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Healey chaud

Par Arthur Stroebele
Healey chaud

Si le TFC se présente à Pau, ce soir, sur le podium de la Ligue 2, il le doit en bonne partie à Rhys Healey. L’Anglais vient de claquer six buts en cinq rencontres, et s’impose comme l’une des belles trouvailles du data-recrutement toulousain.

Du droit, du gauche, en pivot, sur coup franc, en dehors de la surface : en ce moment, Rhys Healey marque tout le temps, et surtout de partout. Titulaire au sein du 3-5-2 toulousain depuis la fin du mois de novembre face à Niort, le numéro 9 a réussi la prouesse de marquer lors de chacune de ses cinq premières titularisations avec le TFC. Ce n’était plus arrivé pour un joueur à Toulouse depuis 75 saisons. Série toujours en cours, après son doublé face au Havre samedi. Et à vrai dire, pas grand monde ne l’avait vu venir.

Quand il débarque dans la Ville rose le 27 août dernier, il est un parfait inconnu qui quitte son pays pour la première fois de sa carrière. Le transfert n’a jamais fuité dans la presse francophone ou anglophone, rien, et le voilà qui apparaît maillot à la main sur la pelouse du Stadium. Presque à se demander s’il ne venait pas pour renforcer la réserve, dans un premier temps. Mais non, le natif de Manchester débarque de League One – la 3e division anglaise – et du modeste club de Milton Keynes Dons. Un recrutement signé Damien Comolli, nouveau président du TFC, qui ne jure que par la data et l’usage des statistiques : onze réalisations en dix-neuf rencontres la saison passée ont suffi à convaincre le boss de lâcher 500 000 euros pour l’enrôler. Auparavant, il a navigué un peu partout au Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, Pays de Galles), allant même jusqu’en 5e division anglaise. Quatre rencontres de Premier League avec Cardiff, et c’en est à peu près tout pour les références.

« Si vous vous basez sur les entraînements, il ne joue pas »

Le duo qu’il forme avec le Pitchoun Amine Adli à la pointe de l’attaque violette est redoutable. Bien servis par les trois milieux Dejaegere, Spierings et Van den Boomen – autres bonnes pioches de la data -, les deux compères portent les velléités offensives violettes. Tout sourit à « Rhyssi » , comme il est surnommé dans le groupe, ce qui n’était pas si évident au vu de ses premières entrées en jeu. Pas très inspiré dans ses remises, des conduites de balle très approximatives et une qualité technique assez moyenne : entrer en jeu n’est pas son fort, et il l’a montré. Ce qui ne l’a pas empêché de parachever la première victoire du TFC cette saison, inscrivant le dernier but du succès face à Auxerre en septembre (3-1). Mais pas vraiment de quoi rassurer l’ancien attaquant Patrice Garande, ni de nombreux supporters ou membres du club, qui se sont interrogés sur le niveau de jeu de l’Anglais.

« Aujourd’hui, il y a une différence entre le Rhys des entraînements et le Rhys en match, a lâché l’entraîneur toulousain en conférence de presse. Si vous vous basez juste sur ce qu’il y a aux entraînements, il ne joue pas. Alors attention, il court, il travaille. Je parle du niveau. Je n’ai pas de problèmes pour avouer qu’au départ, je pensais que ça allait être compliqué pour lui. On l’a rassuré, il a rencontré Damien Comolli, on lui a dit d’être patient. Aujourd’hui, on sent qu’il est heureux. » Sept buts en treize matchs, soit un toutes les 82 minutes : la data, toujours.

Un coup de Pau

Galvanisé par les buts qui comptent, et ennuyé par les contrôles-passes, donc. Le sosie de Jamie Vardy, et supporter de Manchester City, a profité des blessures et méformes de Vakoun Bayo et Efthymios Koulouris, ses concurrents, pour finalement obliger Garande à l’aligner, en attendant que les planètes suivent. Le succès a jailli, et ses performances le placent aujourd’hui comme un indéboulonnable, limitant la pépite Janis Antiste (18 ans) au rôle de super sub.

Après Niort, Nancy, Guingamp, Châteauroux et Le Havre, Healey espère continuer la folle série et accrocher les Palois à son tableau de chasse, ce soir. La Ligue 2 découvre peu à peu un vrai finisseur, très à l’aise dans la surface adverse, friand de feintes et crochets dévastateurs dans les petits périmètres. Loin du cliché du joueur anglais qui n’aurait pour lui que son « fighting spirit ». Objectif quinze buts, de son propre aveu, et la montée en Ligue 1. Il va désormais falloir apprendre à marquer avec l’étiquette du serial-buteur solidement collée sur le front. Mais, pour reprendre le cri de guerre toulousain : « Est-ce qu’ils sont prêts ? »

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