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Félix Tagawa, de la Nouvelle-Calédonie au Mondial des clubs

Propos recueillis par Quentin Jeannerat
Félix Tagawa, de la Nouvelle-Calédonie au Mondial des clubs

Qualifiés pour la Coupe du monde des clubs grâce à leur victoire surprise lors de la dernière édition de la O-League, la Ligue des champions de l’Océanie, les amateurs du club néo-calédonien du Hienghène Sport s’apprêtent à défier Al-Sadd, champion du Qatar entraîné par un certain Xavi Hernández. Entretien avec Félix Tagawa, dont les joueurs, qui travaillent aux quatre coins de l’île, sont répartis en trois groupes qui s’entraînent sur trois sites différents.

11/12/2019 18:30
Mondial des clubs – Barrages

Hienghène Sport est la première équipe néo-calédonienne à avoir remporté la O-League, habituellement dominée par les clubs néo-zélandais. Comment expliques-tu cet exploit ?C’est vrai, depuis que l’Australie a quitté la Confédération du football d’Océanie (OFC) pour la Confédération asiatique en 2006, c’est la Nouvelle-Zélande qui a pris le relais et qui archi-domine la compétition, et c’était la toute première victoire pour un club néo-calédonien. C’était même une finale 100% calédonienne : l’AS Magenta a sorti Auckland en demies pendant que nous battions Wellington. C’est un joli exploit, car ils sont semi-pros, alors que, même si on distribue quelques bonus, on est totalement amateurs. Tous les joueurs ont un travail à côté. En fait, on les a surpris en allant les chercher haut, alors qu’ils s’attendaient à faire face à un bloc bas. Vous rajoutez un excellent gardien à cela et ça se termine avec une victoire 2-0 pour nous. Ce n’était que notre deuxième participation à la O-League, mais finalement on termine meilleure défense et meilleure attaque, donc on mérite notre victoire finale.


Le 16 novembre dernier, ton équipe a perdu 3-1 sur la pelouse de Strasbourg Vauban (N3) au septième tour de la Coupe de France. Où se situe le niveau du championnat néo-calédonien par rapport aux divisions de France métropolitaine ?Je dirais que les joueurs ont un niveau qui va du bas de la Ligue 2 jusqu’au National 3. Car très franchement, ce match de Coupe, si on le rejoue, on ne le perd pas une deuxième fois. Il faisait 0 degré, on n’a eu que quatre jours pour récupérer des 24 heures d’avion et se faire au décalage horaire et on a deux joueurs qui ont dû sortir sur blessure pendant le match. Finalement, ils ont surtout été plus réalistes que nous, mais ils ne mettent le 2-1 qu’à la 85e minute. Il faut ajouter que les vidéos du championnat néo-calédonien sont sur Internet, ils ont donc pu visionner nos matchs et s’avaient à quoi s’attendre, et c’est une chance que nous n’avons pas eue.

Vous vous entraînez combien de fois par semaine ?En principe, on s’entraîne quatre fois par semaine. Mais il faut savoir que l’île fait 400 kilomètres de long et qu’on a la particularité d’avoir des joueurs un peu partout. On a donc trois groupes d’entraînement sur trois sites différents : j’entraîne le groupe principal à Hienghène, et j’ai des assistants qui se chargent des deux autres. L’un est basé dans la capitale Nouméa, tout au sud. L’autre est situé près des mines de nickel, puisque nous avons plusieurs joueurs qui y travaillent. Et, généralement, on se retrouve déjà le soir avant les matchs pour une séance commune.

Vous avez combien de spectateurs en moyenne pour vos matchs ?On a entre 1 000 et 5 000 spectateurs par match à domicile, ça dépend un peu des affiches. Mais il y a une belle ferveur autour du football en Nouvelle-Calédonie, et il peut y avoir jusqu’à 10 000 spectateurs lors des finales du championnat. Et la vidéo de la dernière finale de la O-League face à Magenta en est à 3 millions de vues sur Internet.

Cette ferveur peut-elle à terme déboucher sur un semblant de professionnalisme ?On l’espère. L’OFC projette la création d’un championnat professionnel avec deux équipes par pays affilié et qui devrait voir le jour en 2021. L’objectif pour nous est évidemment d’en faire partie.

Vous vous êtes envolé pour le Qatar le 5 décembre, et vous allez disputer votre barrage face à Al-Sadd ce mercredi 11. À combien estimes-tu vos chances de qualification ?J’ai pour habitude de dire qu’un match commence toujours à 50-50, mais comme ils sont pros et nous complètement amateurs, on va dire que c’est du 70-30 en leur faveur. Je les ai visionnés, Al-Sadd est une très bonne équipe, et on sent la patte de Xavi dans leur style de jeu : ils bougent beaucoup autour du porteur, alternent jeu court et jeu long et marquent beaucoup de buts. Mais on a une équipe jeune, entre 23 et 25 ans de moyenne d’âge je dirais, donc qui sait jusqu’où on peut aller ? Mes gars sont rapides et techniques, avec une super mentalité, je les ai recrutés pour ça. Donc j’y crois.

Financièrement, comment un club amateur peut-il se permettre le voyage au Qatar pour y disputer le Mondial des clubs ?C’est la FIFA qui prend en charge le voyage et l’hébergement à partir du 5 décembre, c’est pour ça qu’on s’est envolé ce jour-là. Cela fera relativement peu de temps pour s’habituer au climat et digérer le décalage horaire, et ce sera donc un autre gros avantage pour notre adversaire, mais on fera avec.

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