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Habemus Apam
Mevlut Erding n’est pas la seule recrue du mercato rennais. Un an et demi après son arrivée en Bretagne en provenance de Nice, le défenseur nigérian Onyekachi Apam a enfin pu débuter sous ses nouvelles couleurs. De retour d’une interminable blessure au genou, il vient d’enchaîner cinq titularisations et prouve que les 4 millions d’euros lâchés à l’époque de son transfert ne sont pas immérités.
A Rennes, on parle volontiers du cas Onyekachi Apam comme d’un « miracle » . On se pincerait presque à voir le défenseur nigérian enchaîner sereinement les matchs, gagnant ses duels avec détermination, jouant de sa vitesse et de son physique dans les duels, comme à l’époque de ses débuts à Nice, quand il était alors considéré comme l’une des valeurs sûres de L1 à son poste. Il semble même avoir étoffé son jeu, relançant la balle toujours proprement, alors que ce n’était pas forcément sa spécialité quand il évoluait avec les Rouge et Noir de Côte d’Azur. Il n’hésite pas non plus à communiquer sur le terrain, à transmettre son expérience. Le grand et discret gaillard a mûri, tout simplement.
La dernière fois qu’on l’avait vu sur un terrain de football, c’était en avril 2010. Onyekachi Apam avait alors 23 ans et semblait en fin de cycle à Nice. Convoité par de grands clubs, il avait envie de Premier League, mais c’est finalement le Stade Rennais qui le signe, contre une indemnité d’environ 4 millions d’euros. C’est un choix mûrement réfléchi de Frédéric Antonetti, qui le connaissait très bien pour l’avoir lancé dans le grand bain en 2006 du temps où il coachait le club azuréen. Apam était arrivé quelques mois plus tôt de son pays natal, seul, grand espoir au football encore incertain. Stoppeur avec une grande marge de progression, il avait toutes les qualités pour devenir un grand. Il semblait invincible.
On a craint pour sa carrière
Pourtant, lorsqu’il débarque en Bretagne, Apam vient de se faire opérer du ménisque du genou droit, ce qui lui a valu d’être forfait pour la Coupe du monde sud-africaine. Une blessure bénigne, pense-t-on alors, quelques semaines de repos grand max et il sera disponible pour former la charnière centrale prévue avec Kader Mangane. Problème : des lésions au cartilage vont l’empêcher de reprendre l’entraînement pendant une année entière. En juin 2011, Pierre Dréossi fait même part de son « inquiétude » à son sujet. On le pense perdu pour le foot. Un mois plus tard pourtant, le genou commence enfin à guérir. Un miracle. Antonetti, qui ne l’a jamais oublié, lui fait réintégrer le groupe pro petit à petit durant l’automne. Le 15 décembre, il l’aligne d’entrée à Madrid, lors d’une rencontre sans enjeu face à l’Atletico en Europa League. Un test réussi : Apam tient les 90 minutes. Une première victoire.
Kader Mangane et John Boye partis à la CAN, le Super Eagle saisit l’opportunité en ce début d’année 2012 d’enchaîner les rencontres : cinq au total, trois en L1 et deux en Coupe de France, dont 120 minutes dans son ancien jardin, le stade du Ray à Nice. Le genou tient, le bonhomme réapprend son métier, sans difficulté. A Rennes, tout le monde loue son implication. Avant même d’enfiler le maillot rouge et noir, il a gagné le respect par le courage dont il a fait preuve et le mental qu’il lui a fallu avoir pour tenir le coup durant ces longs mois qu’il a dû passer éloigné du terrain.
Sévère concurrence en défense
Son coach est son premier fan. « Sa blessure lui a permis de progresser dans sa réflexion,dit-il.Avant il savait qu’il pouvait tout résoudre par son physique. Aujourd’hui il doit trouver d’autres solutions » . Impressions confirmées par l’intéressé lui-même, qui déclarait récemment dans L’Equipe : « Je joue plus avec ma tête, je fais plus attention à mes placements et j’essaie d’anticiper » . Preuve de la confiance qu’on lui accorde au club, on a laissé filer le polyvalent Georges Mandjeck à Auxerre fin janvier, un milieu défensif reconverti défenseur central par Antonetti ces derniers mois. Apam revenu, Mandjeck était devenu de trop dans l’effectif rennais.
Le Nigérian est une véritable recrue pour les Bretons en cette deuxième moitié de saison. Cité par 20 Minutes ces derniers jours, le manager Pierre Dréossi a d’ailleurs eu ce joli lapsus en parlant de « l’arrivée d’Apam » à Rennes. Tout n’est pas encore gagné néanmoins pour Onyekachi, qui va maintenant devoir se battre pour gagner une place de titulaire. Durant sa très longue absence, Jean-Armel Kana-Biyik s’est affirmé comme un incontournable. Avec Kader Mangane, de retour de la CAN, et le Ghanéen John Boye, qui y est encore, ils sont donc quatre à postuler pour deux places. La concurrence s’annonce sévère. Il se pourrait bien d’ailleurs qu’Antonetti décide ce soir de faire souffler son miraculé et de le garder sur le banc.
Par Régis Delanoë, à Rennes