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Grâce à Benzema, le temps est Bron, le ciel est bleu

Par Alexandre Le Bris
Grâce à Benzema, le temps est Bron, le ciel est bleu

Lundi soir, Karim Benzema est devenu le cinquième Français à recevoir le Ballon d’or. Dans sa commune de Bron et le quartier du Terraillon, dont il est originaire et où vit toujours sa famille, règne une « Benzemania » à laquelle personne n’échappe. Élevés au rang de modèle pour les jeunes, son humilité et son travail en font un étendard fièrement dressé par les Brondillants.

Ce lundi soir au club-house du SC Bron-Terraillon (D3), plus de 250 personnes se sont donné rendez-vous sur les coups de 21 heures. S’il y avait la foule des grands soirs, ce n’était pas pour suivre le tirage au sort d’un septième tour de Coupe de France – qui serait déjà exceptionnel -, mais pour une occasion bien plus attendue encore : l’attribution présumée du Ballon d’or 2022 à l’enfant du club et de la ville, Karim Benzema. Présumée seulement, puisque l’incertitude plane toujours malgré les rumeurs persistantes. Et Jérémie Bréaud, le maire brondillant, prévient d’emblée : « S’il n’a pas le Ballon d’or, on va assigner France Football en justice. » De son côté, l’association du SCBTP, qui compte 450 adhérents, n’avait pas osé l’imaginer et a eu bien raison de mettre les petits plats dans les grands pour assister au couronnement de son roi. Le club a organisé la projection de la cérémonie sur écran géant sous les yeux du maire et de nombreux jeunes du club, le tout autour d’un joli buffet. « Ça fait quinze jours qu’on bosse sur le projet », appuie Joris Daquin, directeur technique du SCBTP.

C’est la même effervescence à l’hôtel de ville, confie le maire qui a organisé un planning de festivités et d’hommages pour l’ancien Lyonnais dans les jours et les mois à venir : « Ce mercredi sera inaugurée une fresque en son honneur sur les murs du club-house. À son retour du Mondial en décembre, on en dévoilera une nouvelle, immense, qui recouvrira un immeuble de douze étages, abonde-t-il. Et l’année prochaine, on renommera le stade Léo-Lagrange en Karim Benzema. » On appelle ça être prophète en son pays.

Karim n’a jamais été un caïd. Je me rappelle qu’ici, les révélations ont surpris, mais absolument pas terni son image.

Pourtant, son passage sur les rectangles verts de la ville fut court, durant un an seulement, juste le temps de se faire remarquer par l’Olympique voisin, à moins de 10 kilomètres de là. Mais l’aura de l’attaquant du Real Madrid sur ses terres s’est largement renforcée depuis. Ses parents ainsi que sa famille résident toujours dans ce coin du 6-9, contribuant ainsi à maintenir le lien entre la superstar et les Brondillants.

À Bron, ni brute ni truand

Car quand le Nueve a terminé son discours lundi soir en évoquant la victoire « du peuple » , chacun des habitants du quartier de Terraillon s’est senti concerné. D’une part car eux ne l’ont jamais lâché, même lors des sales périodes extrasportives. « Il a fait preuve de résilience pour surmonter ces moments-là, témoigne Said Abdelkrim, coordinateur enfance jeunesse au quartier dans lequel la famille Benzema a grandi. Karim n’a jamais été un caïd. Je me rappelle qu’ici, les révélations ont surpris, mais absolument pas terni son image. J’ai eu tous les enfants Benzema au centre de loisirs et je n’ai jamais eu de problème. » Le maire de la ville a le même avis : « Ce qui m’intéresse, c’est sa performance sportive, et c’est cela que vient récompenser son Ballon d’or. Le jugement a été rendu, point barre on passe à autre chose. Avant qu’il ne revienne en équipe de France, c’était un paria, mais les choses vont vite dans les deux sens. »

Il prend mayo-harissa, c’est un gars classique.

D’autre part, si certains Brondillants ont sûrement célébré le clin d’œil de leur numéro 9 favori, c’est parce qu’il leur a souvent été érigé comme un modèle. D’abord pour son humilité. « Une valeur qui vient de son éducation, savoure celui qui est responsable des jeunes du quartier depuis 30 ans.La mère ou bien la sœur de Karim ne se sont jamais servies de leur nom pour avoir des faveurs, quand il manque de place au centre aéré par exemple. Ça se ressent aussi chez Karim qu’on ne voit jamais toutes les cinq minutes faire des déclarations dans les médias. » Un jugement que ne peut que confirmer Huseyin, employé au kebab de Bron. « C’est un gars simple, il parle avec tout le monde, il a de l’amitié pour tout le monde. Ça fait plaisir qu’un gars comme ça obtienne le Ballon d’or. » Une simplicité qui se retrouve dans le choix de sauces des kebabs de KB9 : « Il prend mayo-harissa, c’est un gars classique », soutient Huseyin.

L’or ruisselle

Si personne n’a de doute sur le fait que Benzema restera « juste » Karim malgré ce Ballon d’or fraîchement obtenu, son influence sur les « pélos du 6-9 » ne va pas cesser d’augmenter, assure Said Abdelkrim : « Quand on a des jeunes au comportement déviant ou des enfants qui ne veulent pas travailler et encore plus s’ils font du foot, je leur rappelle le parcours de Benzema qui a des super qualités, mais qui n’en serait pas là sans sa bonne attitude ni son travail. » Il note également l’impact que ce sacre va avoir sur le rayonnement du quartier du Terraillon : « Souvent sur Cnews, on parle plutôt des choses qui vont mal lorsqu’on évoque les quartiers, plutôt que celles qui vont bien. Mais là, c’est un garçon qui représente une frange de la population qui se sent parfois exclue qui réussit. Alors on devrait parler de nous en positif. »

Même pour le club du quartier qui a aussi vu éclore Hamza Rafia (ex de l’OL et de la Juventus), les fruits d’un travail quotidien sont enfin récoltés et appréciés comme un doux nectar. « Ça permet de mettre en lumière notre projet sportif et de donner du relief à notre implication, savoure Joris Daquin. Et puis pour un club modeste comme le nôtre, ça prouve à nos jeunes passionnés qu’il est possible de réaliser son rêve. »

S’il marque le but vainqueur de la finale à la 93e minute, on pourra instaurer un jour férié.

Et ce sont surtout 40 000 Brondillants qui fantasment désormais sur un doublé d’exception que Benzema pourrait réaliser avec les Bleus au Qatar. « S’il marque le but vainqueur de la finale à la 93e minute, on pourra instaurer un jour férié. Imaginez s’il ramène le Ballon d’or et le Mondial… En plus, il fêtera son anniversaire le lendemain de la finale », a déjà noté Jérémie Bréaud. Et si c’était au club-house du SC Bron-Terraillon ?

Le Ballon d’or du peuple, mais aussi pour le peuple
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