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Gian Piero Gasperini, qui va piano, va sano

Par Adrien Candau
Gian Piero Gasperini, qui va piano, va sano

Si les clubs italiens ont pris pour habitude de dézinguer leurs entraîneurs à la première série de résultats négatifs, Gian Piero Gasperini a, lui, toujours insisté pour lentement et progressivement mettre en place ses méthodes. Cette saison, le voilà surprenant sixième de Serie A, à la tête d'une Atalanta qui s'impose comme la caution fraîcheur de ce début d'exercice 2016-2017.

« À un moment, j’ai eu l’impression d’être un mort en marche. » Gian Piero Gasperini n’est pas du genre à mâcher ses mots. À l’heure de défier la Roma ce dimanche, l’Atalanta pointe à une surprenante sixième place, alors que son entraîneur, nommé cet été, a paradoxalement été à deux doigts de se faire virer fin septembre. L’Atalanta, après quatre défaites en six journées de Serie A, se prépare alors à jouer deux rencontres cruciales face à Crotone et au Napoli. Deux matchs que le club de Bergame remporte haut la main. « Je savais qu’en cas d’échec contre le Napoli, la direction aurait dû prendre des décisions irrévocables » , explique Gasperini. « Mais nous l’avons emporté et j’ai gagné en crédit… Mais en réalité, c’est après la défaite contre Palerme (le 21 septembre dernier, ndlr) que j’ai vu les signes de ce que que l’équipe pourrait devenir. Le président est allé voir le staff, a parlé aux joueurs et a légitimé ma position. C’était ça, le vrai tournant… Car le temps, c’est la base de tout pour un coach. » Surtout pour un entraîneur aux méthodes long-termistes tel que Gian Piero Gasperini, qui n’est jamais aussi bon que quand il s’agit de faire durer le plaisir.

« Gasperson »

Un management qu’il a imposé avec succès le long de deux mandats au Genoa, de 2006 à 2010, puis de 2013 à 2016. Deux expériences prolongées, entrecoupées de deux intermèdes éphémères à l’Inter, où il prend la porte au bout de cinq matchs, puis à Palerme. Deux clubs demandeurs de résultats immédiats où Gasperini était condamné à échouer. Car si ce natif de Turin a besoin d’un temps d’adaptation pour mettre ses équipes en ordre de marche, c’est tout simplement parce qu’il est déterminé à avoir la main sur toutes les composantes du club. À tel point qu’il gagne à Gênes le surnom de « Gasperson » , par analogie avec Alex Ferguson, symbole iconique du manager à l’anglaise touche-à-tout et omniprésent.

La méthode Gasperini est d’abord indissociable d’un système de jeu inaltérable, le 3-4-3. Une formation que l’entraîneur a empruntée au grand Ajax des 90’s, alors que les clubs italiens et leurs 4-4-2 dominaient pourtant le football européen : « Dans les années 90, 90% des équipes italiennes jouaient en 4-4-2. Mais en Europe, je trouvais l’Ajax fantastique et ils jouaient en 3-4-3, on avait l’impression que les joueurs dansaient. Après avoir vu ça, jouer à quatre derrière m’a ennuyé, donc j’ai aussi commencé avec trois défenseurs. Les attaquants adverses ne voyaient plus la balle, car nous avions la main sur la possession. Mon idée de la défense, c’est de raccourcir les attaques adverses. Pour ça, il faut défendre en allant de l’avant. » Depuis, Gian Piero n’a cessé de mettre systématiquement en place son 3-4-3 maison, que ce soit à Crotone en Serie B, où il fait ses grands débuts sur le banc d’une équipe professionnelle, au Genoa et même à l’Inter. Où il tentera d’imposer sans succès sa formation fétiche à Sneijder, Cambiasso et Eto’o. « L’Inter savait que mon système était le 3-4-3. Je connais d’autres formations, mais c’est celle qui me semble la plus efficace quand j’entraîne une équipe, point. J’ai expliqué ça trois fois aux dirigeants de l’Inter. Je crois que la controverse autour de mon système a été un prétexte pour me virer rapidement. Mais s’ils ne croyaient pas en mon travail, pourquoi m’avoir choisi ? »

Le professeur

Autre composante de la méthode Gasperini, la post-formation et la responsabilisation sur le terrain de jeunes talents, qu’il façonne pour intégrer efficacement à son dispositif. Lors de ses deux passages à Gênes, il a notamment lancé en pro Domenico Criscito et Stefano Sturaro, fait exploser le talent de Thiago Motta aux yeux de l’Italie toute entière ou encore fait confiance à un encore tout jeune Sokrátis Papastathópoulos (vingt ans lors de son arrivée à Gênes) pour tenir sa défense. À Bergame, il a déjà lancé l’espoir ivoirien Franck Kessié dans le grand bain de la Serie A tout en confiant l’aile droite de son attaque à Andrea Petagna (vingt et un ans). Pas franchement étonnant compte tenu du passé de formateur de Gasperini, qui a entraîné pendant neuf ans, de 1994 à 2003, les équipes de jeunes de la Juventus. « Il regarde toujours au-delà des noms. À Gênes, il faisait participer aux entraînements les jeunes qui, selon lui, avaient les qualités pour aller plus loin. Et il a intégré à l’équipe des novices comme Mandragora, Sturaro ou Perin » , confiait en juin dernier aux médias transalpins Matteo Togni, responsable de communication du Genoa et très proche collaborateur de Gasperini lors de son second passage à Gênes.

Maniaque de la comm’

La communication et la relation avec les médias constituent une autre pierre angulaire du management à la Gasperini. L’actuel entraîneur de l’Atalanta est réputé pour tout lire, tout décortiquer de ce qui se dit sur lui et de ses équipes dans la presse, afin d’anticiper les polémiques à venir et optimiser le traitement médiatique des clubs dont il a la charge. Togni encore : « On dit aussi que c’est un manager à l’anglaise parce que c’est un maniaque de tout ce qui est lié à l’extrasportif. Il s’implique dans le marketing, la communication et les réseaux sociaux. Il lit tout ce qui se dit sur le club, même les blogs. À la fin de chaque match et avant chaque interview, j’analysais avec Gasperini les faits de jeu à vitesse réduite. J’avais un collaborateur qui enregistrait le match de chez lui et m’envoyait au coup de sifflet final un fichier avec tous les commentaires des chaînes de télévision. Gasperini voulait tout connaître à la virgule près, y compris comment avaient été interprétées les décisions arbitrales. » Et quand il s’agit de se prêter au jeu des caméras, l’entraîneur fait l’effort de dévoiler certaines de ses préférences footballistiques, comme lorsqu’il confie à Sky Sports son onze de rêve du Genoa en octobre 2015.

S’il n’est pas le dernier à accepter de parler tactique, Gian Piero Gasperini reste néanmoins un homme très discret en dehors des terrains, qui ne laisse pas filtrer grand-chose de sa vie privée en interview. « C’est très difficile de me faire parler de moi » , concède ainsi l’ancien gourou de Gênes. Qui explique « avoir très peu de hobbies en dehors du football » . « Je ne peux pas m’adonner à mes autres centres d’intérêt, peut-être parce que le foot est la seule chose que j’aime vraiment. » À l’ombre de l’entraîneur obsessionnel s’esquisse le profil d’un homme rangé, marié de longue date à Cristina, professeur d’éducation physique avec qui il a eu deux fils, Andrea et Davide. De quoi se dire que Gian Piero Gasperini à une conception de l’amour probablement pas si lointaine de celle du football. Où les relations longues priment sur les idylles éphémères.

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