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France-Australie : Jusqu’ici, tout ne va pas si mal

Par Clément Gavard
France-Australie : Jusqu’ici, tout ne va pas si mal

Dans un contexte délicat, l'équipe de France a chassé le pire pour s'offrir de la confiance et un répit mérité en s'imposant facilement contre l'Australie pour lancer sa Coupe du monde.

Il n’est jamais simple de se montrer mesuré à l’approche d’une Coupe du monde, une aventure pendant laquelle les cartes sont rebattues et les logiques parfois bousculées. Plus de quatre ans après son sacre en Russie, l’équipe de France se présentait au Qatar avec peu de certitudes et une collection de doutes. Pire, il fallait s’attendre à un fiasco, au tournoi de trop, à une dégringolade grandeur nature, comme en 2002. Les plus vicieux, attirés par l’odeur du sang, étaient prêts à voir la bande à Didier Deschamps se planter dans les grandes largeurs. Les inquiets avaient de quoi l’être après une campagne désastreuse en Ligue des nations en guise de grande répétition (trois défaites, deux nuls, une victoire), une farandole de blessures chez les cadres (N’Golo Kanté, Paul Pogba, Presnel Kimpembe, Mike Maignan, Christopher Nkunku) et une tuile de dernière minute obligeant Karim Benzema, le Ballon d’or, quitter le camp de base de Doha pour rentrer à la maison la cuisse dans le sac.

Les pessimistes ont cru que le début de scénario du premier match contre l’Australie, au stade Al-Janoub, allait leur donner raison. Comme si tout n’allait pas déjà trop mal dans la vie des Bleus, ils ont pris deux coups de massue supplémentaires en moins d’une minute, entre l’ouverture du score de Craig Goodwin et la sortie sur blessure de Lucas Hernandez, a priori gravement touché au genou sur la même action. Les mots prononcés par le sélectionneur la veille ont peut-être résonné dans la tête des joueurs tricolores, malmenés dans le premier quart d’heure : « Il faut du calme et de la sérénité. » Voilà deux des nombreux ingrédients mis par Antoine Griezmann et ses potes pour écrire la suite de l’histoire en leur faveur, avec un large succès à la clé (4-1) et une bonne poignée d’éléments pour se rassurer et chasser quelques nuages.

C’est la première difficulté qu’on rencontre dans ce tournoi. On le sait : dans une compétition comme ça, à chaque difficulté, ce sera le moment d’élever le niveau, tous ensemble. Et on a su le faire.

Des satisfactions et peu de pression

Cette fois, Deschamps n’a pas eu besoin de dédramatiser la situation face à la presse, sa spécialité ces derniers jours. Ses poulains s’en sont chargés sur le terrain, comme des grands, alors même que le ciel aurait pu leur tomber sur la tête à la 9e minute de jeu. « On aurait pu se précipiter, ne pas prendre le temps de construire les actions. Malgré ça, j’ai senti l’équipe concentrée, en maîtrise, analysait Hugo Lloris après la partie. C’est une bonne chose parce qu’on va en avoir besoin. C’est la première difficulté qu’on rencontre dans ce tournoi. On le sait : dans une compétition comme ça, à chaque difficulté, ce sera le moment d’élever le niveau, tous ensemble. Et on a su le faire. » Une première montagne gravie et une équipe qui en a été une, ce qui n’a pas toujours été le cas cette année. Ce n’était que l’Australie, un adversaire plutôt faible en dehors de 25 premières minutes cohérentes, mais les bons points sont nombreux : Olivier Giroud a égalé Thierry Henry en retrouvant le chemin des filets en Coupe du monde, Théo Hernandez a parfaitement remplacé son frère, Antoine Griezmann a été brillant, Kylian Mbappé altruiste, Ousmane Dembélé utile, Adrien Rabiot décisif, et la charnière expérimentale et inexpérimentée s’est imposée comme une belle surprise. Une première de rêve, en somme.

Surtout, ce succès inaugural est arrivé au bout d’une journée où l’on aura vu l’Argentine, présentée comme l’un des grands favoris, se prendre les pieds dans le tapis face à la modeste, mais surprenante Arabie saoudite d’Hervé Renard. « Il n’y a pas que les Saoudiens qui ont posé des soucis à des favoris », notait Deschamps en pensant au mauvais départ des siens. « Quatre buts, c’est bien, même si on aurait pu en mettre plus, a-t-il même ajouté, un poil exigeant, mais aussi juste. Un premier match n’est jamais facile. Bravo à l’ensemble du groupe. » Les Bleus ne feront pas comme en 2002, c’est déjà réglé. Ils n’avanceront pas non plus dans la compétition avec la même pression : en vérité, plus personne ne s’attend à voir cette équipe de France décimée aller au bout, alors que la malédiction des champions du monde en titre plane au-dessus des têtes tricolores et qu’aucune sélection n’a réussi à conserver le trophée depuis le Brésil en 1962. À quatre jours de retrouver le Danemark, sa bête noire cette année (défaites 2-0 et 2-1), la France s’est offert un sourire et un peu de légèreté.

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