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Formation en France et fuite des talents : le péril jeune

Par Clément Gavard et Guillaume Laclotre
Formation en France et fuite des talents : le péril jeune

Les clubs français peuvent-ils encore profiter de leur travail de formation ? La question se pose chaque année avec toujours plus d'insistance au regard de l'exode de joueurs à peine majeurs qui préfèrent partir pour signer leur premier contrat professionnel loin de leur club formateur. Un problème national, qui concerne aussi bien le Paris Saint-Germain et Lyon, que des clubs moins huppés comme Metz ou Nancy, et qui soulève de nombreuses interrogations. Surtout, une grande inquiétude : celle de voir les clubs professionnels délaisser la formation, par manque de rentabilité, dans les années à venir.

L’histoire de Kiliann Sildillia ressemble à celle de beaucoup d’autres jeunes joueurs. À tout juste 18 ans, le prometteur défenseur a décidé de quitter Metz, son club formateur, pour traverser le Rhin et signer un premier contrat professionnel de trois ans à Fribourg, en Allemagne. Né à quelques minutes du stade Saint-Symphorien ; à Montigny-lès-Metz, et arrivé à 9 ans à l’école de foot des Grenats, Sildillia avait pourtant le profil parfait pour lancer sa carrière ici, dans sa ville, et devenir l’un des chouchous du public messin. « La saison dernière, on lui avait déjà proposé de signer un contrat stagiaire, il avait dit oui avec sa famille, puis il a refusé en nous disant carrément qu’il voulait aller à Fribourg. Et d’un seul coup, tout ce qu’on faisait était mal, il n’était plus bien chez nous, développe Olivier Perrin, directeur du centre de formation du FCM. Fribourg n’a pas voulu payer, il est resté chez nous, il a travaillé normalement, il est même monté chez les pros parce qu’il était bon. On lui a proposé un contrat professionnel en décembre. Et il a encore refusé. »

Au moment de partir, il reste dans la boîte à souvenirs cette unique apparition dans le groupe de Vincent Hognon cette saison, à Rouen, où il aura assisté du banc à une triste défaite (3-0) de son équipe en 32es de finale de Coupe de France.

 Il faut qu’on m’explique en quoi faire sa post-formation à Fribourg garantit de jouer en Bundesliga. Je suis presque convaincu que le premier argument est financier.

« Le marché allemand est devenu très attractif pour les jeunes joueurs français, pose Ali Boughardayan, l’agent du jeune Sildillia. Il y a beaucoup de réussites, des jeunes qui s’imposent là-bas, qu’ils aient déjà joué en Ligue 1 ou pas. Ça fait réfléchir les gamins. » Olivier Perrin, lui, ne partage pas le même point de vue : « Je lui souhaite de réussir. Kiliann est quelqu’un que j’apprécie, mais il faut qu’on m’explique en quoi faire sa post-formation à Fribourg garantit de jouer en Bundesliga. Vous avez vu beaucoup de jeunes Français réussir là-bas ? Je suis dubitatif. Et je suis presque convaincu que le premier argument est financier. » L’opposition de deux modes de fonctionnement, probablement trop différents pour cohabiter sur le long terme, qui symbolisent le malaise autour de la fuite des talents français ces dernières années (fin 2016, l’observatoire du foot CIES alertait déjà sur le transfert international précoce des mineurs). Kiliann Sildillia n’est pas le premier à quitter le nid avant d’avoir percé, il ne sera pas non plus le dernier. Et c’est bien cela qui est inquiétant.

