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Gourvennec : « Jean-Louis Triaud est assez paternaliste »

Par Florian Lefèvre
Gourvennec : « Jean-Louis Triaud est assez paternaliste »


Depuis cet été, il y a comme un vent d’air frais breton qui s’installe sur la Gironde. Bordeaux marque, Bordeaux prend des buts, mais surtout Bordeaux joue. Le nouvel entraîneur Jocelyn Gourvennec fait un premier bilan de ses débuts avec le club bordelais.

Après avoir débuté votre carrière sur le banc de La Roche-sur-Yon en DH, vous assez passé six ans à Guingamp. Six ans, c’est énorme de nos jours pour un coach. Comment gère-t-on le fait de repartir à zéro avec un nouveau club ?On travaille de la même manière, simplement l’effectif est différent. Il faut à nouveau bien connaître les joueurs, bien connaître les hommes pour pouvoir avancer. Je pense qu’il y a un effectif de meilleure qualité à Bordeaux qu’à Guingamp. On est dans un grand club français. Plus fort. Mais je suis reparti sur les mêmes principes.

Qu’est-ce qui vous a particulièrement plu et particulièrement déplu durant les huit premières journées de la saison des Girondins ?On a une équipe vivante, assez technique, qui cherche à jouer. L’équipe est équilibrée, l’effectif l’est aussi – on a rajouté des joueurs expérimentés. Pour avoir un impact sur un groupe, il faut du temps. C’est une histoire de vécu, pour mieux connaître tout le monde et mieux se faire connaître.

Êtes-vous satisfait de l’impact que vous pouvez avoir sur votre équipe jusqu’à présent ?Dès le départ, les joueurs se sont mis dans le travail, dans l’effort, dans le collectif. Ça s’est vu tout de suite. Quand on met sur pied une équipe, il faut être le plus prêt possible le plus vite possible. Ça s’améliore par étape. Dans ce début de saison, il y a des bouts de matchs qui nous coûtent cher. Maintenant, il faut qu’on soit plus régulier.

Est-ce que vous aviez le sentiment d’avoir atteint un plafond de verre à l’En Avant Guingamp ?

Je ne serais pas parti de Guingamp pour un club qui ressemblait à Guingamp. Ce n’était pas concevable.

Je ne mettais rien fixé comme objectif dans le temps à Guingamp. Je savais depuis le début que le jour où je sentirais que c’était le moment de partir, je partirais. Et là, je l’ai senti. Pour moi, c’était clair et net. J’ai senti que si je restais, la dynamique s’estomperait petit à petit. Venir à Bordeaux, un grand club français, c’était l’étape supplémentaire. C’était franchir un cap. Je ne serais pas parti de Guingamp pour un club qui ressemblait à Guingamp. Ce n’était pas concevable pour moi.

Racontez-nous vos premières impressions au sein du club…Chez les Girondins, j’ai découvert un club avec de grosses structures, beaucoup de salariés, mais en même temps un club très familial à l’image du président. Le président, c’est quelqu’un de très humain, proche de tout le monde. Jean-Louis Triaud est assez paternaliste avec tout le monde. Je trouve que c’est un atout. Il aime son club. Il est franc. C’est vraiment ce que j’apprécie chez lui.

Pendant l’échauffement du match contre Saint-Étienne, en ouverture de la saison, les Ultramarines vous ont accueilli avec cette banderole : « Merci pour le ménage dans le vestiaire, bienvenue Jocelyn » , en faisant référence à André Poko. C’est bien résumé ? Est-ce que vous avez fait le ménage dans le vestiaire en arrivant ? Ça, c’est un raccourci des ultras. Ils ont leur vision de l’extérieur. Moi, de l’intérieur, je suis arrivé avec mes idées. Certains voulaient partir, on a fait en sorte d’accéder à leur demande. Moi, je n’ai retenu personne. Et il y en a certains qui auraient voulu rester, mais qui, pour moi, n’étaient pas soit dans l’esprit soit dans ce que je voulais sur le plan football. On a perdu des joueurs forts athlétiquement comme Cheick Diabaté, Lamine Sané et Cédric Yamberé. Plus André Poko qui avait beaucoup d’impact. On a un peu modifié pour avoir une équipe plus dynamique. C’est un choix.

