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Interview Benjamin Pavard équipe de france : « Dès que je touche la balle, je sens que je l’ai bien prise… »

Propos recueillis par Nicolas Jucha, à Munich
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Un peu moins de 18 mois après son coup d'éclat en forme de demi-volée dans la lulu de l'Argentine en huitièmes de finale de Coupe du monde, Benjamin Pavard revient sur son début de carrière en équipe de France.

En novembre 2017, tu es convoqué en équipe de France. Tu t’y attendais ?(Très ferme.) Non ! S’il y a eu des « pré-convocations » , je n’étais pas informé. Quand j’apprends la convocation, je sors d’un cours d’allemand. Avant d’aller à l’entraînement, comme d’habitude, j’allais regarder les listes. D’abord les espoirs, parce que c’est celle qui me concernait, et ensuite celle des A, par curiosité. Ce jour-là, je rentre aux vestiaires et je vois que j’ai plein d’appels en absence, plein de messages. « Félicitations, Félicitations » . Je me dis : « Oh la, c’est quoi ça ? » Du coup, j’appelle mon agent et je demande : « Qu’est-ce qu’il se passe ? » Il me répond : « T’es sélectionné. » Je n’y croyais pas : « Arrête ton mytho Joseph. » (Joseph Mohan, son agent N.D.L.R.) Puis je suis allé voir sur internet, c’était vrai. Mon père n’y croyait pas non plus.

Tu te dis quoi à ce moment-là ?Je pleure, je pleure de bonheur, parce que c’est un rêve d’enfant de porter ce maillot de l’équipe de France. Quand tu es gosse, tu chantes La Marseillaise devant la télé, et là, tu te dis : « Je suis sélectionné, je vais chanter la Marseillaise au Stade de France. » Peut-être jouer aussi… Rien que s’entraîner avec ce maillot, le Coq, ces partenaires… Je n’y croyais pas, vraiment.

En France, à ce moment-là, peu de gens te connaissent en France, même sur le jeu Football Manager, ton poste n’était pas correct… (Rires.) Ceux qui suivent la Bundesliga, eux, me connaissaient. Les gens ne me connaissaient pas, mais je m’en fous, j’ai quand même joué mon football. Franchement, je ne me suis pas posé ce type de questions, je lis peu les commentaires des médias français ou allemands. Ma sélection prouve que tout est possible, que le coach et son staff ont un œil sur tout. On va dire qu’il m’a sorti de nulle part, mais il regardait les matchs de Stuttgart. Il faisait son job, parce que s’il regardait Stuttgart, cela veut dire qu’il regardait quasiment tout.

Quand tu débarques à Clairefontaine pour être avec les A, tu penses que cela peut être durable ?Je suis du genre à tout faire pour éviter les regrets. J’y vais à fond : je vais m’entraîner à fond, tout faire à fond, et si je joue, je le ferai à fond aussi. Si je ne joue pas, tant pis. C’était ma première convocation, je savais que je n’arrivais pas numéro 1, mais que je pouvais montrer mon professionnalisme, montrer que je pouvais au moins pousser le numéro 1 à être encore meilleur. Ensuite, le coach décide, et je respecte les décisions. J’y suis allé sans pression, que du plaisir. Si j’avais dû ensuite retourner en espoirs, il n’y aurait pas eu de souci, car je m’entends très bien avec lui (Sylvain Ripoll, N.D.L.R.), il continue de me donner des conseils par messages. Je n’allais pas me prendre pour je ne sais qui, même si forcément, mon but c’était de rester en A le plus longtemps possible. L’objectif, c’était d’être bon en club pour faire également partie des listes suivantes.

On a ramené la Coupe du monde en France, ce n’est pas donné à tout le monde. Cristiano Ronaldo ne l’a pas gagnée, Lionel Messi ne l’a pas gagnée…

Tu fais une bonne entrée contre le pays de Galles, le 10 novembre 2017. Quels ont été les conseils de Deschamps ou Stéphan juste avant ton entrée en jeu ? « Pas de pression particulière. Joue comme tu sais faire. » Le coach et Guy Stéphan savent mettre les joueurs en confiance. Première sélection, normalement tu as une petite boule dans le ventre, eux te l’enlèvent. Ils ont les mots, et forcément, avec le palmarès du coach, tu es à l’écoute. C’est un grand monsieur qui gagne des titres partout où il va…

Au moment où tu entres sur le terrain, que tu deviens officiellement international A, tu ressens quoi ?Pour moi, une sélection, ce n’est pas international A. J’ai toujours dit : « Au bout de 5 sélections je me considérerais vraiment comme international A. » Bon, ceux qui ont moins de 5 sélections ne vont pas penser comme moi, mais dans ma tête, c’est comme ça. J’ai ressenti beaucoup de fierté et de joie contre le pays de Galles, mais je savais clairement que j’avais encore plein de choses à faire. J’ai dépassé les 20 sélections, donc maintenant c’est bon, je me considère comme international, on va dire, confirmé. Je n’ai pas à me plaindre, mais je veux gagner toujours plus de titres avec l’équipe de France, et jouer toujours plus de matchs.

