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Ici c’est Gigi

Par Mathieu Faure
Ici c’est Gigi

Gianluigi Buffon, 17 ans à la Juventus, plus de 170 capes avec l’Italie et 40 printemps au CV, s’est engagé au PSG pour deux saisons dont une en option. Une histoire un peu folle, à la fois risquée sportivement, mais qui répond à des maux parisiens bien précis.

Ce matin, le PSG s’est réveillé avec cinq gardiens sous contrat dont trois internationaux : Alphonse Areola, Kevin Trapp et Gianluigi Buffon. C’est très parisien comme recrutement. Certains avancent qu’il s’agit d’une signature avant tout marketing, façon David Beckham en son temps. Oui, Gianluigi Buffon est un nom dans la planète football. Un CV reluisant qui traîne ses gants sur les prés depuis 1995, trois ans avant la venue au monde de Kylian Mbappé. Mais l’homme aux 656 matchs avec la Juventus est surtout un mythe et encore un très bon gardien. À 40 piges, « Gigi » présente plus de garanties que Trapp et Areola. C’est un fait. Certes, ses meilleures années sont derrière lui, et Buffon ne peut plus prétendre à jouer 45 matchs par an à haute intensité. Cela étant dit, Buffon a un point commun avec le PSG, il n’a jamais gagné la Ligue des champions, et sa venue dans la capitale répond à cet ardent désir, même si, à cause de son expulsion contre le Real Madrid lors du quart de finale retour, l’Italien sera suspendu lors des trois prochains matchs de poule. Ce qui laisse à son « binôme » trois matchs pour se montrer.

Avec lui, ça doit filer droit

Mais quel est l’intérêt pour le PSG de recruter un gardien de 40 ans quand Areola, formé au club et 25 ans sur la carte d’identité, sort d’une saison plutôt intéressante ? Surtout, il semble difficilement concevable que Gianluigi Buffon débarque dans la capitale pour être une simple doublure et passer ses matchs entre Christopher Nkunku et le plexiglas du banc des remplaçants. Non, Buffon c’est autre chose qu’un beau CV. Encore dans le top trois des gardiens de Serie A l’an dernier avec Alisson (Roma) et Handanović (Inter), l’Italien est un exemple sur et en dehors du terrain. On ne règne pas sans partage dans les bois de la Juve sans être un professionnel exemplaire et une bête de travail.

Sans parler de l’aura de l’homme et de son exemplarité. En 2006, alors tout frais champions du monde avec l’Italie, Buffon reste en Serie B avec la Vieille Dame quand Zlatan Ibrahimović and co préfèrent fuir l’ombre de la seconde division italienne. Chez Buffon, la notion d’institution est la norme. Au PSG, où le collectif s’effrite souvent devant les desiderata des uns et des autres, la voix de Buffon pourrait (devrait) avoir un poids considérable au sein d’un vestiaire que l’on dit très clanique. Une chicha par ci, une bouderie par là, une fuite dans la presse, des proches trop envahissants, Buffon aura un œil nouveau et le verbe juste. C’est presque un directeur sportif de premier plan que le club de la capitale vient de s’offrir.

Motta + Maxwell + Ibra : Buffon

Car le PSG manque encore de leaders charismatiques, de garçons capables de se placer au-dessus de la mêlée et de recentrer constamment le débat. Buffon, c’est un subtil mélange entre Thiago Motta, Maxwell et Zlatan Ibrahimović dont tout ce qu’il peut apporter, au quotidien, au PSG et surtout dans son vestiaire. Dans l’intimité du Camp des Loges, le regard de l’Italien aura sans doute plus de poids sur Rabiot, Kurzawa ou même Neymar que le quidam. Tout simplement parce que Buffon n’a plus rien à prouver au football. Mais recruter l’ancien portier de Parme n’est pas sans risque. Pas tant sportif au fond, car le bail est de courte durée, mais dans la manière d’introduire un tel joueur dans le groupe et surtout dans la caste des gardiens, surtout au PSG où le poste d’entraîneur des gardiens est toujours vacant après le départ de Javi García pour Arsenal. Pour que tout le monde aille dans le même sens, il faut que le deal soit connu et accepté de tous et très vite.

En gros, le gardien qui accompagnera Buffon au PSG devra connaître sa place dans la hiérarchie et l’accepter (doublure, grosso modo). C’est à Thomas Tuchel que reviendra le bâton merdeux. La venue de Buffon ressemble plus à une opportunité qu’à un choix stratégique défini. L’Italien était libre, encore motivé et compétitif, et le PSG n’avait rien contre l’idée de recruter un monument libre de tout contrat. Reste qu’en football, et encore plus à Paris qu’ailleurs, la vérité du terrain sera le juge ultime. Sportivement, la pige de David Beckham au PSG fut un fiasco, mais l’Anglais jouait en MLS depuis un bail. Le Qatar aime autant l’image que les résultats sportifs et un Gianluigi Buffon dans un maillot PSG, c’est sans doute une image qui n’a pas de prix, mais qui va faire le tour du monde.

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