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Face à l’OM, Paris a perdu les pédales

Par Andrea Chazy, au Parc des Princes
Face à l’OM, Paris a perdu les pédales

Une pluie de cartons (5 rouges, 14 jaunes), un jeu haché, des coups de poing, des insultes et une tension de tous les instants : le Classique a renoué avec sa tradition de match chaud. Et à ce petit jeu, le PSG a craqué.

Il est 23h51 lorsque Neymar Junior explose sur Twitter : « Le seul regret que j’ai, c’est de ne pas avoir frappé le visage de cet imbécile. » Cet « imbécile », c’est Álvaro González, le défenseur de l’OM. Paris vient de s’incliner au Parc des Princes, dans son jardin face à son rival, neuf ans après la dernière fois. La première de l’ère qatarie. Neymar, colérique au possible, a été exclu dans le temps additionnel pour un mauvais geste sur l’Espagnol qu’il accuse d’insultes racistes. Une saccade, une énième, au cœur d’une bagarre générale qui a vu Layvin Kurzawa et Jordan Amavi se mettre des golden et qui a accouché de cinq cartons rouges brandis par le fébrile Jérôme Brisard. Pour Leandro Paredes et Layvin Kurzawa (deux entrants) en plus de Neymar côté parisien, pour Dario Benedetto, lui aussi entré en jeu, et Amavi côté marseillais. Au total, dix-sept cartons ont été dégainés lors de ce Classique, un record depuis les années 2000. Une violence et une tension qui rappellent forcément, aussi, les chocs des années 1990. Notamment « la boucherie » de 1992 que l’OM avait remportée à Paris, là aussi 1-0. Même si, pour l’anecdote, aucun carton n’avait été sorti cette année-là par Michel Girard malgré 55 fautes au total.

Payet, le pyromane

Il n’y avait pas besoin de public au Parc des Princes, ce dimanche soir, pour rendre ce PSG-OM incandescent. Dimitri Payet s’était chargé de lancer les hostilités, et avec le recul, le Réunionnais a touché en plein cœur. Outre les ultras et les quelques spectateurs présents au Parc, il a surtout sorti de son match presque à lui tout seul l’ensemble du groupe parisien avec son petit chambrage presque enfantin à la suite de la défaite parisienne en finale de C1. Au coup de sifflet final, c’était tout sauf une surprise de voir Payet la mine réjouie. Celle d’un homme qui a réussi son pari. « Je savais que j’allais avoir un accueil spécial et j’espérais que ça soit le cas. On a vu qu’ils sont sortis de leur match, on a su rester concentrés et on est parvenus à marquer sur coup franc. On avait un plan précis et on a été récompensés de nos efforts », expliquait-il dans les couloirs de l’enceinte parisienne.

Et c’est un fait : le PSG a totalement vrillé, de A à Z. Il n’y a qu’à voir les explications bancales de Thomas Tuchel à ce propos, qui a joué la carte d’avoir un groupe composé de Sud-Américains pour tenter d’expliquer cette dérive émotionnelle : « C’est une mentalité qui nous donne aussi des choses spéciales. C’est un mixte très émotionnel, on a une équipe émotionnelle, c’est aussi une force. » La véritable force, justement, aurait été de savoir contrôler ses nerfs et de ne pas participer à cette escalade de violence. De ne pas voir Ángel Di María (sortant tout juste d’une quarantaine pour suspicion de Covid) cracher sur Álvaro (malgré des propos possiblement honteux) et de ne surtout pas voir, plus globalement, le finaliste de la dernière Ligue des champions perdre au jeu de l’excès d’engagement.

La première règle du Fight Club est…

Au sortir d’un match de football qui n’en a pas vraiment été un, le PSG doit désormais tirer urgemment des enseignements de l’attitude de son groupe. Sans un stade rempli, venu exacerber une rivalité Paris-Marseille (n’étant finalement pas uniquement une création médiatique et populaire, puisque visiblement réelle chez les joueurs), sans Marquinhos ou Thiago Silva (qui ont longtemps été les catalyseurs émotionnels dans ce genre de moments), le club de la capitale a montré un autre visage. Et il ne peut pas éternellement rejeter la faute sur les autres en permanence, ou sur l’arbitre comme l’a une nouvelle fois fait Leonardo : « Je ne comprends pas pourquoi il n’y avait pas Turpin ou Buquet au sifflet. L’arbitre n’avait pas l’expérience nécessaire, et ce n’était pas le moment de jouer un match comme ça. Il fallait des arbitres expérimentés pour ce genre de matchs. »

Car ce n’est pas une nouveauté que Neymar peut perdre les pédales ou que Leandro Paredes est un adepte des coups de sang. Même tarif pour Tuchel, qui se dit « satisfait » au sortir de la rencontre, mais qui a perdu ses deux premiers matchs de Ligue 1 et aura trois joueurs suspendus pour les prochaines échéances. Paris a peut-être du caractère, mais s’il ne sait pas le contrôler a minima, il connaîtra d’autres sommets tristes à l’avenir.

Par Andrea Chazy, au Parc des Princes

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