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« Il faudrait que Triaud tire la boîte à 100 000 euros à chaque fois »

Propos recueillis par Mathias Edwards
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Avant de faire le pitre à la télévision ou sur scène, Julien Courbet est surtout le speaker historique des Girondins de Bordeaux. Ce qui lui confère la légitimité pour donner son point de vue sur la situation actuelle du club, en saupoudrant le tout de belles anecdotes.

Comment êtes-vous devenu supporter des Girondins ?Je suis bordelais, déjà. Et j’ai un frère, qui a dix ans de plus que moi, qui m’a emmené voir un match pour mon dixième anniversaire. C’était un match amical entre Bordeaux et le Santos de Pelé, au Parc Lescure. Donc voir Giresse d’un côté, et Pelé de l’autre, cela a été une révélation. Depuis, je ne rate quasiment aucun match des Girondins. Quand j’ai commencé à gagner un peu ma vie, je me suis payé un abonnement en virage, puis quand j’ai gagné un peu plus, en tribune de face, puis en tribune d’honneur. Et aujourd’hui, je suis invité par le club. J’ai aussi fait pas mal de déplacements en voiture. J’allais voir les matchs à Nantes, Niort ou Montpellier. Maintenant, je vais les voir quand ils jouent à Paris, ou dans le Nord. Et je redescends à Bordeaux à chaque fois que je peux, pour voir des matchs.

Dans les années 90, vous êtes le speaker du Parc Lescure. Comment avez-vous atterri là ?En travaillant pour Wit FM, la radio créée par Claude Bez. J’ai eu la chance d’être sur la pelouse pour des matchs comme Bordeaux-Milan ou Bordeaux-Bayern.

Quels souvenirs gardez-vous de cette période, où vous animiez le stade ?Mon meilleur souvenir, c’est un Bordeaux-Marseille, à l’époque où Tapie et Bez se haïssaient. Les deux équipes sont en tête du championnat, et Raymond Goethals est l’entraîneur des Girondins. Avant le match, je chauffe le stade comme jamais. Je hurle pendant un quart d’heure, je mets une ambiance de fou. Et Bordeaux gagne 3-0. Le lendemain, je reçois un coup de fil qui m’annonce que M. Goethals veut me voir. J’y vais tout penaud, pensant que j’avais dit une énorme connerie. Goethals me reçoit dans son bureau, et me dit : « Monsieur, je tenais à vous dire qu’hier, j’étais en train de parler aux joueurs dans les vestiaires, et je leur disais :« Écoutez ce public ! Vous n’avez pas le droit de les décevoir ! » Donc c’est un peu grâce à vous qu’on a gagné. » Et je suis reparti tout fier.

Contre Milan, sur le deuxième but de Duga , j’ai cru que le stade allait s’effondrer.

Un autre moment unique, c’est lorsque je suis descendu sur la pelouse pour animer avant Bordeaux-Milan, en 1996. Je croise le regard de Lizarazu, et il a des cernes, les traits tirés. Le masque, limite la bave aux lèvres. Et c’est pareil pour tous les autres Bordelais, qui ne s’adressent pas la parole, pas une tape amicale, rien. Et de l’autre côté, je vois les Italiens, chaussettes baissées, en train de se vanner. Là, j’ai senti qu’il allait se passer quelque chose. Sur le deuxième but de « Duga » , j’ai cru que le stade allait s’effondrer. J’ai embrassé des types que je ne connaissais absolument pas, en pleurant de joie, comme si on venait d’annoncer la fin d’une guerre.

La hantise du speaker est de se tromper sur un nom ou une composition d’équipe. Cela vous est déjà arrivé ?Je vais vous en raconter une énorme. Avant un Bordeaux-PSG, je casse mes lunettes en allant au stade. Je suis myope. Donc je demande au type qui s’occupe de la sono, qui est assis à côté de moi dans le stade, de m’écrire les noms sur un post-it lors des changements. Il s’exécute, je lis le post-it dans le micro sans vérifier avant, et j’annonce l’entrée de « Simba le marin » , au lieu d’Amara Simba. Je me suis fait huer comme pas possible, à cause de ce jeu de mot pourri. Dans le même registre, lors d’un Bordeaux-Saint-Étienne en match avancé du vendredi soir, j’ai donné à la mi-temps les scores des autres rencontres, qui avaient lieu le lendemain. Je n’avais pas percuté qu’on était vendredi, et les autres m’avaient fait une blague en inventant des scores. Dans ces cas-là, les supporters sont très premier degré. Ils vous insultent, vous font des doigts, « pauvre con, t’es trop payé » , etc.

Bordeaux vient de vendre Henri Saivet, que Sagnol estimait être son meilleur joueur. Cela vous inspire quoi ?Je ne comprends pas trop la stratégie, d’un point de vue sportif. Après, Bordeaux perd de l’argent, et Nicolas de Tavernost veut équilibrer les comptes. Donc ça, OK, si on le remplace correctement. Ce qui est plus difficile à comprendre, c’est qu’on a acheté trois joueurs, Pablo, Kiese Thelin et Gajić, qui ne jouent jamais. Ils ne sont même pas remplaçants, c’est le centre de formation qui alimente l’équipe. C’est là-dessus qu’il faut se poser des questions. Mais là, j’ai l’impression que Bordeaux est vraiment dans un mauvais cycle, avec une scoumoune extraordinaire. Les blessures, la suspension de Pallois… Pour repartir de l’avant, il va peut-être falloir passer par une ou deux saisons de disette, histoire de se débarrasser de certains contrats pour repartir à zéro.

Que retenez-vous des huit saisons d’Henri Saivet aux Girondins ?Les deux dernières, lors desquelles il s’est affirmé.

Saivet, je n’ai pas l’impression qu’on ait complètement exploité son potentiel, et il me tarde de voir comment Newcastle va le faire jouer.

J’ai toujours pensé qu’il était plutôt 8 ou 10 que 6. Même s’il est bon dans la relance, il manque d’abattage pour jouer récupérateur. Et je l’ai vu faire des gros matchs au poste de numéro 10. Je n’ai pas l’impression qu’on ait complètement exploité son potentiel, et il me tarde de voir comment Newcastle va le faire jouer.

Quand Jean-Louis Triaud négocie un transfert, est-ce qu’il devrait plus souvent dire que c’est à prendre ou à laisser ?Ce que j’aimerais surtout, c’est qu’il ne fasse pas comme dans le jeu. « Qu’est-ce qu’il peut bien y avoir dans cette boîte ? Un bon ou un mauvais joueur ? » Il faudrait qu’il tire la boîte à 100 000 à chaque fois, pas celle à 10 euros. Là, ça fait quand même un moment qu’on n’a pas fait un gros coup sur le marché des transferts, comme avec Gourcuff, Wendel ou Fernando, qui vous font gagner un championnat.

Qui est le maillon faible des Girondins ?Les joueurs qu’on a achetés et qui ne jouent pas. On les fait venir pour « upgrader » l’équipe, et ils se font supplanter par des gamins du centre de formation.

Quel joueur est en droit de dire « Touche pas à mon poste » ? Carrasso. Et en ce moment, je redécouvre le grand Plašil, qui est formidable dans l’attitude. Aujourd’hui, c’est lui qui tient la baraque.

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Cédric Carrasso

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