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