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Hamza Rafia, l’autre joyau de Bron-Terraillon

Par Léo Tourbe
Hamza Rafia, l’autre joyau de Bron-Terraillon

Époustouflant depuis quelques semaines, Karim Benzema est issu d’un quartier bien spécial dans la banlieue lyonnaise : celui de Terraillon à Bron. Aujourd’hui, le numéro neuf madrilène n’est plus la seule star locale. Hamza Rafia, qui évolue au Standard de Liège, commence à 22 ans à lui faire doucement concurrence. Cocasse pour deux gamins qui ont grandi à 50 mètres de l’autre.

Il fallait entendre la réaction de son éducateur, le téléphone à peine décroché, pour saisir l’ampleur du phénomène Hamza Rafia à Bron : « C’est très bien ! Il mérite, c’est un bon gamin ! » Frédéric Rigolet, trente ans de métier, en a vu passer, des talents, dans le petit quartier de Terraillon d’un peu moins de 7000 âmes, dans la banlieue est lyonnaise. Le plus grand d’entre eux ? Un certain Karim Benzema. Mais impossible pour les locaux de taire leur autre fierté. « Pour moi, à terme, Hamza c’est du niveau de Karim Benzema, à son poste », insiste-t-il. Ce n’est pas pour rien si c’est le maillot de la Juventus floqué du numéro 19 de Rafia qui trône dans le club-house et pas celui du Real Madrid.

Comme KB9, « l’autre gamin de Bron » a fait ses classes au SC Bron Terraillon, avant d’être attiré dans les filets de la prestigieuse académie de l’OL, à l’âge de dix ans. « J’ai été formé avec Gouiri, Caqueret, Cherki, Aouar, vraiment une belle belle génération. On traînait ensemble, on mangeait ensemble », se souvient-il, lui qui a passé près d’une décennie à grandir et à franchir tous les paliers au sein du centre de formation lyonnais. Mais en 2019, l’international tunisien (treize sélections) s’envole de l’autre côté des Alpes pour rejoindre la Juventus. S’il ne signe pas au Real Madrid comme son illustre aîné, il rejoint dans le Piémont deux visages bien connus de Benzema : Cristiano Ronaldo et Álvaro Morata. Comme le Madrilène, Rafia connaît désormais la sensation d’être enlacé par le quintuple Ballon d’or après un but. Pour son seul match en professionnel avec la Vieille Dame, le numéro 50 d’un soir a offert la victoire aux siens au bout de la prolongation face au Genoa en huitièmes de finale de la Coupe d’Italie 2021. Décidément fan des Brondillants, CR7 est le premier à lui tomber dans les bras.

Profondément attaché à son quartier

Avant les célébrations, les câlins de Cristiano, ou même l’OL, Benzema et Rafia ont d’abord une adresse en commun. « J’habite la même rue que là où Benzema a grandi. Son petit frère a le même âge que moi, on a grandi ensemble. Nos familles se connaissent bien. J’ai toujours été en contact avec Karim et les siens », confie le joueur prêté au Standard de Liège, après deux saisons à avoir poncé l’uniforme de la Primavera turinoise. Né en 1999 à Kalaat Senan, en Tunisie, le milieu offensif est arrivé en 2005 à Bron.

On ne peut pas du tout comparer ce que Karim a fait à ce que j’ai fait pour l’instant. Si les gens parlent de moi ici, à Bron, c’est juste parce que je suis plus souvent là que lui.