Bordeaux s’est distingué sur le marché des transferts en allant chercher notamment Jérémy Ménez et Jérémy Toulalan. Est-ce que l’effectif correspond à vos attentes du début du mercato ?Oui, complètement. Entre les joueurs qu’on avait, les plus jeunes, les plus expérimentés, les plus prometteurs. On a réussi le dernier jour du mercato à faire venir l’international polonais Igor Lewczuk qui est un vrai plus en défense. Le retour de Cédric Carrasso a aussi été important pour tout le monde. Il faut qu’on s’améliore sur cette base.

Les supporters des Girondins ont pu être frustrés par les précédentes saisons de leur club, qui a perdu de son standing depuis le titre de champion en 2009. Vous ressentez cette attente ?Il ne faut pas oublier que les Girondins ont gagné un trophée, la Coupe de France, en 2013 avec Francis Gillot et que le club s’est qualifié pour la Coupe d’Europe avec Willy (Sagnol). Qu’il y ait de l’exigence, évidemment, qu’il y ait de l’attente, évidemment, mais il ne faut pas que cette attente-là se transforme en impatience. On sait très bien que lorsque l’on est entraîneur, on n’a pas beaucoup de temps. Pour l’instant, je trouve que ça prend forme.

Cet été, Cédric Carrasso a dit à votre sujet : « Sa méthode parle à toutes les générations » (dans une interview pour France Football). Comment fait-on, en tant qu’entraîneur, pour concerner toutes les générations d’un groupe ?

On dit que la nouvelle génération est ingérable, je ne suis pas d’accord. Les jeunes joueurs sont complètement gérables, simplement ils ont des attentes différentes. La clef, c’est d’être à l’écoute.

Il faut s’adapter à tous les âges. Moi, j’ai quarante-quatre ans, j’ai des enfants qui ont l’âge de certains de mes joueurs. Donc je pense bien les comprendre, que ce soient les plus expérimentés, qui sont pères de famille, mais aussi les plus jeunes. Il faut avoir un discours pour tout le monde, mais après, il faut savoir s’adapter au caractère et à l’âge de chacun. On dit que la nouvelle génération est ingérable, je ne suis pas d’accord. Les jeunes joueurs sont complètement gérables, simplement ils ont des attentes différentes. La clef, c’est d’être à l’écoute.

Vous êtes un coach très proche de vos joueurs ? J’échange beaucoup, je suis attentif à tout le monde. Peut-être encore plus attentif envers ceux qui jouent moins ou sont un peu plus dans la difficulté. L’équilibre d’un vestiaire passe par là. Ce n’est pas très difficile de gérer les joueurs qui jouent beaucoup. Aujourd’hui, j’ai certains joueurs qui ne jouent pas beaucoup, mais qui progressent, parce qu’ils sont investis à l’entraînement et dans l’état d’esprit.

Vous avez senti un état d’esprit adéquat dès le début de saison ?Tous les joueurs étaient très déçus de la saison passée tant sur le plan individuel que collectif, donc ils se sont tout de suite mis dedans. J’ai trouvé qu’ils étaient très investis dès le départ. Après, avec le staff, on a su les intéresser et les remettre à la fois dans le travail et le plaisir.

Qu’est-ce que vous avez apporté qui manquait la saison dernière ?Il n’y a que les joueurs qui peuvent vous répondre. Je fais ce que je sais faire.

Seulement 18 000 personnes sont venues au stade lors des matchs à domicile contre Angers et Caen en septembre. Ça vous déçoit que l’affluence ne soit pas terrible ?Il y avait beaucoup de monde pour Nantes et Saint-Étienne au mois d’août (34 000 spectateurs, puis 23 000, ndlr). Je pense que c’est aussi l’affiche qui ramène plus de monde. Je ne suis pas focalisé là-dessus. Ce sera mieux s’il y a plus de monde, mais pour moi, ce n’est pas fondamental. Là, le kop fait beaucoup de bruit. C’est dynamisant. Après, c’est ce que dégage l’équipe et les résultats qui feront que les gens viendront en nombre.

Qu’est-ce que vous attendez de cette saison ?Qu’on redore le blason des Girondins, qu’on regagne des matchs et peut-être qu’on gagne un titre parce que ça marque l’histoire d’un club. Qu’on continue sur notre dynamique plutôt bonne du début de saison. Le plus important, c’est qu’on garde notre état d’esprit et l’envie de progresser, et les résultats devraient suivre.

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