- Euro 2016
- 8es
- Croatie-Portugal (0-1)
Happiness Peperapie
On parle de Renato Sánchez, homme du match, qui fait une belle entrée et amène certainement du dynamisme là où ça dormait. Mais un autre homme a tenu la baraque avant et pendant tout ce temps-là, plus discrètement. Ou pas.
Il y a toujours ce vice, on ne s’en débarrasse pas si facilement. Quelques tirages de maillot, quelques jolis mots éparpillés dans les oreilles de certains adversaires, et puis cet espèce de croche-patte à la 82e, sur un Mandžukić transparent. Alors que l’attaquant de la Juventus monte au duel aérien, Pepe s’échappe et le fait basculer, assez violemment, au sol. Au final, Pepe s’en sort sans rien. Il y a aussi eu ce tacle de catcheur contre l’Islande quelques jours plus tôt. Encore un ballon aérien, sur lequel le défenseur portugais trébuche et emporte dans sa chute le pauvre Nordique.
Pepe tiene mala leche hasta sin tocar al contrario… »nasio pa lesioná »#EURO2016 pic.twitter.com/rP8EeY5n2r
— Ecce Betis Oé (@RoalesAntonio) 25 juin 2016
Mais voilà, depuis le début de l’Euro, il n’a pris qu’un seul carton jaune. Pepe est de plus en plus propre et décisif. Surtout, il est le ciment de cette équipe du Portugal qui ne gagne pas, qui gagne désormais difficilement, mais qui ne perd pas. Maintenant qu’on entre dans les matchs couperets, les matchs à élimination directe, les matchs qui se jouent à un détail, les matchs où celui qui ne prend pas de but gagne, il va avoir son importance. Il a déjà largement eu son importance face à la Croatie. Il a éteint Rakitić, Modrić, Mandžukić. Et ça, ce n’est pas rien.
« Pepe is a gigantic dick »
Est-ce qu’il y a quelque chose de changé depuis le début de la compétition ? Pas grand-chose, non. C’est juste que, loin de Sergio Ramos, l’importance du chauve saute aux yeux. Certes, il est toujours ce joueur qui divise, le genre de mec qu’on préfère avoir dans son équipe, que contre. Il énerve encore et toujours ses adversaires dont le sélectionneur de l’Islande, Lars Lagerbäck – « J’aimerais qu’on puisse utiliser la vidéo pour punir rétrospectivement ce genre de choses » –, mais il fait vraiment de plus en plus mal aux adversaires. Peut-être plus que quand il partage les attaquants avec l’Espagnol. Depuis le début de la compétition, c’est seulement quatre fautes pour un maximum de duels gagnés. Et notamment au niveau aérien. Sur 20 ballons aériens en quatre matchs, il est sorti 13 fois vainqueur. Costaud.
Pepe is a gigantic dick.
— Gary Lineker (@GaryLineker) 14 juin 2016
Contre la Croatie, notamment, Pepe est encore à 65% de duels aériens gagnés. Il a sauvé deux ou trois situations chaudes et sinon, il s’est concentré à couper l’alimentation en ballon de Mandžukić. Tout simplement. Le Croate n’a touché que 20 ballons en 90 minutes, autant dire que c’est une traversée du désert. Finalement, il ne lui a manqué que de la réussite devant, sur coup de pied arrêté notamment, pour réaliser la partie parfaite. Par deux fois, il a manqué de lucidité et balancé des ballons de la tête, en tribune. En fin de match, dans une sérénité qu’il n’affiche que rarement, Pepe était heureux d’avoir su déjouer les pronostics en direct, à la télévision : « Ce fut un match très difficile. Nous avons travaillé dur pour atteindre les quarts. Les deux équipes ne voulaient pas faire d’erreurs. Il ne faut pas oublier qu’on vient de sortir une équipe qui a battu l’Espagne, championne en titre. Je suis heureux. » Il est donc là, le bonheur.
Par Ugo Bocchi