Le paradis chez les autres

Une question se pose automatiquement face à cet exode : depuis quand les clubs français se font-ils piller des joueurs à la sortie des centres de formation ? Le phénomène n’est pas récent, même s’il n’a cessé de prendre de l’ampleur ces dernières années. « Il faut séparer l’avant et l’après-arrêt Bosman (en 1995, N.D.L.R.), estime l’économiste du sport Jean-François Brocard, notamment auteur d’Agents sportifs et marché du travail. Dans les années 1980-1990, il n’y avait pas autant de jeunes de 18 ans à partir, ça n’arrivait quasiment pas. Les premiers sont des joueurs comme Silvestre, Dabo, Le Tallec… La formation française a été l’exemple à suivre à l’international pendant très longtemps, et on arrive certainement au bout d’une histoire en ce moment. » Une histoire qui concerne tout le monde, du Paris Saint-Germain aux pensionnaires de Ligue 2. Récemment, le PSG a vu détaler des titis comme Tanguy Kouassi, Adil Aouchiche qui ont, comme Kingsley Coman ou Dan-Axel Zagadou à l’époque, décidé de parapher leur premier contrat pro ailleurs. « Le problème de Paris, c’est qu’il faut que les jeunes jouent, juge Christian Gourcuff. Plus vous montez dans la hiérarchie des clubs, plus c’est dur de garder de jeunes qui ont moins d’ouvertures. » Jean-François Brocard pense aussi au sens de l’anticipation du club parisien : « Aouchiche et Kouassi ont pu négocier des salaires confortables. Je ne suis pas certain que le PSG avait envie de s’aligner parce que ça aurait créé une jurisprudence pour les prochains dossiers. »

L’Olympique lyonnais, dont le centre de formation est réputé comme l’un des meilleurs en Europe, ne fait pas figure d’exception. Depuis son arrivée sur le banc des Gones, Rudi Garcia ne donnerait pas assez leur chance aux jeunes talents de l’académie rhodanienne.

 Rayan Cherki a eu deux propositions de top clubs étrangers avec au moins une prime à la signature de dix millions d’euros ! 

Sa réponse ? « C’est un faux procès. C’est bien d’être communautariste, chauvin, mais il faut être objectif. Les jeunes ne jouent pas, et s’ils ne jouent pas, c’est qu’ils n’ont pas le niveau. » Résultat, Amine Gouiri (20 ans) a filé à Nice, Pierre Kalulu (20 ans) à l’AC Milan et Melvin Bard (19 ans) serait dans les petits papiers du Bayern Munich. Petite consolation : Rayan Cherki (16 ans) a accepté de prolonger jusqu’en 2023 au début du mois, malgré quelques approches insistantes. « Il a eu deux propositions de top clubs étrangers avec au moins une prime à la signature de dix millions d’euros ! glisse un agent français. Jamais Lyon ne lui a donné ça, il a peut-être touché un ou deux millions d’euros, je ne sais pas. » Pour des minots à peine majeurs, les championnats étrangers apparaissent comme des eldorados. « Pour certains qui ont connu la galère durant leur jeunesse, une prime à la signature perçue à l’étranger permet de changer la vie de toute la famille, de tous les frères et sœurs, assure ce même agent. C’est une réalité, la donnée économique est très importante. » Les dirigeants de clubs allemands, anglais, italiens ou espagnols l’ont bien compris, et ne se gênent donc pas pour repérer les meilleures pépites du réservoir hexagonal le plus tôt possible. « Avant, on était tranquilles à Metz, on avait surtout beaucoup d’émissaires quand on venait jouer à Paris, se souvient Olivier Perrin, le directeur du centre. Aujourd’hui, je vous invite à venir voir les matchs des catégories de 14-15 ans, c’est fou le nombre de gens présents. » Un constat qui marche aussi avec l’environnement quotidien des jeunes joueurs.

Le poids de l’entourage

Car c’est bien là un enjeu qui émerge pour expliquer la fuite des talents français à l’étranger : la responsabilité de l’entourage. « On a une première phase de négociation avant que le joueur entre dans le centre de formation pour savoir à qui on a affaire, explique Éric Pegorer, en charge d’un centre de formation tout neuf à Clermont. On a une lutte d’influence autour des joueurs. On ne peut trouver notre salut qu’en tombant sur un entourage familial qui a les pieds sur terre. »

Maintenant, n’importe quel gamin a un agent à 12 ans.

