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Gérard le préz’

Par Eric Carpentier
Gérard le préz’

Il y a 18 mois, Frank McCourt était le nouveau shérif en ville et Gérard Lopez le cinquième frère Dalton. Mais voilà que les choix des uns et des autres ont inversé la tendance et qu'aujourd'hui, le Lillois est le nouveau boss. Parce qu'il a quelques qualités, sans doute.

Que peut-on faire en neuf mois ? Redoubler sa seconde, enfanter un mioche ou récolter son ail, selon les âges. Mais aussi une chose qui touche toutes les générations, moins les cons : changer d’avis. Exemple ? 21 avril 2018, l’OM met le LOSC en pièces à quelques jours d’une demi-finale européenne – il faut rendre à Rudi ce qui est à Rudi – et Gérard Lopez est à peu près unanimement reconnu comme étant un homme qui marque contre son camp. Neuf mois et trois jours plus tard, pas mal de choses ont changé : Garcia va devoir réussir à gérer le cas Balotelli pour retrouver une légitimité, tandis que Lopez nage dans des eaux nettement plus apaisées. Et si des requins rôdent toujours autour du LOSC, le président peut avancer quelques arguments comme autant de bouées maintenant la tête de son projet hors de l’eau.

Les liaisons fructueuses

Au premier rang desquels une qualité qui n’a pu échapper à personne : Gérard Lopez sait s’entourer. Réussir à faire monter un entraîneur charismatique (Marcelo Bielsa), un recruteur renommé (Luis Campos) et un directeur passé par le Barça (Marc Ingla) à bord d’un projet LOSC Unlimited au nom alors aussi flou que ses contours relève de la performance. Lopez s’en gargarisait d’ailleurs, lors de sa conférence de presse d’intronisation dans le Nord en janvier 2017. « Avant l’histoire du LOSC, je connais quand même pas mal de monde » , disait-il, sourire en coin et maillot floqué « Lopez 2017 » posé sur le pupitre. L’arrivée surprise de Nicolas Anelka a depuis confirmé l’idée. De même que sa capacité à conserver à ses côtés un Luis Campos particulièrement attaché à sa liberté, ou à négocier avec ses créanciers pour satisfaire les exigences de la DNCG.

Christophe Galtier, lui, semble a priori moins sortir du réseau du patron lillois. Mais sa nomination en décembre 2017, les mercatos qui ont suivi et la saison en cours disent autre chose : une épingle sportive dessinée au bord d’un précipice monumental a été parfaitement négociée. Certes, un oui de Nicolas Pépé cet été, pour aller gagner en irrégularité du côté de Lyon, aurait pu tout changer. Certes, Lopez n’est pas le facteur-clé, en particulier pour ce qui touche aux transferts entrants. Reste que celui qui nous avouait à son arrivée regarder la Coupe de la Ligue en streaming au Venezuela a su écouter les bons conseils pour prendre les bonnes décisions, au détriment, peut-être, d’un romantisme personnifié par Bielsa.

Métaphysique des clubs

Mais le romantisme a-t-il seulement sa place au plus haut niveau ? Dans l’environnement économique du foot actuel, il est raisonnablement permis d’en douter. Et ça, Gérard Lopez l’a compris. Alors, ni mécène aux fonds illimités, ni bâtisseur sur le très long terme, il tente d’exister en cassant des codes, quitte à risquer le cassage de gueules. En affirmant que le LOSC « est un club de passage, comme le sont les dix-huit autres clubs en France, le PSG mis à part » , Lopez ne dit rien d’autre qu’une vérité, qui peut déranger, vérité de laquelle découlent une conséquence et une question. La conséquence, c’est que l’argent se gagne sur les transferts. Alors Lopez et ses collaborateurs montent une structure indépendante dont l’objectif exclusif est de scanner tous azimuts pour dénicher les perles. Et Galtier de s’en réjouir lors de la conférence de presse de présentation de Scoutly Limited : « Quand Luis nous parle d’une doublure au poste de latéral droit et qu’il nous parle d’un jeune joueur turc de 2e division, vous avez sûrement été nombreux à dire : « Ah bon ? Un joueur de ce niveau-là ? » Oui, mais le petit Çelik, il a été suivi, analysé, décortiqué, et voilà la preuve du travail qui est fait en amont. » Puis le LOSC vend, bien parfois, ainsi Fodé Ballo-Touré dont la valeur a pris entre 11 et 14 millions en 18 mois à Lille, dont 12 affreux.

Reste la question posée par cette approche. Elle est quasi métaphysique : qu’est-ce qui définit un club professionnel dans la moyenne ? En termes plus triviaux : préfère-t-on voir des joueurs défiler à grande vitesse et vivre des saisons à frissons, bons ou mauvais, ou estime-t-on qu’un club doit nécessairement se construire dans la continuité, avec ses piliers, son histoire, au risque de voir revenir dans le ventre mou plus souvent ? Gérard Lopez, en amateur de sensations fortes, a choisi. Au risque de faire tourner des têtes. Et des vestes.

Par Eric Carpentier

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