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Fabinho, la droite discrète

Par Mathieu Faure
Fabinho, la droite discrète

Arrivé dans les bagages de l'OPA Jorge Mendes sur l'AS Monaco, le latéral droit de 21 ans est passé de l'anonymat le plus complet à l'équipe du Brésil en deux ans. Un parcours fait de rencontres, de chance, de talent et de bowling.

La vie tient à quoi, au fond ? Pas grand-chose. Gamin, Fabinho était fan de Maicon, le latéral droit qui avait squatté l’AS Monaco entre 2004 et 2006. En septembre dernier, c’est grâce à son idole de jeunesse que le Monégasque va s’inviter chez les A brésiliens. En se faisant exclure du camp d’entraînement du Brésil pour des raisons disciplinaires, Maicon a ouvert les portes de la Seleção à Fabinho. Le destin. Débarqué tardivement dans la nuit à l’hôtel de l’équipe nationale, « Fabi » a juste le temps de discuter avec ses nouveaux coéquipiers David Luiz et Neymar avant de pousser la chansonnette, bizutage classique chez les footballeurs. Pour le Monégasque, ça sera Nunca fallaras ( « Tu n’échoueras jamais » ) de Hillsong United. Tout sauf un hasard pour celui qui s’apprête à disputer la Copa América avec son pays. Maicon, lui, la regardera sur son canapé. Fabinho revient de loin. Non, plutôt, Fabinho sort de nulle part.

Fan de bowling

Avant d’arriver sur le Rocher, personne n’avait entendu son nom. Dans un monde où les CV des jeunes Brésiliens s’échangent sur Football Manager ou sur YouTube, Fabinho était un illustre inconnu. Né à Campinas, une très grande ville de l’État de São Paulo, le jeune Fabinho a grandi dans un milieu très porté sur la religion. Papa était pasteur et Fabinho est évangéliste. C’est d’ailleurs par le biais du Tout Puissant qu’il accélère son apprentissage du français avec des copains rencontrés dans une église de Nice. Il faut dire que sur le Rocher, le jeune Fabinho se la joue casanier. Il habite avec l’une de ses sœurs et son beau-frère. C’est ce dernier qui l’amène et le ramène du centre d’entraînement tous les jours. À 21 ans, Fabinho n’a pas le permis de conduire. Ce qui ne l’empêche pas d’être un dragster sur son côté droit 90 minutes par semaine. Fabinho dans les strass et paillettes de Monaco, c’est assez incroyable pour un môme originaire d’une famille de la classe moyenne. Même s’il gagne bien sa vie et séjourne dans un paradis fiscal, le garçon a gardé des plaisirs simples : restaurants portugais de Beausoleil, le cinéma et surtout le bowling. Là où les riches abandonnent leur style pour des chaussures de location. Prêté depuis deux ans par Rio Ave, le garçon s’est finalement engagé avec Monaco jusqu’en 2019 en mai dernier. Le montant du transfert n’a jamais été révélé. Normal, Fabinho appartient à l’écurie Jorge Mendes. Là où le culte du secret trône en haut de la pyramide des normes. Un transfert qui ancre définitivement le latéral droit sur le Vieux Continent.

Deco et Jorge Mendes pour l’exfiltrer

Au départ, le petit Fabio Henrique Tavarès intègre le club de Paulinia. Il a 12 ans. C’est là qu’il va faire ses gammes pendant quatre ans. Au poste de milieu défensif. À 16 ans, alors que sa voix n’a pas encore mué, le garçon rejoint Fluminense, à Rio, où il va jouer chez les jeunes pendant deux saisons. Du groupe professionnel, il ne voit que le banc de touche. Deux fois. Sans jamais entrer en jeu. C’est là qu’il se fait remarquer par un certain Deco. L’ancien joueur du FC Porto est venu terminer sa carrière à Fluminense avant d’y devenir recruteur. C’est lui qui glisse le nom de Fabinho à l’oreille de son ancien agent. Un certain Jorge Mendes. Dans le même laps de temps, Fabinho s’illustre avec les U20 brésiliens. Mendes en profite pour l’exfiltrer sur un avant-poste européen qu’il connaît bien : Rio Ave au Portugal. C’est de là que, depuis 2008, Jorge Mendes fait affaire avec le président local Antonio Campos. À la tête d’un club ruiné à son élection, Campos avait eu la bonne idée de demander au patron de Gestifute de lui céder des jeunes joueurs pour mieux les valoriser. Comment ? En les prêtant à des grands clubs, dans lesquels Mendes avait ses entrées.

Fabinho sort de sa réserve

C’est ainsi que Filipe Augusto se retrouve à Valence et Fabinho au Real Madrid sans que personne n’y trouve à redire. Des prêts payants. Évidemment. À Madrid, Fabinho joue surtout avec la réserve. Il faudra attendre le 8 mai 2013 pour le voir jouer à Bernabéu, pour de vrai. Le Real envoie un set de tennis dans les gencives de Málaga (6-2). Fabinho donne une passe décisive à Ángel Di María, un autre produit Mendes. L’été 2013 arrive, Fabinho retourne à Rio Ave – où il n’a encore jamais joué – et Mendes garde la même stratégie. Il faut prêter son poulain pour lui offrir de la visibilité. Le Real d’Ancelotti est une possibilité, mais uniquement en réserve. Ou alors le projet de Monaco où Jorge Mendes vient de placer Radamel Falcao, João Moutinho et Ricardo Carvalho. Sur place, Jorge Mendes a un autre atout, le directeur sportif Luis Campos. Un proche de José Mourinho et un recruteur hors pair. Banco. Une première saison intéressante sous Claudio Ranieri, une seconde – toujours en prêt payant – sous Jardim avec 53 matchs au compteur (sur les 55 de l’AS Monaco cette saison) et voilà Fabinho quart-de-finaliste de la Ligue des champions et international brésilien. Comme quoi, la vie de footballeur, c’est simple, en fait.

Par Mathieu Faure

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