Au-delà du cercle familial, les jeunes sont surtout entourés très tôt, parfois par des agents plus attirés par le gain à court terme qu’intéressés par la construction d’une carrière saine. « Maintenant, n’importe quel gamin a un agent à 12 ans, confirme Christian Gourcuff. Avant ça n’existait pas. La discussion se faisait directement avec les parents. » Il y a les agents affiliés à la FFF, puis il y a les autres, plus obscurs, qui baignent dans l’illégalité. « On les qualifie d’usurpateurs et d’imposteurs, s’emporte Stéphane Canard, président du syndicat des agents français (UASF). Pour travailler comme agent en France, vous êtes obligés d’avoir une licence. Or il y a une recrudescence de ces gens qui travaillent sans. » Des intermédiaires, pas forcément snobés par les clubs, qui pousseraient parfois les jeunes à partir à l’étranger. « S’ils veulent travailler en France, ils ne peuvent pas facturer, ni encaisser d’argent. La seule possibilité qu’ils ont de pouvoir toucher de l’argent, c’est d’envoyer les garçons à l’étranger, avance Stéphane Canard. Parce qu’à l’étranger, ils vont pouvoir obtenir plus facilement une licence, ou une licence d’intermédiaire. » Une question de facilité et des raisons financières assumées par un agent affilié à la FFF : « Je ne vous cache pas que les agents sont plus facilement commissionnés à l’étranger, notamment sur des joueurs mineurs alors que c’est totalement interdit. »

Le meilleur exemple récent est sans doute celui de Pape Gueye. Si le milieu de terrain de 21 piges s’est engagé à l’OM début juillet, il avait d’abord traversé la Manche pour signer à Watford au printemps. Avant de comprendre qu’il s’était fait entuber par son conseiller. « Aujourd’hui, Pape Gueye dénonce son contrat avec Bakary Sanogo, un intermédiaire malien qui sévit sur le marché français, explique Stéphane Canard, qui juge cette affaire comme symbolique. Sauf qu’il n’a pas de contrat puisque Bakary Sanogo n’a pas de licence française. Il l’a emmené à Watford, lui a fait passer une visite médicale en dehors de la réglementation. Le garçon se retourne contre lui, prend un avocat, et signe à Marseille. » Alors, comment expliquer l’emprise de ces intermédiaires ? Pour l’économiste Jean-François Brocard, il faut s’intéresser au profil socio-démographique des jeunes formés en France. « Il y a beaucoup de jeunes de cités, assure-t-il. C’est peut-être un cliché, mais ce n’est pas souvent ceux qui sont les mieux conseillés. Je pense que la qualité de l’entourage justifie parfois les échecs des clubs formateurs à faire signer leurs joueurs en interne. »

Si ces réseaux malveillants se sont développés comme des champignons, c’est bien parce que l’Hexagone possède une formation de grande qualité, donc un réservoir de talents très important. « Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac : des agents sont dans notre projet avec les joueurs. Heureusement, il y en a qui ont le bon profil, avec qui on peut parler foot et éducation », rappelle toutefois Olivier Perrin. D’autre part, ce serait une erreur de penser que ce problème ne se cantonne qu’aux personnels sans licence. « Quelqu’un qui s’est prétendu conseiller d’agent m’appelle la dernière fois… Il cherchait un agent pour gérer dix jeunes joueurs qui lui avaient confié leurs intérêts. La question à la fin, c’est : « Combien vous allez me donner ? » raconte Stéphane Canard. Je coupe court. Le problème, c’est qu’il y en a qui ne coupent pas court. » Olivier Perrin, qui explique « ne plus savoir à qui s’adresser » pour discuter de l’avenir d’un joueur, se veut réaliste : « Il y a très peu d’agents avec un projet à long ou moyen terme avec leurs joueurs. Ça correspond aussi à la société de zapping dans laquelle on est, le foot n’y déroge pas. »

Perte d’identité, recherche de profits

La société change, le monde du foot aussi, et les jeunes se servent de ces nouvelles perspectives pour élargir le champ du rêve et des possibles. Reste la question de l’attachement à la terre natale, au club formateur et à toutes ces années passées dans un lieu d’éducation, d’apprentissage, mais aussi de concurrence exacerbée.

Il faudrait déjà que les clubs aient une identité réelle pour que les jeunes soient attachés à celle-ci. La culture club, ça a disparu.

