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  • Journée internationale des droits des femmes

« Il y a encore des barrières à faire tomber »

Propos recueillis par Andrea Chazy
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Le 8 mars ne sert pas qu'à fêter les anniversaires de Rémy Cabella, Rio Mavuba et Sylvain Indangar. C'est aussi la journée internationale des droits des femmes. La parole est à Camille Abily, Eugénie le Sommer et Pascal Gouzenes, respectivement joueuses de l'Olympique lyonnais et entraîneur de l'équipe féminine du Paris FC.

Camille Abily (Olympique lyonnais, 183 sélections en équipe de France) : « Ce n’est pas un jour comme un autre parce qu’on nous en parle beaucoup. Pour moi, il ne devrait pas y avoir un jour comme ça, ça devrait être naturel. Il y a encore du travail, même si ça évolue dans le bon sens depuis plusieurs années. Il y a eu des habitudes qui ont été créées depuis de nombreuses années, et avec le temps, ça changera. Dans le sport féminin, contrairement au sport masculin, il faut avoir des résultats pour qu’on parle de toi. Le fait qu’en général, les femmes gagnent en moyenne 24% de moins que les hommes, ça me choque.

Dans le sport féminin, contrairement au sport masculin, il faut avoir des résultats pour qu’on parle de toi.

Dans le foot, c’est différent, les garçons sont dans une autre dimension… À l’OL, on a déjà la chance d’être professionnelles et de bien en vivre, ce qui est loin d’être le cas de toutes les joueuses en France. Ce qui m’a le plus interpellé, c’est quand il y a des petits garçons qui nous demandent des autographes. On peut s’attendre à ce qu’ils aient comme idoles Nabil Fekir ou d’autres joueurs garçons, je ne dis pas par là que nous sommes leurs idoles absolues, mais tu te dis : « Toi, un petit garçon, tu veux un autographe de nous, des filles ? » Ça fait super plaisir. C’est là que tu vois que les mentalités changent. Et ça, c’est parce qu’on passe à la télé. Ils peuvent s’identifier à nous et dépasser le stade de « c’est une fille qui joue » et y a une vraie évolution par rapport à ça. Cette médiatisation, ça peut en effet avoir un impact sur notre société, car si on montre à des petites filles qu’elles peuvent vraiment faire des sports qui étaient « réservés » aux garçons avant, elles pourront se dire qu’elles peuvent le faire et atteindre ensuite toutes sortes de métiers auxquels elles n’avaient pas accès auparavant. Ce sont les compétences qui comptent, quel que soit le sexe. »


Eugénie le Sommer (Olympique lyonnais, 150 sélections en équipe de France) : « On ne devrait même pas avoir une journée pour nous. L’égalité homme-femme doit être quelque chose de normal au quotidien. En dehors du 8 mars, il y a quelques initiatives, mais c’est dommage qu’on en parle énormément seulement aujourd’hui. Il faut que nous, les femmes, soyons mieux considérées. Par exemple, le jour où on ne se posera plus la question de savoir si une fille peut faire du foot ou non, ce sera déjà une belle victoire.

Quand j’étais petite, mon quotidien, c’était d’entendre des gens me dire que le foot n’était pas pour les filles…

Quand j’étais petite, mon quotidien, c’était d’entendre des gens me dire que le foot n’était pas pour les filles, je ne saurais même pas te dire combien de fois je l’ai entendu. Moi, j’ai eu mon caractère pour faire taire toutes les personnes qui disaient ce genre de phrases, mais j’espère que les petites filles aujourd’hui ne l’entendent plus ou presque. On a vu que la Coupe du monde 1998 a fait exploser le nombre de licenciés en France, alors une victoire en 2019, ce serait un tremplin énorme pour le foot féminin français. Après, dans la société, le combat immédiat le plus important serait qu’à poste égal et à travail égal, il n’y ait plus aucune inégalité entre une homme et une femme. En 2018, ça devrait être normal, on ne devrait même pas en discuter. Au niveau du sport féminin, il faut que les petites filles puissent en voir facilement à la télé, pour qu’elles puissent avoir des rêves. Depuis que j’ai débuté, on voit quand même que ça évolue, mais on sent qu’il y a encore des barrières à faire tomber. »


Pascal Gouzenes (entraîneur de l’équipe féminine du Paris FC, D1) : « Il y a une grosse différence de moyens et de considération dans le milieu féminin, c’est sûr. Certains entraîneurs n’osent pas aller entraîner des filles parce qu’ils pensent que c’est se rabaisser. Cette mentalité est due à la société.

Certains entraîneurs n’osent pas aller entraîner des filles parce qu’ils pensent que c’est se rabaisser. (…) Les filles, c’est la chambre rose et les garçons, la chambre bleue. On a été élevés dans cette société-là, celle des préjugés et des choses qu’on imagine.

Les filles, c’est la chambre rose et les garçons, la chambre bleue. On a été élevés dans cette société-là, celle des préjugés et des choses qu’on imagine. Personnellement, je pense que j’étais un peu dans le cliché « garçon » au départ quand j’avais une vingtaine d’années, puis ça a changé. Le fait de travailler et de développer le foot féminin, ça m’a fait découvrir ce monde-là et je me suis rendu compte qu’il n’y avait rien de différent. Ce sont des préjugés. Foot masculin ou féminin, on met la même énergie. Je pense que les gens ont une opinion qui correspond à la médiatisation des choses aussi. Si demain, les grandes chaînes diffusent toutes les semaines un match de football féminin ou de basket féminin, ça rentrerait dans les normes. Un bon résultat de l’équipe de France à la Coupe du monde 2019 peut motiver une nouvelle génération, mais ça peut surtout changer la mentalité des parents, même si les mentalités évoluent au fur et à mesure. C’est une question de temps. »

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Propos recueillis par Andrea Chazy

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