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  • Un jour, un transfert
  • Épisode 27

Fernando Torres à Liverpool : El Niño n’a jamais marché seul

Par Quentin Ballue
Fernando Torres à Liverpool : El Niño n’a jamais marché seul

Cet été pendant le mercato, So Foot revient chaque jour de la semaine sur un transfert ayant marqué son époque à sa manière. Pour ce 27e épisode, retour à l'été 2007. L'Atlético de Madrid a eu du mal à se séparer du gamin qui a rejoint ses rangs à l'âge de 11 ans, mais Fernando Torres a fini par quitter le nid, peu après son 23e printemps. Direction Liverpool pour un montant record, et pour le début de l'âge d'or.

Fernando Torres ne marchera jamais seul. Le monde entier en a été témoin quand le brassard du capitaine de l’Atlético de Madrid s’est détaché de son bras un soir d’avril 2007, à Anoeta. Un bandeau spécialement offert par ses amis, où est inscrite une phrase : « We’ll Never Walk Alone ». L’épisode a trouvé sa place dans le répertoire du Kop, puisque le chant à la gloire d’El Niño commence en rappelant que « son brassard prouvait qu’il était un Red ». L’histoire d’un simple clin d’œil fraternel – ses amis s’étaient tous fait tatouer la fameuse phrase sur le bras – devenu un cadeau prémonitoire.

Le trauma du Barça

À l’époque, Liverpool est pourtant loin d’occuper l’esprit de l’Espagnol, en quête d’une place européenne avec les Colchoneros. Le résultat de la chasse ne sera que désillusion : l’Atlético se classe septième, passant à côté d’un ticket pour la Coupe UEFA… à cause de sa différence de buts particulière avec Saragosse. Torres a le désagréable sentiment de ne pas pouvoir jouer dans la cour des grands, accentué par le 0-6 encaissé lors de la 35e journée, au Calderón, contre le FC Barcelone. « Un tournant, reconnaîtra le numéro 9 dans El Niño : My Story, sa biographie. Je me suis refait le match dans ma tête et je n’ai pas pu écarter l’impression que Barcelone était un grand club et que l’Atlético ne l’était pas encore. Nous étions toujours en période de transition. Je me suis demandé combien de temps ça prendrait pour vraiment rivaliser avec le Barça et j’en suis arrivé à la conclusion qu’il faudrait cinq à huit ans. »

El Niño grandit vite. Beaucoup plus que son club de cœur. Une aubaine pour les sirènes. Chelsea a manifesté son intérêt dès 2005. Sir Alex Ferguson a tenté de négocier après la Coupe du monde 2006. Newcastle, Tottenham, l’Inter et l’Olympique lyonnais ont tous soumis des offres. Mais c’est le coup de fil de Rafael Benítez qui retient l’attention de la pépite. « J’avais besoin d’un nouveau défi. J’ai décidé que c’était le bon moment pour partir, j’ai demandé au propriétaire du club Miguel Ángel Gil Marín d’écouter l’offre de Liverpool. » 48 heures plus tard, un accord est trouvé. Tout le monde y trouve son compte : l’Atlético récupère 36 millions d’euros, Liverpool un attaquant de premier plan, et Torres atterrit dans un club à la hauteur de ses ambitions. Son désir d’évolution est tellement ardent qu’il consent à réduire ses émoluments – environ 6,7 millions d’euros par an, contre 8 millions à Madrid.

« Cerezo no, Torres sí »

Demeure un ultime obstacle, et non des moindres : la visite médicale. « Ma cheville était en sale état. J’avais joué les deux derniers matchs de la saison avec une blessure à la suite d’une entorse. Quand j’ai vu le visage du médecin de Liverpool, Mark Waller, j’étais nerveux. Je ne parlais pas anglais, et lui ne parlait pas espagnol, mais je sentais que ce n’était pas génial. Il m’a fait supporter le poids de mon corps sur ma cheville blessée et je ne pouvais pas me lever. En une demi-heure, j’étais en route pour un scan à l’hôpital. » Après deux heures d’examens, le résultat est concluant : le ligament n’est pas touché, le deal est validé.

Liverpool compte le présenter le 3 juillet, mais le Madrilène demande à décaler, souhaitant d’abord dire au revoir à « sa famille ». Requête acceptée. El Niño prend son indépendance le 4 juillet dans la salle VIP du Vicente-Calderón, aux côtés du président Enrique Cerezo, martelant son amour du maillot rojiblanco. Le cordon est difficile à couper, et devant le stade, une centaine de supporters viennent crier leur colère contre les dirigeants. Traités de « coupables » et de « délinquants », Gil et Cerezo en prennent directement pour leur grade. Quelques heures plus tard, Torres pose dans les tribunes d’Anfield avec Rafael Benítez, maillot rouge sur le dos et écharpe You’ll Never Walk Alone à la main.

From « The Kid » to « The King »

À 23 ans, Torres découvre un environnement totalement différent, sous le regard bienveillant de ses nouveaux camarades. « La première semaine, il n’a pas décroché un mot et il avait du mal à l’entraînement, témoignait Jamie Carragher dans le livre Ring of Fire. Alors j’ai acheté à mon fils James un maillot floqué Torres et je l’ai amené à Melwood pour essayer de l’aider à se sentir un peu mieux. » L’acclimatation passe aussi par l’apprentissage de l’anglais, bien que les hispanophones soient en nombre – Benítez, évidemment, mais aussi Pepe Reina, Xabi Alonso, Álvaro Arbeloa ou Javier Mascherano. Torres ne pige pas grand-chose à la langue de Shakespeare, mais s’entraîne en jouant à English Training sur sa Nintendo DS et en suivant trois cours par semaine. Ses profs lui demandent alors de décrocher son téléphone pour répondre à des petites annonces, tantôt pour un chiot, tantôt pour une voiture d’occasion.

« Il aura besoin de temps, chaque nouveau joueur en Angleterre en a besoin », prévient son coach, conscient de la marche à franchir. « Si j’évite les blessures et que je reste en bonne forme, j’espère atteindre les 15 buts. Ce serait bien pour ma première saison en Premier League », abonde le blondinet. Mais même si son casier, celui associé au numéro 9, n’a pas encore été entièrement vidé par Robbie Fowler au moment de son arrivée, Torres trouve vite sa place. Buteur dès sa première à Anfield contre Chelsea, il trouve son rythme de croisière, aucunement perturbé par l’étiquette du plus gros transfert de l’histoire des Reds. Le Royaume devient son terrain de chasse et Steven Gerrard son meilleur partenaire.

The Kid, dont l’expérience européenne se limitait jusque-là à cinq matchs de Coupe Intertoto, marque à six reprises lors de sa première campagne de C1. L’ouragan passe aussi sur la Premier League : 24 buts, un record pour un joueur étranger tout juste arrivé en Angleterre – Ruud van Nistelrooy s’était arrêté à 23 en 2001-2002. Auteur de 33 réalisations toutes compétitions confondues et de triplés contre Reading, Middlesbrough et West Ham, Torres entre aussi facilement dans les défenses que dans les cœurs. Il se hisse même sur le podium du Ballon d’or, derrière Ronaldo et Messi, histoire de couronner une saison pleine, achevée par la conquête de l’Euro à Vienne. Le début idyllique d’une histoire qui se finira en janvier 2011 après 142 matchs et 81 buts. Trois ans et demi à martyriser les filets, mais sans soulever de trophée.

Par Quentin Ballue

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