Le 17 mai 2018, tu faisais quoi, tu étais où ?J’étais avec ma famille et mes potes. On était sur Lille dans un hôtel que l’on avait en partie privatisé. Si je n’avais pas été dans la liste, j’aurais été déçu, j’espérais concrètement y être. C’était la liste pour le Mondial, j’avais beau avoir été dans les précédentes, celle-là était spéciale et je n’avais aucune garantie. Je tournais partout, je ne tenais pas en place. Là j’avais une vraie pression, une Coupe du monde, tu n’en joues pas cinquante dans ta vie. J’avais fait une bonne saison, j’avais été performant quand le coach avait fait appel à moi, donc j’étais « un peu » confiant. Mais pas trop… Pendant l’annonce, le coach dit : « Benjamin… » , tout le monde autour de moi dit : « ouaiiiiis » , et là cela se termine par « … Mendy » , là j’ai eu une petite pression en plus. Quand mon nom est sorti, avec mes parents, on a pleuré. Jouer une Coupe du monde, c’est le rêve de tout joueur.

Tu es programmé comme doublure de Djibril Sidibé, à quel moment tu comprends que cela va changer ?J’ai toujours dit que même remplaçant, la Coupe du monde, j’y allais. En tant que remplaçant, tu apprends aussi énormément. Remplaçant, j’y serais allé pour soutenir et pousser les titulaires à ne jamais rien lâcher à l’entraînement, que le premier soit tout le temps au taquet, qu’il voit qu’il y a quelqu’un derrière.

Le jour de la liste, quand mon nom est sorti, avec mes parents, on a pleuré. Jouer une Coupe du monde, c’est le rêve de tout joueur.

À quel moment comprends-tu que tu vas être titulaire ?Le jour du premier match contre l’Australie. Le coach est venu me voir avant d’annoncer la composition pour me dire que je commençais le match. Il m’a dit : « C’est un match comme les autres, tu joues ton football sans te poser de question. » Il m’a mis en confiance, comme toujours.

Symboliquement, c’est ta reprise contre l’Argentine qui a marqué les esprits et qui résume ta Coupe du monde. Comment as-tu vécu l’action ?Je tape dedans sans me poser de question, je me dis juste : « Il faut que je la cadre et pas que je tue un pigeon. » Après, elle part vraiment bien… Je me sentais fautif à cause du but encaissé juste avant : si je ne me sens pas fautif, je suis sûrement moins haut sur le terrain… À ce moment-là, les deux latéraux sont très haut, il fallait prendre des risques. Le fait que le ballon entre, c’est un tournant, inconsciemment tous les joueurs se disent : « Si on marque un but comme ça, rien ne peut nous arriver. » Ensuite, cela a déroulé.

Il se passe quoi dans ton esprit à ce moment-là ?Je prends le ballon sans réfléchir, il n’y a aucune pensée parasite. Aucune…

Comme les samouraïs, avec le concept du « satori » (N.D.L.R. : état de conscience recherché par les samouraïs japonais, et qui consiste à accomplir une action libérée de toute pensée parasite). Tu connais ? Oui, je connais, j’en ai déjà entendu parler. Au moment de frapper la balle, je ne ressens rien, je ne pense rien, c’est juste l’envie de rentrer dans le ballon. Dès que je touche la balle, je sais, je sens inconsciemment que je l’ai bien prise et qu’elle va rentrer. La trajectoire est dingue, elle passe entre les joueurs adverses. Quand je vois qu’elle est rentrée… Quand tu marques un but, surtout un beau but dans un match important, tu fais n’importe quoi, d’où ma course. Ce but, je n’y pense plus vraiment maintenant, c’est derrière moi…

Tu en tentes encore, des comme ça…Oui c’est vrai, j’en ai mis quelques-unes récemment. Dans des situations analogues, notamment au Stade de France, que le ballon revient vers moi, je sens que le public retient son souffle. Moi, j’ai envie de le refaire, j’espère qu’il y en aura une autre, mais je ne peux pas me fixer sur ça. Je ne travaille même pas les reprises à l’entraînement. Je travaille surtout mes centres, mais j’ai toujours aimé faire des reprises de volée. Quand je jouais à Stuttgart, je m’y entraînais, mais je n’en mettais jamais une en match, je n’avais jamais l’opportunité. Maintenant que je ne m’y entraîne plus… Il faut être dans une équipe qui domine pour marquer des buts comme ceux-là.