Y aurait-il un manque de reconnaissance chez la nouvelle génération ? Possible pour certains, même s’il ne faut pas négliger, chez beaucoup, le besoin de jouer dans la cour des grands de plus en plus tôt. « Autrefois, un gamin faisait sa formation, avait un contrat stagiaire, un premier contrat pro et il appartenait à son club jusqu’à l’âge de 23-24 ans sans problème, rappelle Christian Gourcuff. Le joueur acceptait d’attendre, il n’y avait pas cette impatience de jouer tout de suite. » Autre problème : la difficulté pour ces jeunes de s’identifier à des clubs en perpétuelle mutation. « La culture club, ça a disparu, enchaîne Gourcuff. Il y a trente ans, Auxerre et Nantes avaient ce style bien identifié. Il faudrait déjà que les clubs aient une identité réelle pour que les jeunes soient attachés à celle-ci. Aujourd’hui, c’est très flou vu que tout est éphémère. J’ai toujours considéré que la formation était justement un élément important pour fixer l’identité d’un club. »

Il ne faut cependant pas généraliser la tendance : les jeunes talents ne sont pas tous pressés. Mieux, certains comprennent l’importance de prendre leur temps. À Nantes, Christian Gourcuff aime prendre l’exemple d’Imran Louza (21 ans), qui sort d’une première saison convaincante en Ligue 1 : « Je pense qu’il y a une relation de confiance entre lui et moi. Son intérêt, c’est de rester encore un peu avec nous, peu importent les sollicitations, pour qu’il grandisse avant d’aller voir autre chose. Il fait partie des joueurs capables d’entendre que rester à Nantes, c’est dans son intérêt. » Même satisfaction du côté de Metz avec le jeune défenseur Lenny Lacroix (17 ans) – international U16 et passé par Mulhouse et… Strasbourg –, qui acceptait lui de signer un premier contrat professionnel chez les Grenats pendant que Kiliann Sildillia envisageait déjà son avenir à Fribourg. « Je peux vous dire qu’il avait des approches de clubs plus importants que ceux venus pour Kiliann, assure Olivier Perrin. Il y avait des grands clubs européens, Lenny a toujours dit : « Je veux jouer mon premier match à Saint-Symphorien, c’est mon objectif. » Ça fait quand même trop plaisir, et c’est un bon message envoyé à tout le monde. » Des exemples sur lesquels comptent les clubs pour convaincre les futures pépites de rester quelques années de plus. Sans pour autant oublier leur propre responsabilité dans cette tendance.

Car il serait trop facile de tout mettre sur le dos des jeunes impatients, des agents véreux ou du contexte économique et social. Les étrangers viennent se servir dans les centres de formation français ?

Avant il y avait un respect tacite entre les clubs français, mais il a totalement explosé.

C’est vrai, mais les clubs de l’Hexagone ne se gênent pas non plus pour s’attaquer entre eux. Les exemples sont légion chaque année. « Je ne touche pas à ces dossiers-là, balaie Olivier Perrin. Je n’ai aucune leçon à donner là-dessus, chacun mène la politique qu’il veut. » Un sujet presque tabou, tant les décideurs refusent de s’exprimer sur ce phénomène. « Avant, il y avait un respect tacite qui explose totalement », reconnaît quand même Éric Pégorer. Moins tabou, la frilosité de certains techniciens couplée à la pression du résultat sont des facteurs qui peuvent expliquer la lassitude des jeunes, qui doivent parfois (vraiment) attendre de trop longs mois avant d’avoir la possibilité de se faire une place dans le onze titulaire. À cela, il faut ajouter le modèle de trading, qui devient à la mode chez de nombreuses écuries françaises et qui pousse parfois les clubs à céder un jeune prometteur aux plus offrants pour remplir les caisses. « Aujourd’hui, les clubs, notamment ceux qui ont été rachetés ces dernières années, ont un besoin de rentabilité financière à court terme qui passe même avant les objectifs sportifs, développe Jean-François Brocard. Les clubs vont vendre leurs jeunes dès qu’ils peuvent parce que quand vous refusez cinq millions d’euros, vous n’êtes pas à l’abri qu’il se pète un genou et qu’il vaille zéro euro un an plus tard. » Le serpent qui se mord la queue, donc

