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Florian Thauvin, je t’OM, moi non plus après son départ au Mexique

Par Adrien Hémard
Florian Thauvin, je t’OM, moi non plus après son départ au Mexique

Après huit ans de relation (en dehors d’un petit break à Newcastle), Florian Thauvin a annoncé sa rupture avec l’OM. Une issue attendue pour une histoire mouvementée, qui avait commencé sur un coup de foudre avant de tomber peu à peu dans la morosité et l’incompréhension. Tantôt magique, tantôt électrique, le couple Thauvin-OM se sépare. Et c’est forcément une page de l’histoire du club qui se tourne.

Soyons francs : cette rupture, tout le monde l’a vu venir, et elle intervient très certainement au bon moment avant la fameuse saison de trop. Depuis sa campagne de Ligue des champions totalement ratée, Florian Thauvin n’affiche plus le même visage à l’OM. En fin de contrat, le champion du monde 2018 avait la tête ailleurs ces derniers temps et il faut dire que le club n’a pas fait grand-chose pour le retenir dans ses bras. Dragué de toutes parts depuis quelques années par les belles italiennes (Milan, Naples) ou espagnoles (Séville, Atlético) et surveillé par quelques clubs français, Thauvin a fini par succomber au charme de la nouveauté : il largue l’Olympique de Marseille, après huit ans de vie commune, pour se jeter dans les bras des Tigres de Monterrey au Mexique. La fin d’une relation pourtant inachevée.

Le meilleur depuis Bokšić

Ces dernières semaines, Marseille et son président Longoria – encouragé par Sampaoli – ont jeté leurs dernières forces pour retenir le bien-aimé. En vain. Plutôt que de prolonger pour cinq ans et devenir « le Totti de l’OM », comme il le formulait un temps en privé, Thauvin a opté pour un changement radical de vie en rejoignant le Mexique pour la même durée à 28 ans. Un choix à la fois romantique, puisqu’il y retrouvera son pote André-Pierre Gignac et y découvrira un championnat relevé dans un vrai pays de football, mais aussi pragmatique avec un salaire de cinq millions d’euros annuels que l’OM n’aurait pu lui offrir. Et qu’aucun club européen ne lui aurait offert, a priori, la faute à ce foutu plafond de verre que Thauvin n’a jamais brisé à Marseille. Ce qui explique les réactions mitigées, à l’annonce de son départ. Évidemment, la manière fait tache. Se mettre en scène avec le maillot d’une autre, alors qu’il reste trois matchs à disputer avant la fin de saison, ça peut vexer. Quand bien même il s’agit d’un maillot rendu appréciable aux yeux des Marseillais par Gignac, depuis six ans maintenant.

Si le timing n’est peut-être pas le bon vu sous cet angle, il permet cependant à l’OM de s’ôter une épine du pied pour la fin de saison. Son cas réglé, l’ancien Bastiais va pouvoir jouer libéré, histoire de soigner son départ en laissant le club en Ligue Europa la saison prochaine. La meilleure façon de vite faire oublier ce mauvais timing. Le huis clos lui évitera une possible bronca, même si Thauvin aurait certainement eu le droit à une ovation générale, plus en adéquation avec son passage à l’OM. Car à l’heure du bilan, il n’y a pas photo. En 279 matchs, Flotov a dégainé à 86 reprises pour 61 caviars. Certes, les stats ne font pas tout, mais ça cause quand même. C’est simple : d’un point de vue purement statistique, on parle du meilleur joueur marseillais de la dernière décennie. Et même du XXIe siècle, avec en point d’orgue sa saison 2017-2018 ponctuée par 22 buts en championnat. Un total plus atteint par un Marseillais en Ligue 1 depuis Bokšić en 1993. Et pourtant, le peuple olympien porte bien moins Thauvin dans son cœur que Mamadou Niang, Didier Drogba ou Fabrizio Ravanelli.

Pas de titre, pas de panthéon

Alors, qu’est-ce qui a manqué pour que l’aventure entre Thauvin et Marseille se transforme en idylle passionnelle ? L’étincelle, à savoir un titre. Finaliste de la Coupe de France 2016 et de la Ligue Europa 2018, Florian Thauvin n’a pas gagné à l’OM. Ce qui explique qu’à l’heure de rejoindre le Mexique, beaucoup ne le placent pas spontanément au panthéon du club. Même s’il est le treizième meilleur buteur de son histoire, même s’il n’a jamais triché sur le terrain, même s’il ne s’est jamais caché au micro. Ce qui a manqué, aussi, ce sont des déclarations d’amour spontanées et enflammées à l’OM et son peuple. Arrivé après un bras de fer inédit au LOSC (qu’il venait à peine de rejoindre, pour rappel), Thauvin a toujours sincèrement aimé l’OM sans jamais le montrer autrement que par ses stats. Suffisant pour certains, pas assez pour d’autres qui rappelleront sa longue disette dans les grands matchs, ses périodes de doutes et ses débuts compliqués. Comme on rappelle ceux de Papin.

À trois matchs de son départ, et à défaut d’avoir été amants passionnés, il n’est pas trop tard pour se quitter très bons amis. Ce serait d’ailleurs malhonnête de lui faire porter toute la responsabilité de cette rupture, où les torts sont partagés. Souvent ciblé par les critiques sur les réseaux sociaux, pas prolongé (et ainsi soutenu) par le club lors de son année blanche à cause d’une blessure en 2019-2020, mis en retrait par le statut de « Marseillais à vie » de Payet, écœuré par la gestion d’Eyraud qui lui a sans doute fermé les portes à son pic en réclamant plus de 80 millions d’euros pour son départ, Thauvin a fini par se lasser. Au fond, sa décision de quitter l’OM libre et dans la force de l’âge pour rejoindre un championnat jugé secondaire renvoie surtout Marseille à sa dure réalité : si Thauvin n’a pas été convaincu de rempiler, c’est que les ambitions du club ne l’ont pas motivé.

Deux entités en miroir

De toute façon, le divorce est signé. Au moins, Flotov a eu la délicatesse de ne pas rejoindre un rival (certains clubs français étaient à l’affût) et il a opté pour un choix de vie en rejoignant un club qui ressemble à celui qu’il quitte. Ce qui lui évitera un éventuel retour douloureux au Vélodrome, façon Valbuena. Avant de profiter de lui pour trois dernières envolées, les supporters marseillais peuvent déjà regarder dans le rétro en se disant que, quoi qu’on en dise, Thauvin a réussi à performer à Marseille sur la durée après des débuts ratés. Il ne faut pas oublier non plus qu’il a souvent porté l’équipe, et sorti l’OM de situations bien mal embarquées. Parmi ses 86 buts, certains resteront dans les mémoires. Comme ceux lors de l’épopée en C3 ou lors des classiques, notamment le pion de la victoire à Paris à l’automne dernier.

Rien que pour ces moments de joie, ces frissons, ses buts souvent spectaculaires au cœur d’années trop moroses pour le club, il peut être remercié. Car si la flamme s’est éteinte peu à peu avec le temps, c’est bien Florian Thauvin qui, ces dernières saisons, a souvent été celui qui la ravivait par ses éclairs de génie. Finalement, Thauvin symbolise à lui seul, par ses hauts et ses bas, l’OM de la dernière décennie : un club ambitieux, qui n’a que rarement été au niveau de ses ambitions. Cet effet de miroir éclabousse son départ, vécu comme un soulagement, comme le début d’un nouveau chapitre devenu nécessaire. Bon vent, l’artiste.

Par Adrien Hémard

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