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  • Épisode 51

Ganso à Amiens : un partenaire particulier

Loïc Bessière
Ganso à Amiens : un partenaire particulier

Cet été pendant le mercato, So Foot revient chaque jour de la semaine sur un transfert ayant marqué son époque à sa manière. L’épisode 51 est consacré à l’arrivé de Ganso à Amiens. À l’été 2018, le meneur de jeu pose ses valises en Picardie dans un club pas habitué à voir un joueur de ce calibre débarquer. Si le Brésilien s’accommode de la tranquillité picarde et ne cherche pas à attirer la lumière sur lui, il en oublie de briller sur le terrain.

Le 13 août 2017, pour le premier match de Neymar sous les couleurs parisiennes, les journalistes brésiliens envahissent Guingamp, bourgade des Côtes-d’Armor. Un an plus tard, ils prennent leurs caméras et leurs blocs-notes pour se ruer en Picardie. « C’est la première fois que j’ai vu la salle de presse trop petite. D’habitude, elle est plutôt trop grande, car il n’y a que trois pelés et un tondu », raconte John Williams, directeur sportif du club amiénois. La cause : Ganso, qui s’engage à Amiens. Ce n’est pourtant pas une destination prévue pour le meneur de jeu, qui brille aux côtés du Ney à Santos. Pour le joueur promis à un grand avenir, le saut vers l’Europe ne se passe pas bien. Débarqué à Séville à l’été 2016, il se contente de regarder ses partenaires : seize matchs toutes compétitions confondues la première saison, onze celle d’après…

« J’ai pas mal d’amis au Brésil, et un m’a dit que Ganso cherchait un projet. On a mis du temps pour le convaincre, on lui a expliqué le projet sportif ainsi que le projet du club et il a adhéré », se souvient John Williams. Pour remplacer Gaël Kakuta, parti au Rayo Vallecano, le Brésilien devient la piste numéro un. Le 31 août, les Andalous acceptent de céder leur joueur en prêt tout en payant son important salaire. En signant à Amiens, Ganso ne privilégie pas la solution la plus lucrative. Gláuber Berti, ancien défenseur impliqué dans la transaction, l’explique pour UOL : « L’AEK a fait une offre très élevée, Gérone était aussi dans la course et il y avait une ou deux autres équipes qui étaient intéressées le dernier jour. Pepinho (NDLR, Giuseppe Dioguardi, l’agent du joueur) a également vu que la France serait la meilleure destination pour lui, et pour Ganso. »

Là où il y a eu une surprise, c’est tout l’engouement qu’il y a eu au Japon.

Japon, campagne et chiens

L’arrivée de Ganso permet à Amiens d’être placé sur une carte par les fans de football, et cela a des conséquences inattendues pour John Williams : « Là où il y a eu une surprise, c’est tout l’engouement qu’il y a eu au Japon. Car il est super célèbre, là-bas. À l’époque, nous n’étions pas équipés pour vendre des maillots au Japon et ceux de Ganso étaient demandés un peu partout dans le monde. » Paradoxalement, si les faits et gestes du meneur de jeu en Picardie sont scrutés par toute la planète, les Amiénois le laissent faire sa vie. Cela tombe bien, il n’attend que ça, lui qui est sollicité en permanence depuis ses débuts à Santos à 19 ans. « Il s’était pris une petite maison à vingt minutes d’Amiens, en pleine campagne, relance le directeur sportif. Il habitait là, avec sa femme et sa fille. Il avait des chiens, peinard. Les gens à Amiens sont respectueux, donc même s’ils le reconnaissaient, ils le laissaient tranquille. »

Calme et posé dans la vie, Ganso l’est aussi dans le vestiaire où il n’apporte pas une touche de bling-bling comme son ami Neymar. « Il y a le footballeur qui est une star mondiale, il y a l’homme qui est d’une humilité et d’une simplicité énormes. Il n’a jamais rien réclamé, jamais joué de son statut de star et il a très vite appris le français », appuie John Williams, encore des étoiles dans les yeux. Comme ce dernier, Christophe Pélissier et ses coéquipiers apprécient sa mentalité. Mais l’ancien entraîneur d’Amiens apporte une nuance : « Lui ne demandait pas à être traité différemment des autres, et le vestiaire a assez bien réagi au départ. Cela s’est un peu gâté par la suite, car les joueurs sentaient que Ganso faisait moins d’efforts que les autres. Les résultats ne suivant pas, il y a toujours des boucs émissaires. Mais ça s’est bien passé. Il aurait pu arriver avec des états d’âme ou autre à Amiens, mais cela n’a pas été le cas. Il s’est fondu dans un collectif, dans un club. »

Les joueurs sentaient que Ganso faisait moins d’efforts que les autres.

Du mal à chevaucher la Licorne

Si tout se passe bien pour Ganso dans sa nouvelle vie picarde, c’est une fois les crampons chaussés que cela ne se déroule pas comme prévu : treize matchs, trois passes décisives et zéro but. Les stats en France, toutes compétitions confondues, de Paulo Henrique Chagas de Lima ne sont pas à la hauteur de sa réputation. Le Brésilien a-t-il perdu de sa magie, en traversant l’Atlantique ? « Il a besoin de jouer à son rythme de jeu, avec une équipe qui soit tournée vers lui, détaille Christophe Pélissier. Or, comme on ne performait pas, les ballons étaient difficiles à récupérer. Gaël Kakuta aidait beaucoup l’équipe, à ce niveau-là. Ganso était très bon avec le ballon, mais un peu moins quand l’équipe ne l’avait pas. » L’ancien coach de Luzenac se demande si ses coéquipiers ne le voient pas comme le sauveur : « Quand on a un joueur de ce calibre dans un club comme Amiens, peut-être que certains se disent inconsciemment : « On va faire un peu moins d’efforts, car Ganso va nous faire des miracles à lui tout seul. »Mais c’est un joueur qui a besoin du collectif ! »

Titulaire seulement cinq fois en Ligue 1, Ganso ne parvient pas à enchaîner. Jusqu’à la fin de l’aventure, en décembre. Après avoir refusé de se déplacer à Guingamp, il quitte le club direction son Brésil natal et Fluminense. Mais si le meneur de jeu délaisse la France, c’est pour des raisons familiales, dit-il. Il laisse en tout cas à Amiens des regrets, sportivement parlant. « Un joueur de ce talent-là, à un moment donné, aurait pris la mesure collectivement de l’équipe. Mais surtout, il aurait pris la mesure du championnat », conclut Christophe Pélissier. John Williams : « Il n’est pas arrivé au bon moment. Un an plus tôt, on vivait notre première année en Ligue 1. Il aurait été notre joueur référent, celui à qui l’on donne le ballon. Un an plus tard, il y avait Luka Elsner sur le banc avec une philosophie qui lui correspondait plus. Que Ganso ne se soit jamais épanoui à Amiens, c’est mon plus gros regret au club ! » Il aura manqué une bonne dose de savoir-faire, à ce partenaire si particulier…

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Loïc Bessière

Propos de John Williams et de Christophe Pélissier recueillis par LB.

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Michael Hoganson

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