Depuis, il n’a jamais su couper complètement le cordon ombilical qui le relie avec sa terre d’adoption. « Il est toujours présent vis-à-vis des petits de Terraillon. C’est le genre de gars qui me dit :« Fred, j’ai des maillots pour toi, rejoins-moi devant le club », explique l’éducateur du SCBT. C’est le genre de gars qui vient avec des sacs remplis de chaussures, une dizaine de maillots et qui les donne aux petits. S’il est à Lyon et qu’il y a un match dans l’après-midi, vous pouvez être sûr qu’il sera au bord du terrain pour regarder les petits jouer. Il se met dans son coin, il prend sa petite bouteille d’eau et il les regarde jouer, puis il repart. Je pense que c’est quelqu’un de très attaché à Terraillon. »

Et celui-ci le lui rend bien, sa cote de popularité n’y faisant que grimper, si on en croit les liquettes enfilées autour du stade Léo-Lagrange. « Par rapport aux Benzema, ça commence à s’équilibrer ! » décompte Fred. « Je ne savais pas du tout, sourit Rafia. Moi quand je rentre, j’essaie de bien rester dans mon quartier, de ne pas trop sortir parce que je suis proche des miens. Bien sûr que ça fait plaisir, mais on ne peut pas du tout comparer ce que Karim a fait à ce que j’ai fait pour l’instant. Si les gens parlent de moi ici, à Bron, c’est juste parce que je suis plus souvent là que lui. » Pas un hasard si son formateur utilise le terme « humble » pour le décrire.

L’homme de la prophétie

Pourtant, à l’instar de l’international français, Rafia perpétue ce qu’on pourrait nommer le théorème de Bron. « Tous les dix ans, vous avez un joueur comme ça, talentueux, qui vient de Bron. Emmanuel Gas, l’entraîneur-adjoint de Clermont en Ligue 1 et qui a fait une carrière honorable à Louhans-Cuiseaux, c’est un gars de Terraillon et c’est un des précurseurs. Après Manu, il y en a un autre qui a joué en D3, et ensuite vous avez Karim, puis Hamza », démontre Fred Rigolet, professeur en football brondillant.

Hamza a un coffre énorme, mais énorme ! Et depuis tout petit ! Il est increvable.

Alors comment expliquer cette noble lignée ? Pour Hamza Rafia comme pour beaucoup d’autres enfants du quartier, cela a commencé sur un city stade. C’est là, comme ses prédécesseurs, qu’il s’est forgé ses qualités balle au pied et a appris à dompter le jeu court. Puis, c’est dans le cadre d’un club formateur et local que tout cela a pris forme. Pour le jeune Hamza, le déclic qui l’a amené à pousser les portes du SC Bron-Terraillon avait un numéro 10 dans le dos et une calvitie enfin assumée. Plus précisément, il s’appelait Zinédine Zidane, et ses performances mystiques au Mondial 2006 en Allemagne ont tout simplement « envoûté » le jeune Rhodanien. Le coup de boule à peine donné, celui-ci fonce dès la rentrée prendre sa première licence au club du quartier et ne met pas longtemps avant de crever l’écran.

Ce qui caractérise le juvénile Rafia selon son éducateur ? « Sa vision du jeu et il a cinq poumons. Un coffre énorme, mais énorme ! Et depuis tout petit ! Il est increvable. Il jouait surclassé de deux-trois catégories parfois et il ne s’arrêtait pas… » raconte, encore amusé, l’éducateur brondillant. Son volume de marathonien n’égratigne pas d’un poil ses facultés techniques. Et quand il les met au service du collectif, c’est un club modeste qui peut marcher sur le football local. « Dans les tournois inter-quartiers, encore aujourd’hui, nous sommes les meilleurs de la région lyonnaise. On a un quartier qui est vraiment fort au foot », analyse le Liégeois, qui donne encore et toujours du « on » lorsqu’il évoque Bron. Lorsqu’il aborde l’OL, le pronom personnel s’efface de son vocabulaire, la faute notamment à une fin d’histoire un peu triste entre le club et le joueur. « J’aurais aimé réussir à Lyon, mais ce n’est pas forcément fini, on ne sait pas ce que nous réserve l’avenir », laisse-t-il planer. Sa capacité à jouer en une touche pourrait bien intéresser Peter Bosz. En tout cas, même s’il n’a jamais réellement quitté ce coin, les supporters de lyonnais militent pour faire revenir un enfant de Bron entre Rhône et Saône. Avec ou sans Benzema.

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