Sauver la formation

Comment mettre fin à ce cercle vicieux ? Comment ne pas laisser la situation empirer ? Les clubs ont déjà lancé des pistes de réflexion, chacun de leur côté ou ensemble, pour faire en sorte de pouvoir profiter de leur travail de formation. En ligne de mire, la question de la réglementation. « Elle ne nous aide pas puisqu’il y a ce fameux premier contrat professionnel de seulement trois ans qui nous met en grande difficulté, présentait Nicolas Holveck, le président-délégué du Stade rennais, lors de la conférence de rentrée le mois dernier. C’est pour ça qu’on se bat pour passer à un contrat de cinq ans qui serait adaptable pour les joueurs de 16 ans, car ce sont pour les plus jeunes que le problème se pose. » Eric Péroger confirme le souci : « On est enfermés dans des contrats trop limités dans le temps ! Un joueur en formation arrive trop vite en fin de contrat. Avant, on avait le droit de proposer un contrat pro de quatre ans. Tout ça est aussi lié à la puissance de l’UNFP en France. » Résultat, les agents réclament des contrats professionnels beaucoup plus tôt, obligeant ainsi les clubs à prendre davantage de risques dans leur politique avec les jeunes. « Quand les plus grands clubs viennent chercher les meilleurs à 18 ans, ils ne prennent pas trop de risques, constate Olivier Perrin. De notre côté, quand on a un gamin qui est bon à 15-16 ans, on sait qu’il va vite falloir s’aligner sur le contrat pour ne pas se faire doubler. Plus on prend ce risque tôt, plus on peut se tromper. » Dans ce contexte, l’éducateur messin regrette que la FIFA ne valorise pas davantage le travail de formation. « Il faut augmenter les sommes, c’est très simple, lâche-t-il. Les indemnités de formation devraient être supérieures (plafonnées à 300 000 euros, N.D.L.R.). Les clubs qui forment prennent trop de risques pendant que les plus grands ramassent les joueurs. Si les indemnités venaient à doubler, et ça devrait aussi être le cas pour les clubs africains d’ailleurs, ça serait une autre mayonnaise. »

En attendant une évolution dans le bon sens, le risque de voir les clubs français délaisser la formation est réel.

On ne parvient pas à protéger notre formation. On met beaucoup d’argent dans le centre. Il va falloir se poser autour d’une table et se poser les bonnes questions.

Récemment, Jacques Rousselot, le président de Nancy, ne cachait pas son désespoir après avoir appris le départ du prometteur Gautier Ott, 18 ans, pour Hoffenheim (l’Allemagne, encore une fois). « Je suis écœuré. On ne parvient pas à protéger notre formation, déplorait-il dans L’Est Républicain. On met beaucoup d’argent dans le centre. Il va se falloir se mettre autour d’une table et se poser les bonnes questions. » Comprendre ici, pourquoi continuer à injecter de l’argent dans la formation si c’est pour voir les meilleurs éléments filer à l’étranger pour lancer leur carrière professionnelle ? « En tant que directeur de centre, ça m’inquiète beaucoup pour mon club, mais aussi pour les autres, souffle Olivier Perrin. Je comprends que les présidents qui investissent beaucoup d’argent finissent par être fatigués du manque de rentabilité. Aujourd’hui, la balance reste positive, mais il faut être vigilant, trouver les bonnes solutions et s’assurer que ce qu’on propose corresponde à ce que recherchent les jeunes. Si une majorité finit par vouloir partir, les présidents seront les premiers à se poser des questions. » Celles menant à l’abandon de la formation, ou tout du moins à une diminution drastique des investissements dans cette dernière. Dans tous les cas, l’issue serait dramatique pour le football français, qui perdrait ce qui fait sa force depuis des années : disposer des moyens, humains et financiers, permettant à des Tanguy Kouassi ou des Kiliann Sildillia d’entrevoir une carrière au plus haut niveau.

Dans cet article :
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Par Clément Gavard et Guillaume Laclotre

Tous propos recueillis par CG et GL, sauf mentions et ceux de Rudi Garcia, tirés du Progrès du 4 juillet 2020

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