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France-Argentine : les nouveaux antagonistes

Par Nicolas Kssis-Martov

La France croise de nouveau la route de l'Albiceleste en quarts de finale du tournoi masculin des Jeux olympiques, à domicile. Dans un climat général où l’Argentine endosse désormais le rôle de notre super vilain préféré dans le sport.

France-Argentine : les nouveaux antagonistes

« Maintenant, un autre tournoi commence ! » Thierry Henry a sûrement en tête le nom et le statut de son futur adversaire lorsqu’il prononce ces paroles après la victoire contre la Nouvelle-Zélande (0-3). L’Argentine ne constitue plus aux yeux des Français une équipe anodine, ou seulement un grand nom du football mondial. En cause notamment ce triste soir au Qatar où les coéquipiers de Lionel Messi ont privé les Bleus d’une troisième étoile. Le véritable contentieux s’avère néanmoins largement extra-sportif et débute lors des célébrations qui ont suivi à Buenos Aires, sur fond de mépris sans filtre et de racisme quasi-assumé.

Un soupçon de racisme que le chant de certains supporters argentins, pointant l’origine africaine et la couleur de peau de joueurs français, ne faisait que tristement confirmer. Ainsi, lorsqu’après leur sacre en Copa América, une partie de l’Albiceleste l’a entonné le 15 juillet sur une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, à quelques jours à peine des JO, le malaise s’est de nouveau imposé dans l’actualité.

Au point que la FFF a porté plainte auprès de la FIFA, tandis que de l’autre côté de l’Atlantique l’affaire devenait éminemment politique. Le sous-secrétaire d’État aux Sports argentin Julio Garro a été de la sorte renvoyé sans ménagement pour avoir osé demander à la sélection nationale de s’excuser. Le président Javier Milei, le Jordan Bardella du coin, n’avait pas apprécié que l’on touche à la « liberté d’expression» de « ses » joueurs. Toutefois, de retour sur le Vieux continent, Enzo Fernandez, auteur de ce fameux « live », a pour sa part préférée faire amende honorable auprès de ses coéquipiers du club de football de Chelsea, dont les Français du vestiaire des Blues, tel Wesley Fofana ou Axel Disasi.

À vos sifflets

En débarquant dans l’Hexagone, la délégation argentine ne s’attendait pas, malgré tout, à un tel accueil. L’hymne argentin a été copieusement sifflé lors du match lunaire contre le Maroc à Saint-Etienne, et les fans des Lionceaux de l’Atlas n’étaient pas seuls en cause. Rebelote samedi dernier, avant la rencontre face à l’Irak ; de même qu’en rugby à 7 au Stade de France, alors que les Pumas s’apprêtaient à affronter le Kenya. Désormais, à chaque fois qu’un ou une athlète argentin-e se présente dans une quelconque compétition, la question taraude les commentateurs, quelle sera la réaction de l’assistance ?

D’une façon étrange finalement, le football a imposé son empire sur ces Jeux olympiques, dans un pays où le ballon rond ne connaît guère de concurrence en termes de popularité et de codes culturels dans les gradins. Le public, quel que soit les lieux, se comporte davantage comme dans un stade de foot, avec une ferveur et des manifestations de soutiens, ou de joie, peu habituelles les lors des épreuves d’escrime ou de natation. Cette tension envers l’Argentine est clairement une importation de cet « autre monde » du foot, d’habitude moins central dans le déroulé et la narration de la grande messe des anneaux.

Laver les affronts

Lorsque les Bleus d’Henry entreront vendredi sur la pelouse de Bordeaux – une parenthèse enchantée dans cet été douloureux footballistiquement parlant dans la ville des Girondins –,  les enjeux dépasseront largement le seul cadre de ces 90 minutes. Nous y sentirons inévitablement un arrière-gout de revanche, comme à chaque fois que la France défiait la Mannschaft après Séville 82. L’asymétrie entre une Coupe du monde FIFA et le tournoi du CIO sera partiellement gommée par la présence en face de Julián Álvarez et Nicolás Otamendi, deux protagonistes du match maudit à Doha, qui seront sûrement alignés.

Il s’agira aussi de laver l’affront presque politique fait à notre pays, qui en outre utilise – sans nourrir d’illusion, espérons-le – un peu ces JO pour panser ses plaies et ses divisions (d’autant plus depuis la cérémonie d’ouverture), et ce malgré la volonté de l’extrême-droite de saboter une fête fédératrice jugée trop « wokiste » et à contre-courant de ses ambitions électorales. Cependant, il existera également une dimension strictement sportive. Dans l’actuelle success-story tricolore, et l’enthousiasme consensuel qu’elle suscite, il serait dommageable que le ballon rond se révèle un des rares sujets de déception, quand déjà d’autres sports collectifs brillent ou peuvent espérer décrocher des podiums (attention quand même à l’immense désillusion chez les hommes au basket ou au hand). Une pression supplémentaire sur les épaules de ces Bleuets et de leur sélectionneur. Ce dernier a entre les mains la double mission de venger la ferté nationale tout en allant toujours décrocher cette fameuse médaille, une breloque devenue presque désormais un devoir national.

Par Nicolas Kssis-Martov

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