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Iran : une équipe, deux ambiances

Par Adrien Candau
Iran : une équipe, deux ambiances

Toujours en proie à une vague ininterrompue de manifestations depuis la mort de Mahsa Amini, l’Iran commence sa Coupe du monde face à l’Angleterre ce lundi, avec une équipe traversée par d’inévitables divisions et tensions politiques.

Elles seraient au moins 326. 326 personnes tuées dans la répression des manifestations en Iran, selon les estimations de l’ONG Iran Human Rights. Une immense révolte populaire qui a pour moteur la jeunesse du pays et pour déclencheur la mort de Mahsa Amini, vraisemblablement assassinée le 16 septembre par la police des mœurs perses, pour un voile prétendument mal porté.

Azmoun et les autres

Alors que la rue iranienne n’a pas cessé de s’embraser depuis, la Team Melli commence son Mondial face à l’Angleterre ce lundi dans une atmosphère évidemment pesante. L’attaquant star de la sélection, Sardar Azmoun, avait courageusement condamné fin septembre la répression meurtrière des manifestations ordonnées par la République islamique. D’autres joueurs ont plus ou moins ouvertement choisi leur camp. Certains, comme le capitaine Alireza Jahanbakhsh, prétendent pouvoir se préserver du contexte politique : « On est là pour effectuer notre devoir, et notre devoir est de jouer au football. Par exemple, la question de fêter ou non nos buts est une décision personnelle, propre à chaque joueur. » La célébration de son but inscrit face à l’Uruguay lors d’un match amical le 23 septembre dernier avait notamment valu au buteur du FC Porto, Mehdi Taremi, de se faire descendre en règle sur les réseaux sociaux. « Beaucoup de gens n’ont pas du tout apprécié de le voir afficher sa joie, alors que le pays est dans une telle souffrance », confirme Saman Javadi, un fan iranien qui tient le compte Twitter Iran #TeamMelli, consacré à la sélection de son pays. Pas anodin, alors que la décision même de jouer le Mondial ne va pas de soi pour certains Iraniens, à l’image de l’ancien portier international Sosha Mokani : « C’est l’équipe de la République islamique et non pas l’équipe du peuple iranien. La FIFA devrait l’exclure de la Coupe du monde. »

Torabi-Amiri : les bons soldats du régime

Voilà qui met de facto les joueurs de la sélection dans une position délicate, alors que le moindre de leurs faits et gestes est scruté et analysé au pays. « En un sens, c’est assez injuste pour eux, poursuit Javadi. Ils disputent quand même une Coupe du monde, mais beaucoup de gens attendent qu’ils affichent une solennité et une gravité à toute épreuve. » Un contexte qui tape déjà sur le système du sélectionneur iranien, Carlos Queiroz, qui a quitté une conférence de presse le 16 novembre dernier, après qu’un journaliste anglais l’a questionné sur « son rôle de sélectionneur d’un pays qui ne respecte pas les droits des femmes ». Les joueurs, eux, ne font déjà visiblement pas front commun. Les plus téméraires ont condamné les agissements de la République islamique, d’autres ont opté pour une attitude plus neutre, quand une troisième catégorie a purement et simplement choisi de soutenir le régime des Mollahs. C’est le cas des internationaux Mehdi Torabi et Vahid Amiri, qui ont chanté l’hymne de la sélection iranienne le 10 novembre dernier face au Nicaragua, alors que leurs équipiers avaient préféré rester silencieux. Les deux joueurs, qui évoluent à Persepolis – l’un des deux plus grands clubs du pays – n’en sont pas à leur coup d’essai. Ils étaient notamment les seuls joueurs de leur formation à ne pas avoir porté un brassard noir pour dénoncer les violences gouvernementales lors d’un match de championnat, face au Tractor Sports Club, début octobre. « Avant ce match, leur ancien coéquipier à Persépolis, Hossein Mahini, a été arrété, précise Saman Javadi. Il disait sur ses médias sociaux que le gouvernement devait arrêter ses exactions violentes. Tout le monde était très choqué au sein du club de Persépolis. Même l’entraîneur s’est rasé la tête, en soutien à Mahsa Amini. Pourtant, Torabi et Amiri n’ont quand même pas porté ce brassard noir… » En 2019, on avait également vu Torabi soutenir le gouvernement de Téhéran, qui était en proie à une révolte populaire causée par un embrasement des prix du carburant. Après avoir marqué un but, l’ailier avait dévoilé un T-shirt où était écrit : « La seule façon de sauver notre pays est d’obéir à ses chefs. » Difficile, dès lors, d’imaginer que la sélection iranienne affichera une cohésion à toute épreuve dans les semaines à venir. La marque d’une équipe qui, en cas de bon parcours lors du Mondial en cours, ne devrait pas cesser de susciter des sentiments contradictoires.

Où en est l’Angleterre face au racisme ?
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Par Adrien Candau

Propos de Saman Javadi recueillis par AC

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