- Ligue 1
- J6
- Nantes-PSG
Fabian Ruiz-Carlos Soler : un duo dans l’expectative
Le Paris Saint-Germain a clôturé un mercato relativement « soft », en enrôlant Fabián Ruiz et Carlos Soler. Deux recrues au CV bien rempli, donnant pourtant une drôle d'impression : ces transferts auraient été encore plus clinquants un an ou deux ans auparavant. Car depuis, les deux Espagnols débarquent aujourd'hui avec un statut d’éternels espoirs.
En signant Fabián Ruiz (26 ans) et Carlos Soler (25 ans), le PSG s’est prémuni de certaines mauvaises surprises. Engagé dans une cadence de feu, mêlant joutes domestiques, européennes et, en arrière-plan, une Coupe du monde hivernale, le club de la capitale a ainsi respecté le cahier des charges en doublant ses postes. Pourtant, au-delà des prérogatives liées à la gestion de groupe (26 départs cet été), ces arrivées interrogent sur le rendement et la plus-value sportive potentiellement apportée par les deux Ibériques. Performants plusieurs saisons durant, le duo de milieux de terrain semble désormais stagner.
Fabián Ruiz : lumière affaiblie
Afin de pallier le transfert de Leandro Paredes à la Juventus, Fabián Ruiz a naturellement été élu, fort d’une polyvalence caractéristique dans l’entrejeu. Des responsabilités multiples, dans son association prévue avec Marco Verratti, soutenues par la puissance de Renato Sanches et l’apport de Vitinha dans la rotation. Possiblement installé en relayeur, dans le 4-3-3 que cherche à travailler Christophe Galtier (en plus du 3-4-3 dévoilé en début de saison), le Sévillan tentera, à ce titre, de retrouver cet allant offensif solide, exposé durant deux saisons à Naples. Il faut dire que sur ses quatre années disputées en Campanie, l’élégant créateur n’aura démontré ses pleines capacités qu’au cours des exercices 2019-2020 et 2020-2021. Sous les ordres de Gennaro Gattuso, Ruiz s’est effectivement épanoui, protégé par Allan puis Tiémoué Bakayoko à la récupération, et associé à Piotr Zieliński ou Eljif Elmas dans la création. Un ensemble confortable, qui lui aura offert de sérieuses statistiques dans son domaine, la vingtaine à peine entamée. Disputant 46 rencontres en 2019, puis 42 l’année suivante, Fabián Ruiz se mue en indispensable, facturant alors à 89,4% de réussite, en ce qui concerne les passes vers l’avant et les projections dans le camp adverse balle au pied. Des chiffres révélateurs, complétés par ses deux occasions créées par match, témoins de ce rôle de déstabilisateur, conféré par Carlo Ancelotti à son arrivée et conforté par le Ringhio Gattuso.
La période est faste pour Fabián Ruiz, devenu international (il fêtera 9 de ses 15 sélections entre 2019 et 2020) et attirant l’œil du club de ses rêves : le Real Madrid. Loin d’être insensible aux charmes du longiligne, Zinédine Zidane fait le forcing pour obtenir ses luxueux services, sans succès. « Le Barça et le Real Madrid s’intéressent à Fabián et essaieront de le signer en 2021 », déclarait même Miguel Alfaro, agent de l’intéressé. Cependant, trop gourmand en indemnités et, comme souvent, sûr de ses forces, Aurelio de Laurentiis refuse de libérer son joueur. Le point de rupture est net, marquant dès lors une baisse de régime chez Ruiz. De ses 89,4% de réussite à la passe ne restaient en effet, la saison dernière, que 60%. Une campagne tronquée par l’intronisation de Luciano Spalletti sur le banc, peu enclin à faire de l’Espagnol son homme de base et symptomatique d’une stagnation quelque peu visible dans le jeu. D’abord par les garanties données à Zieliński et Stanislav Lobotka, revenu en grâce, qui n’auront eu de cesse de réduire le temps de jeu longtemps octroyé à l’ancien Betico (38 rencontres disputées toutes compétitions confondues, 16 seulement dans leur intégralité), mais également par un statut en sélection désormais lointain. Convoqué pour la dernière fois à l’occasion de l’Euro, Ruiz ne semble plus entrer dans les plans de Luis Enrique, à trois mois de la Coupe du monde. Au PSG, l’objectif sera donc de rattraper ses deux années de retard.
Un Soler encore rayonnant ?
La trajectoire inverse de son compatriote, Carlos Soler. En effet, le Valencien a fait office de « signature surprise » du côté de Paris. Déjà bien abreuvé devant, le PSG s’est offert le milieu offensif pour 18 millions d’euros, en joker de luxe. Pour Soler, cette signature a finalement tout d’une porte de sortie inespérée. Capitaine, cadre et homme clé d’une équipe de Valence à la dérive depuis près de cinq ans, le buteur maison s’était en effet, à son tour, installé dans une routine footballistique monotone, aspiré par les piètres ambitions de son club. Malgré un costume de sauveur trop souvent endossé, il ne se sera que trop sporadiquement sublimé, pour maintenir à flot une équipe incapable de dépasser la huitième place en trois ans (22 buts inscrits et 14 passes décisives délivrées lors de ses deux dernières saisons, son plus haut total en six ans à Valence). C’est également avec un compteur de matchs européens bloqué à zéro depuis la saison 2019-2020 que Soler s’aventure dans les grandeurs de Paris, en décalage avec les dernières recrues rouge et bleu.
Dès lors, ce choix de recrutement apparaît comme une opportunité de marché, à défaut d’être un apport sportif immédiat. Ce départ de Valence, l’intéressé l’aura effectivement accepté, quelque peu contraint et forcé. « Si Carlos quitte le club gratuitement, je le tue et je massacre les journalistes qui couvriront le transfert », détaillait ainsi sobrement Peter Lim, son désormais ex-président, dans une conversation téléphonique relayée par Superdeporte. Désireux de renflouer ses caisses coûte que coûte, le Singapourien n’a pas hésité à pousser son « protégé » vers la sortie, à un an de la fin de son contrat. Une situation complexe, accentuée par Marta Marchena Soler, décisionnaire principale dans le choix de la destination du conjoint. Conscient des risques sportivement existants au moment d’intégrer la machine parisienne, Carlos Soler a donc mis en suspens la dynamique positive entrevue en fin de saison dernière, qui avait poussé Luis Enrique a en faire un sélectionnable régulier (trois titularisations en cinq apparitions avec la Roja, de mars à juin). De quoi lui ouvrir une potentielle voie vers la Coupe du monde, désormais suspendue aux quelques spots de lumière que lui offrira Galtier. Ruiz-Soler : les courses contre la montre sont lancées.
Par Adel Bentaha