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Fabián Ruiz, héros d’une révolution
Grand gagnant du changement de système opéré par Christophe Galtier, Fabián Ruiz est en train de pleinement lancer son aventure parisienne. Dans la lumière lors du Classique puis à Ajaccio, l'Espagnol apporte toute sa palette technique à un entrejeu en pleine construction. Au point de bouleverser durablement les plans tactiques de ce PSG ?
« Ne pensez pas qu’on a abandonné le système à trois défenseurs centraux. Je crois que c’est un gros avantage d’avoir deux organisations. » C’est une forme de remise en question identitaire que traverse le Paris Saint-Germain ces dernières semaines, Christophe Galtier cherchant à ajouter de nouvelles cordes tactiques à son arc. Face à la pénurie de défenseurs centraux, le technicien a fait part à plusieurs reprises de ses « réflexions » autour du système de jeu déployé par ses hommes à chaque sortie. Jusqu’au Classique, et ce choix de n’aligner que deux défenseurs axiaux pour trois hommes dans l’entrejeu. Une décision en grande partie dictée par les blessures de Presnel Kimpembe (puis Danilo en cours de rencontre) et la suspension de Sergio Ramos, mais qui a également eu le mérite d’apporter davantage de maîtrise aux champions de France. Avec un homme dans le costume du grand gagnant de cette révolution : Fabián Ruiz.
Au cœur du réacteur
Lancé pour la première fois dans le grand bain contre le Stade brestois, le milieu de terrain espagnol a depuis enchaîné cinq titularisations en Ligue 1. Arrivé tardivement après une préparation tronquée, Ruiz monte sérieusement en puissance au sein de ce trio. Convaincant notamment après le repos face à l’OM, il a rayonné à Ajaccio avec 118 ballons touchés dont 11 récupérés et 9 duels remportés sur 12, en 83 minutes passées sur le pré. « Je ne suis pas surpris. Je me souviens l’avoir vu avec Luis Campos lors d’un Paris-Naples. Il m’avait tapé dans l’œil », pouvait se féliciter Christophe Galtier après la rencontre. Il a une très bonne maîtrise technique et une excellente lecture du jeu. Il travaille pour ses coéquipiers, mais quand il a le ballon, il a la passe juste. Lors les matchs qu’il vient de faire, il me semble qu’il a le bon tempo sur la gestion des temps forts et des temps faibles. »
Le top départ d’une très belle histoire pour le gaucher, sous ses nouvelles couleurs ? La belle dynamique mérite encore d’être confrontée à une plus grande adversité pour être pleinement validée, mais les débuts sont intéressants. Et offrent au coach parisien « d’autres possibilités », tout en influant positivement sur le rendement d’Achraf Hakimi dans le couloir droit. « Pour modifier un système de jeu, il faut que j’aie des joueurs très spécifiques, et c’est le cas avec Fabian par rapport à cette organisation, déroulait encore son entraîneur devant la presse, lundi. Il a fallu que j’attende que Fabian et d’autres montent en puissance. Il joue dans un position qui lui est habituelle. » Et si l’option reste sur la table malgré les retours derrière, la montée en puissance de celui qui a fait ses classes sous l’aile protectrice de Quique Setién au Betis n’y est pas étrangère.
Cours de français et regista
Parti grandir sous le maillot du Napoli à l’été 2018, Fabián Ruiz s’y est imposé comme une référence à son poste, au point de voir son nom régulièrement murmuré à Barcelone comme au Real Madrid ces dernières années. « Ces deux derniers matchs, j’ai eu de très bonnes sensations, confiait-il lundi en conférence de presse. Je crois que je peux m’adapter aux deux systèmes, ça dépend de chaque match et de ce que demande le coach. Les années passées, je jouais en 4-3-3, mais l’autre système me convient aussi, il me permet d’avoir du champ devant moi. » Celui qui suit des cours de français depuis son arrivée dans la capitale pourrait-il s’avérer une deuxième bonne pioche pour le PSG après Vitinha, dans un secteur de jeu pointé du doigt depuis une éternité ?
Avec son mètre 89, son profil de joueur à l’aise balle au pied colle parfaitement au jeu parisien. Seule différence ? Sa remarquable frappe de balle, pas vraiment une caractéristique habituelle à son poste au pied de la tour Eiffel, mais tellement précieuse dans une équipe où les milieux peinent toujours autant à marquer. À Naples, le garçon a marqué les esprits. « J’ai décidé d’en faire le véritable regista, il ne lui manque rien pour ce rôle, il est au milieu de toutes les actions. S’il parvient à exprimer toutes ses qualités, il peut apporter énormément à l’équipe », se délectait Luciano Spelletti dans le sud de la Botte. Avant lui, Gattuso promettait : « Il va marquer son époque. » Tout Paris n’attend que ça.
Par Tom Binet