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Govou : « Après mon doublé contre le Bayern, j’ai acheté une 206 CC »

Propos recueillis par Antoine Donnarieix
Govou : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Après mon doublé contre le Bayern, j’ai acheté une 206 CC<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Qualifié en demi-finales de la Ligue des champions, l’Olympique lyonnais s’apprête à affronter le Bayern Munich. Le 6 mars 2001, les deux équipes croisaient déjà le fer en C1 lors d’un match devenu référence pour l’OL, où Sidney Govou avait endossé le costume du héros. Entretien avec l’ancien Gone depuis Le Puy-en-Velay, chez un « pote d’enfance ».

Salut Sidney ! Replace-nous ce Lyon-Bayern 2001 dans le contexte.À l’époque, c’était la Ligue des champions avec deux phases de poules. Et à partir de la deuxième poule, tu pouvais être certain que c’était du lourd. C’est vraiment le match qui nous a fait exister à l’échelle européenne. Après ce match, tout est devenu différent : les adversaires nous regardaient d’une autre manière, car nous avions obtenu une forme de notoriété. Nous avons pris conscience que nous étions une équipe capable de tout à partir du moment où l’intensité collective était au rendez-vous.

Quels souvenirs gardes-tu des jours ayant précédé ce match ? De manière très égoïste, j’ai senti que c’était mon heure. Steve Marlet était suspendu, Tony Vairelles était blessé… Jacquot (Santini, N.D.L.R) est venu le jour du match pour me dire que j’allais démarrer en tant que titulaire. C’était ma première titularisation en C1. Je suis quelqu’un qui réfléchit beaucoup autour du football, mais pendant les matchs, je ne réfléchis pas. Je fais ce que je sais faire, comme si j’étais en train de jouer avec mes potes. C’est exactement ce que m’a demandé le coach, donc c’était parfait. Santini, ce n’est vraiment pas le genre de personne à te coller la pression. Notre relation était particulière, car c’est grâce à lui que j’ai pu démarrer en équipe première.

Nous n’avons pas réfléchi. Nous n’étions certainement pas les meilleurs individuellement, mais collectivement, on pouvait se tuer les uns pour les autres.

Finalement, Santini décide de démarrer en 4-4-2 à plat avec Vikash Dhorasoo et Pierre Laigle en milieux latéraux. On ne se posait pas la question de savoir que c’était le Bayern en face et qu’ils avaient tel ou tel joueur, il y avait une forme d’insouciance. On s’entraînait tous les jours comme eux, on avait nos chances comme eux. Nous étions centrés sur nous-mêmes, et l’objectif était de gagner pour survivre. Ce que l’on souhaitait, c’était attaquer dès le départ et prendre le jeu à notre compte. À domicile, nous voulions les faire douter rapidement. Je me souviens que Pierrot (Laigle, N.D.L.R) qui était gaucher, m’avait dit : « N’hésite pas à déborder côté opposé, la transversale arrivera toujours. » Cette phrase m’avait marqué, car tu sentais de la sérénité. Nous n’avons pas réfléchi. Nous n’étions certainement pas les meilleurs individuellement, mais collectivement, on pouvait se tuer les uns pour les autres. Et très tôt, le Bayern s’est senti dépassé par l’investissement que nous avons mis dans la partie. Inconsciemment, il y avait sans doute aussi une forme de relâchement de leur part, étant donné l’issue du match aller (victoire 1-0 des Bavarois, N.D.L.R).


Raconte-nous tes souvenirs de ce match… Avant le match, Jacques Santini m’a dit : « Si tu gères bien tes premiers ballons, tu vas faire un grand match. » Je pense avoir suivi son conseil. Ce match m’a mis en lumière, c’est vrai, notamment avec ce doublé, mais je t’assure qu’avant ça, j’étais déjà fort à l’entraînement. (Rires.) J’en mettais des comme ça quand j’étais encore plus jeune, je savais que j’en étais capable.

