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France-Bulgarie 93 ? Non, Bulgarie-France 92 !

Par Marc Hervez
France-Bulgarie 93 ? Non, Bulgarie-France 92 !

On le sait, la France a échoué à se qualifier pour la Coupe du monde américaine. Excès de confiance, tensions entre cadres du vestiaire, malchance irrationnelle... Les raisons de l’échec de la bande à Houllier sont légion et ont été maintes fois analysées. Si bien qu’on en oublie souvent qu’avant France-Bulgarie 1993, il y eut Bulgarie-France 1992.

Le centre trop long de Ginola, l’absence de Di Meco pour découper le contrevenant à 35 mètres des cages de Lama, le temps de réaction trop long de Laurent Blanc, la frappe exceptionnelle de Kostadinov qui aurait dû finir en tribunes. Tout le monde ou presque a vu, revu et analysé l’action. Chacun se souvient d’où il était le soir du plus grand traumatisme de l’histoire du foot français, ce 17 novembre 1993, lors du match qui sonna le glas de la génération Papin-Cantona-Ginola, qui ne disputeront jamais de Coupe du monde ensemble, alors qu’un nul face aux Bulgares suffisait.

Peu de monde, en revanche, pour se rappeler le match aller à Sofia, qui s’était lui aussi soldé par une défaite des Français. Avec le recul, on sait aussi que prendre un point au stade Vasil Levski aurait amplement suffi pour rallier les States en 1994. Curieusement, cette rencontre, premier match des Bleus dans ces éliminatoires, a disparu des mémoires. Y compris chez les protagonistes de l’époque. « Franchement, c’est loin. Je ne visualise même plus le stade, avoue le Marseillais Jean-Philippe Durand, rentré à l’heure de jeu à la place de l’Auxerrois Pascal Vahirua.C’était quand, déjà, ce match ? Septembre, vous dites ? Je crois on avait perdu 2-1 en fin de match, sur un penalty causé par Jean-Pierre Papin. »

Casoni : « Il me semble que j’avais fait mon match »

Pas vraiment. Il faut croire que le temps a fait son effet. L’équipe de France s’était en réalité inclinée 2-0, et le score était déjà ficelé à la demi-heure de jeu. Mais Durand n’a pas tout faux : le Ballon d’or en titre JPP fut effectivement coupable d’une faute dans sa propre surface de réparation, sur… Kostadinov, déjà. Autour de la 20e minute de jeu, le nouvel avant-centre de l’AC Milan s’est mis en tête de poursuivre son effort pour récupérer un ballon perdu bêtement par Emmanuel Petit – qui à l’époque évoluait latéral gauche – au milieu de terrain. La suite ? « Tacle d’attaquant » , faute, et but de Stoichkov sur penalty. À peine dix minutes plus tard, Bruno Martini était de nouveau battu, lobé involontairement par Krasimir Balakov, qui eut la bonne idée de contrer un dégagement d’Emmanuel Petit, encore lui.

Pour résumer : un penalty évitable, et un rebond malencontreux qui aboutit sur un but gag, et voilà comment on prend du retard à l’allumage dans une campagne de qualif’. La faute à pas de chance ? Un peu. Sauf que les équipes souveraines n’encaissent jamais ce genre de but. « Le climat général autour de l’équipe de France ne respirait pas la sérénité. Moi, il me semble que j’avais fait mon match. On avait de bons joueurs, oui. Mais il faut croire que l’on n’était pas une grande équipe, regrette de son côté Bernard Casoni, aligné ce jour-là en charnière avec Alain Roche. Il fallait remettre les têtes à l’endroit, et ce n’était pas simple. »

Baptême raté pour Gérard Houllier

Le contexte n’était effectivement pas favorable à un si soudain déplacement commando dans les Balkans le couteau entre les dents. Difficile baptême pour Gérard Houllier, qui dirigeait là son premier match officiel à la tête des Bleus. À l’époque, le futur entraîneur de Liverpool et de Lyon vient à peine de prendre la succession de Michel Platini après un Euro 92 raté, malgré un statut de favori. « On était allés à l’Euro avec l’espoir de faire quelque chose, à la suite d’une campagne éliminatoire parfaite. Ce fut une grosse désillusion d’être éliminés au premier tour » , ajoute Casoni. Si les vétérans Luis Fernandez ou Christian Pérez ne sont plus là, Houllier décide malgré tout pour ce déplacement de faire le choix de la stabilité et de s’appuyer sur l’équipe qui s’est rendue en Suède l’été précédent. Un groupe à forte ossature marseillaise – après tout, Boli, Deschamps, Papin et consort sont performants avec leur club et ont l’habitude de gagner des matchs au mental. Mais à la suite de cette défaite, les jours de ce noyau olympien sont comptés.

Parisiens-Marseillais, une rivalité surfaite

En fin d’année 1992, les trentenaires Jean-Philippe Durand et Bernard Casoni vivront leur dernière sélection en bleu lors du match face à la Finlande. Moins près des joueurs que son prédécesseur dans l’affect, le nouveau sélectionneur national donnera à son groupe un accent davantage parisien, sans pour autant se passer des leaders que sont Sauzée, Boli ou Deschamps. « À mon époque, il y avait assez peu de joueurs du PSG. Mais à la suite de la défaite en Bulgarie, Houllier a renouvelé le groupe et incorporé Le Guen, Guérin, Ginola » , débite Jean-Philippe Durand. Ce qui a donné lieu à moult spéculations sur le véritable esprit de cette équipe de France, qu’on aimait présenter scindée en deux clans habitués à se tirer la bourre en championnat : les Phocéens d’un côté et les Parisiens de l’autre.

« Fournier a joué à l’OM, on était voisins. Ginola, je l’ai connu à Toulon, c’était un pote. Il n’y avait pas tant de tensions que ça, on ne créait pas de querelles, calme Casoni. Bon, des mecs comme Lama ne supportaient pas certaines choses. Mais c’est davantage le climat général qui n’était pas propice à la qualification. » Quoi qu’il en soit, on a souvent imputé le fiasco des Bleus, pourtant costauds sur le papier, à cette tension sous-jacente permanente entre joueurs de la capitale et de l’OM et dont le climax se serait manifesté au Parc face à Israël et – surtout – la Bulgarie au Parc. Alors qu’il suffisait simplement qu’Emmanuel Petit soit dans un meilleur jour quatorze mois plus tôt.

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