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Face à Lyon, Cristiano Ronaldo entre illusions et désillusions

Par Adrien Candau
Face à Lyon, Cristiano Ronaldo entre illusions et désillusions

Une fois de plus d'une ahurissante pauvreté collective, cadenassée par un Lyon limité, mais méritant, la Vieille Dame s'est réfugiée derrière Cristiano Ronaldo, auteur d'un match de patron, mais finalement incapable de sauver les Piémontais du naufrage. Un juste retour des choses, pour un club qui s'est trop souvent laissé porter par l'idée rassurante, mais illusoire, de voir dans le Portugais le facteur X qui lui manquait pour remporter la Ligue des champions.

Ce soir encore, il a flirté avec l’irrationnel. En crucifiant Anthony Lopes d’un tir du gauche aux 30 mètres, Cristiano Ronaldo permettait à la Juve de passer devant Lyon à l’heure de jeu (2-1), ce vendredi soir. Celui qui avait déjà égalisé sur penalty peu avant la pause avait d’ores et déjà réussi son match. Sans compter son coup franc repoussé par la main ferme d’Anthony Lopes ou un coup de casque rasant la transversale. Dans une équipe fonctionnelle, il aurait pu logiquement passer le relais à ses partenaires. Mais la Juve est une machine qui rouille, un logiciel qui bugge, sans une ligne de code qui permettrait de rebooter avantageusement son programme. Seul, Ronaldo, son super processeur, fonctionne à temps plein. Dans les grands matchs de C1, cette dépendance n’est plus seulement criante, mais mortifère, et l’OL en a fait une édifiante démonstration.

Ronaldo, un homme et du vide

Ce vendredi face à Lyon, le Portugais a dévoré toute la lumière du match côté bianconero. Gonzalo Higuaín n’est plus qu’un fantôme, un faire-valoir dont les appels sont autant de leurres censés libérer des espaces pour le Portugais. Bernardeschi ? Une simple machine à centrer, stéréotypée, d’abord supposée alimenter sans discontinuer son attaquant star. Rien d’étonnant là-dedans. Cette saison, seul Paulo Dybala a apporté de la versatilité et de l’imprévisibilité au jeu des Juventini. Ce vendredi, l’Argentin, diminué physiquement et entré à la 70e minute de jeu, n’a joué que 13 minutes, avant de sortir sur blessure. Il ne restait dès lors à la Juve plus qu’une seule issue : Cristiano Ronaldo, qui a marqué tous les buts de la Vieille Dame après les phases de poules de C1, depuis qu’il a signé dans le Piémont à l’été 2018.

Mais le bloc lyonnais, compact, solidaire, avait des armes en magasin, alors que le blindage du milieu piémontais est particulièrement léger cette saison. Pjanić n’a plus ni jambes ni imagination, quand les passes de Bentancur et Rabiot manquent à la fois de rythme et de verticalité. Pour tenter de briser l’OL, la Juve a alors largement penché sur les côtés, notamment sur l’aile gauche. Celle de Ronaldo, donc. Celle, aussi, d’Alex Sandro, hyperactif et plutôt en jambes, mais obligé de partir souvent seul à l’abordage d’une défense renforcée, le 3-5-2 de Garcia se muant en 5-3-2 après la pause.

Ronaldo, débats et des bas

Quelles conclusions les Piémontais peuvent tirer de cet échec face aux Lyonnais ? D’abord que, depuis l’arrivée de Cristiano Ronaldo, la Juventus n’a paradoxalement jamais semblé aussi faible collectivement. La Vieille Dame reste notamment sur deux éliminations en Ligue des champions face à deux formations, l’Ajax et l’OL, qui tablaient sur des budgets et ambitions bien moindres que les siennes. Le truc, c’est que le Portugais, lui, n’y est pas pour grand-chose. Notoirement décisif dans les grands matchs, Ronaldo, recruté par la Juventus pour reconquérir la C1, n’est pas loin d’être irréprochable. Ce qui n’est pas le cas de la politique sportive qui a accompagné son arrivée.

Comment expliquer, sinon, que la Juve, qui n’a jamais été aussi puissante sur le plan économique, soit obligée de tabler sur un milieu de terrain aussi pauvre techniquement, là ou elle alignait un entrejeu Pirlo-Vidal-Pogba-Marchisio en finale de la Ligue des champions 2015 ? Que dire de l’absence totale d’identité stylistique des Piémontais, alors que Maurizio Sarri, idéologue du jeu par excellence, avait été recruté cet été pour leur faire passer un cap collectivement ? Difficile à dire. Peut-être que les Bianconeri se sont dit que recruter Cristiano Ronaldo dans leurs rangs suffirait pour faire de la C1 un objectif tangible. Une illusion puissante, mais sans lendemain, alors que la Vieille Dame va devoir s’accommoder d’une nouvelle désillusion en Ligue des champions.

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