Tu as mis combien de temps pour te remettre de la Coupe du monde ?Physiquement ? Mentalement ? Six mois ! Inconsciemment parce que je me disais tout le temps « ça va, ça va » , j’ai même écourté mes vacances pour reprendre plus tôt, car le ballon me manquait, je voulais aider mes coéquipiers, et j’étais sur une dynamique ultra positive. Mais finalement, tu te rends compte que tu n’es pas une machine, ton corps a ses limites. Quand tu vis quelque chose comme une victoire en Coupe du monde, tes vacances ne sont pas vraiment des vacances. Il y a des paparazzi… Il y a une fatigue mentale et physique, mais vu que je ne sais pas me gérer, je faisais les entraînements et les matchs à fond. Si bien que je me suis blessé, et c’est cette blessure qui me fait du bien, car elle m’offre une coupure. Mon corps n’en pouvait plus, et à un moment, cela a pété… Six mois pour se remettre d’une victoire au Mondial, c’est la durée normale.

Ce titre de champion du monde a changé quoi dans ta vie ?Je suis connu, donc maintenant je ne peux plus me promener dans les rues en France, on me reconnaît, on me demande des photos. Au restaurant, c’est pareil. Je ne change pas mes habitudes, je regarde toujours Netflix, je sors, si je dois prendre le métro, je vais le faire, mais avec un bonnet et des lunettes de soleil. J’aimerais me promener tranquillement dans la rue, prendre le bus, le métro… Mais depuis la victoire en Coupe du monde, je ne l’ai fait qu’une fois à Paris, avec un bonnet sur la tête parce que c’est par rapport à mes cheveux que l’on me reconnaît…

On t’avait confondu avec Adrien Rabiot avant la Coupe du monde…Ouais ! C’était en espoirs, je m’en souviens. Le gars dit : « Rabiot ! » , je le regarde et m’en vais, car ce n’est pas moi, et le mec dit : « T’as la grosse tête. » (Rires.)

La mésaventure risque d’arriver à Rabiot désormais…Non, parce que lui, il a plus de barbe et tout ça.

Tu as vécu une série de 35 matchs en équipe de France sans perdre…Cela s’est arrêté contre les Pays-Bas. Il n’y a que les médias qui parlent de cela, et mes potes. Pendant la Coupe du monde, je me suis dit : « Je veux que la série continue jusqu’à après la finale » , et puis après qu’elle se poursuive le plus longtemps possible. Mais c’est du sport, cela ne peut pas durer indéfiniment. Même le meilleur joueur ou la meilleure équipe du monde perd parfois. On a ramené la Coupe du monde en France, ce n’est pas donné à tout le monde. Cristiano Ronaldo ne l’a pas gagnée, Lionel Messi ne l’a pas gagnée… La série, ce n’est pas important.

Quel a été le match le plus dur du Mondial ?Les matchs de poule ont été compliqués. On n’a pas gagné avec la manière, mais on a gagné. C’était dur, plusieurs grosses équipes se sont fait sortir. Le préparateur physique nous a fait bosser pour monter en puissance à partir des huitièmes. Donc pendant la phase de poules, on n’avait pas forcément beaucoup de cannes. Au fur et à mesure du temps, on s’est senti de mieux en mieux physiquement. Le jour de la finale, moi j’étais bien. Bon, je ne faisais qu’un seul match par semaine, mais N’Golo Kanté, avec 13 kilomètres de course à chaque match, tous les deux jours, c’est normal qu’à la finale du Mondial, il soit fatigué. Sinon après les poules, le match où l’on a souffert, c’est contre la Belgique. On avait plutôt maîtrisé, même si Hugo (Lloris, N.D.L.R.) a fait quelques arrêts décisifs, comme Thibaut Courtois. On a très bien défendu et on a su leur faire mal en contre-attaque.

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Propos recueillis par Nicolas Jucha, à Munich

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