Lors d’un précédent entretien pour sofoot.com, tu expliquais avoir eu « un gros trou de mémoire » lié à l’émotion que le deuxième but avait suscité… C’est compliqué à expliquer. C’était comme un moment de vide. Je ne suis pas un émotif de base, mais là, ce n’était vraiment pas loin. On va dire que la larmichette commençait à arriver ! (Rires.) J’ai senti que j’étais proche de la bascule. Et puis j’ai repris conscience au moment où Vikash vient me voir pour me dire : « Hé, mais t’es fou ! »

Tu t’es senti porté par la foule et l’atmosphère du match ?Ah oui, c’est sûr et certain. À vrai dire, je n’ai connu qu’une seule ambiance plus impressionnante à Gerland : c’était contre le RC Lens pour remporter le premier titre de champion de France du club. Contre le Bayern à l’entrée des équipes, tu pouvais sentir le tremblement dans tout ton corps causé par le bruit des supporters. C’était fantastique.

Il faut être franc : si tu as un public à Turin lorsque la Juve met le deuxième but, ce n’est pas du tout le même dénouement.

Est-ce que tu penses que ce type d’adrénaline est aussi possible sans public ? Non, impossible. Quand tu regardes le match à la télé en ce moment, le son des supporters est totalement fictif… Il faut être franc : si tu as un public à Turin lorsque la Juve met le deuxième but, ce n’est pas du tout le même dénouement. Quand tu es devant ta télé, tu crois que tout est normal, alors que dans les faits, il n’y a personne. Faire les cinquante mètres de plus ou mettre le pied au moment où il le faut, c’est parfois grâce au public que tu arrives à le faire. En tout cas à titre personnel, j’étais un mec comme ça : je me donnais à fond pendant une heure, j’avais un coup de mou entre la soixantième et la soixante-dixième, puis je finissais à bloc grâce à l’ambiance du stade. Là, je ne peux pas vraiment donner de conseil aux Lyonnais, mais j’ai l’impression qu’ils ont compris comment faire puisqu’ils sont encore en lice.

Pour en revenir à ce Lyon-Bayern 2001, tu penses que c’est le plus grand match de ta carrière ? Non. J’ai été meilleur avant, j’ai été meilleur après. C’est juste le match où les gens m’ont découvert finalement…

Tu claques quand même deux buts de maboule face à Oliver Kahn. Il y a vraiment un match où tu as été meilleur que ça ? ! Ouais ! Si je te parle du meilleur match de ma carrière, je vais te surprendre. C’était lors de la défaite contre les Pays-Bas à l’Euro 2008 (4-1, N.D.L.R). Tout le monde a oublié ce match, car il s’était terminé sur une lourde défaite, mais sur le plan individuel, j’avais fait un match de fou en matière de football. Mais bon, on ne s’en rappelle plus !


Qu’est-ce que ce Lyon-Bayern a véritablement changé pour toi ? Le lendemain, je suis allé chez le buraliste et j’ai voulu acheter L’Équipe. Il m’a reconnu et m’a dit : « Aujourd’hui, c’est gratuit pour toi ! » (Rires.) Et plus la journée avançait, plus je me disais que c’était bizarre, car tout le monde était gentil au moment de s’adresser à moi, avec un grand sourire… C’est à ce moment-là que je me suis dit que j’avais fait quelque chose de spécial. (Il s’adresse à son ami à côté de lui.) Mais je rentre au Puy le lendemain d’ailleurs, non ? Oui, c’est ça ! Je me souviens que j’avais acheté ma 206 CC et que j’étais allé récupérer la commande chez mes parents… Oh, ce souvenir qui revient ! C’était ma toute première voiture.

Avec les joueurs actuels que Lyon possède, mais aussi les joueurs d’en face au Bayern Munich, penses-tu qu’on puisse aboutir au même résultat qu’en 2001 ? C’est compliqué à imaginer, mais en même temps, tout reste possible. Ce dont je suis certain, c’est que les Allemands et les Français sont les mieux préparés. À ce niveau-là, la récupération est hyper importante. Pour qu’un joueur soit prêt pour jouer à son meilleur niveau, il faut huit semaines. Lyon a fait huit semaines, Paris sept. Si tu arrives à plus courir que ton adversaire, tu as plus de chances de gagner. Contre Manchester City, c’est principalement sur le plan physique que la différence s’est faite. Et contre le Bayern, ce sera l’équipe qui va courir le plus qui passera, tu peux être sûr de ça ! Le Bayern me paraît un cran au-dessus, mais sur un match, ce n’est pas impossible. La cote est à combien ?
Pour une victoire 3-0, j’imagine qu’elle doit être haute… Si je veux gagner de l’oseille, je vais parier. (Rires.)

Propos recueillis par Antoine Donnarieix

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