Ce soir, la capitale reçoit les Phocéens. Peu de chances qu’on en parle au CFC, mais le National s’avère en effet un championnat assez unique qui, en plus d’offrir un derby francilien, propose ce vendredi soir ce qu’on peut appeler un « Classico du pauvre » entre le Red Star, un des plus vieux clubs français, et le petit Consolat, second défenseur en « métropole » des couleurs marseillaises (il s’agit d’une association fondée au cœur de la cité éponyme). Ce sont deux équipes aux profils assez similaires cela dit, tentant d’exister à l’ombre des géants de la L1 (tant sur le plan économique que celui de la popularité) et qui nourrissent le secret espoir de passer aux choses sérieuses en L2. À y regarder de plus près, ce choc renvoie à une certaine idée du foot tricolore, juste après l’affaire Luzenac. Fabrice Apruzesse, qui a évolué aussi bien à Consolat que dans les rangs de l’OM, avec un petit passage en équipe première qui lui valut une gloire certaine et méritée, nous raconte brièvement cet autre visage du foot.
Les gens connaissent mal Marseille-Consolat. Comment présenter ce club en quelques mots ?
C’est d’abord et avant tout un club de quartier, dont le stade est situé en plein milieu de la cité. Selon moi, ce qui le caractérise le plus reste la solidarité. J’ajouterais le fait qu’il est extrêmement bien structuré. Avec également une très bonne mentalité, quoi qu’en pensent ou disent les gens, parce qu’effectivement, il garde aussi cette image d’une équipe des quartiers Nord. Or, quand tu y es, quand tu le fréquentes au quotidien, tu ressens énormément de respect et de fraternité. Ce qui est vrai aussi, il ne faut pas le cacher, c’est qu’on n’y lâche jamais rien, surtout lors des matchs comme celui de ce soir, ou des derbys ou des rencontres un peu cruciales. Je pense d’ailleurs que ce soir, il y aura beaucoup d’investissement du côté de Consolat. Je ne connais pas bien le Red Star. Et il ne faut pas se mentir, l’enjeu et la symbolique n’auront rien à voir avec un PSG-OM. Mais ce sera malgré tout une rencontre très engagée. Au passage, cet état d’esprit, cette force de conviction, tu la retrouves dans l’ensemble de l’association face aux difficultés, qu’elles soient financières ou sportives, et elle concerne tout le monde, de l’encadrement à la direction, des joueurs aux supporters.
S’agit-il vraiment du second club marseillais ?
Oui. Évidemment, l’OM est indétrônable. Mais Consolat a quand même acquis une certaine reconnaissance. Il concentre pas mal l’attention dans la ville et même dans toute la France, surtout au regard de ses débuts modestes. Et puis, indiscutablement, il demeure très lié à la vie du quartier. Beaucoup des jeunes qui y évoluent sont issus du coin. Il existe un lien très fort. Il faut le vivre pour le comprendre. Pour ces gamins, en être se révèle presqu’aussi fort que de jouer à l’OM.
Le club a-t-il ses supporters, car on imagine bien que les gamins de Consolat sont aussi à bloc pour l’OM ?
Comme je l’ai déjà dit, les gens autour, l’environnement proche, sont très attachés au club. Ils se déplacent pour le soutenir, et en toutes circonstances. Le stade est vraiment au cœur de la cité, c’est un marqueur important. Pour moi, ces gens représentent de vrais supporters, qui ne lâcheront jamais le club quoi qu’il advienne. À l’OM, je pense que ce sont plutôt, dans l’ensemble, des fans que des supporters.
Pour finir, justement, tu as connu les deux clubs. Comment tes anciens coéquipiers ou les simples joueurs de Consolat ont-ils vécu ton passage à l’OM ?
Je suis toujours resté en contact avec eux et ils étaient tous contents pour moi évidemment. J’ai reçu beaucoup de messages de soutien, de coups de fil. Ils me félicitaient tous. Cela a même donné des ailes à certains, qui espèrent aussi avoir cette chance là un jour. C’était énorme d’être à Consolat. Passer à l’OM le fut tout autant.