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Hugo Lloris est toujours le boss
Coupable d’une grossière erreur ce samedi dans le derby londonien face à Arsenal (1-3) et victime d’un début de concurrence avec Mike Maignan dans les buts de l’équipe de France, Hugo Lloris réalise pourtant un début de saison presque irréprochable et n'a aucune raison de craindre pour sa place de titulaire au Mondial.
Dans la fureur de l’instant et des performances éblouissantes de Mike Maignan, il y a ceux qui exhorteront la titularisation du gardien de l’AC Milan dans les cages de l’équipe de France, au Qatar, dans six semaines. Leur dernier argument : la bévue d’Hugo Lloris, ayant conduit au but de Gabriel Jesus dans le derby du Nord de Londres et précipité le succès des Gunners, ce samedi (3-1) face à Tottenham. Le facteur malchance a pourtant lui aussi sa part de responsabilité : Hugo Lloris avait repoussé un tir de Bukayo Saka, le ballon a rebondi sur la jambe de Cristian Romero juste devant lui, avant de revenir en arrière, de passer sous le capitaine des Spurs et de revenir dans les pieds du Brésilien d’Arsenal, seul face à la cage ouverte.
Hugo Lloris, un début de saison de top niveau
Il y a aussi ceux qui feront la part des choses. Parce que dans la balance, cet argument est léger, trop léger. D’une part, la performance du gardien tricolore à l’Emirates Stadium ce samedi, bien que ternie par cette erreur au retour des vestiaires, n’est pas scandaleuse dans l’absolu. Hugo Lloris avait sauvé les Lillywhites en début de match en écartant une demi-volée de Gabriel Martinelli, puis retardé l’échéance devant Gabriel Jesus avant la mi-temps, mais aussi empêché la note de se corser un peu plus en se détendant de tout son long sur sa gauche pour éviter que Kieran Tierney ne participe à la fête.
D’autre part, se concentrer sur cette unique bourde serait fermer les yeux sur l’excellent début de saison d’Hugo Lloris, qui conteste d’ailleurs avec Harry Kane ce statut de meilleur joueur des Spursdepuis août ; le dernier rempart contribuant assez largement au statut invaincu de Tottenham en championnat jusqu’à ce samedi. Antonio Conte, son entraîneur, l’érigeait même au rang des « gardiens de but importants dans le monde », déclarant à son propos que « tu peux te tromper sur ta femme, mais pas sur ton gardien de but », au sortir d’une victoire sur la pelouse de Manchester City en février dernier (2-3). Le propos est obsolète ? Pas du tout, car rien n’a changé chez son portier.
En passe de damer le pion à Lilian Thuram
Alors, se passer d’Hugo Lloris sur les terrains qataris, de ses quatorze ans d’ancienneté en équipe de France, de ses 139 sélections, de sa décennie en tant que capitaine des Bleus (et de ses 115 brassards), mais surtout de son talent n’a rien de judicieux à quelques semaines d’un Mondial que les Bleus disputeront déjà sans beaucoup de garanties, ni aucune préparation. Alors, changer de gardien sans avoir la certitude que faire jouer l’autre sera mieux, c’est ajouter une nouvelle épine à un pied qui semble avoir marché sur un oursin.
L’heure de Mike Maignan, elle, viendra, et c’est certain. Avant cela, Hugo Lloris battra les 142 sélections de Lilian Thuram pour devenir le Bleu le plus capé de l’histoire. Le deal ? Un 8e de finale de Coupe du monde « suffira » à atteindre ce cap. Lloris, 36 ans en fin d’année, signera probablement les yeux fermés pour que son statut soit rediscuté début 2023, lorsque son compteur affichera 146 capes.
Par Clément Barbier