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Tartan Army, pour la vie
À l’opposé du parcours sportif peu reluisant de l’Écosse, d’ores et déjà priée de rentrer à Edimbourg sans la moindre victoire, la Tartan Army a conquis le cœur de toutes celles et ceux qu’elle a croisés sur son chemin.
Il y a certaines phrases qui s’impriment plus rapidement que d’autres dans nos têtes. De par leur simplicité, leur énergie, ou plus simplement encore par le nombre de fois où on l’entend en l’espace de quelques jours. Depuis le coup d’envoi de l’Euro 2024, il y en a une que n’importe quel fan européen a déjà entendue plus d’une fois en déambulant dans les rues de Düsseldorf, Cologne, Munich, Leverkusen ou Stuttgart. Qu’il s’est même autorisé à chanter, dans la folie de l’instant, tel un hymne de ralliement que l’on beugle à gorge déployée sans avoir honte, à midi en plein cagnard comme à deux heures du matin au visage d’un agent de police. Cette phrase, c’est celle-ci : « No Scotland, no party ». Un résumé percutant de ce qu’ont été ces derniers jours outre-Rhin, tant les Écossais ont réalisé un sans-faute hors du pré – contrairement à leur équipe nationale – dans tous les domaines possibles. Surtout dans leur costume de capitaine de soirée.
Coup de foudre à l’écossaise
Au-delà de cet essaim bleu à la folie et à la bonne humeur contagieuse, chacun se souviendra en Allemagne d’une ou d’un Écossais croisé ici ou là, avant ou après un match, avec qui il a partagé un moment de vie. Des ultras hongrois aux policiers locaux, de cette équipe de fans du VfB Stuttgart qui a perdu un match de foot (2-0) face à ces diables de fans écossais en passant par les officiels d’à peu près tous les secteurs, tout le monde s’est accordé pour dire que la fin de l’aventure de l’Écosse était bien trop prématurée. Qu’il était trop tôt pour voir la Tartan Army partir. Déjà parce que cette armée est avant tout composée de personnages. C’est Ciaran Whyte, ce chanteur de rue à la Ed Sheeran, ou encore Ali Murray, le héros qui escorta sous des trombes d’eau un vieil homme à Cologne avec son parapluie violet.
C’est aussi malheureusement Colin King, un père de famille âgé de 57 ans, qui, après avoir assisté au match d’ouverture face à l’Allemagne puis rallié le week-end Düsseldorf, ne s’est jamais réveillé le lundi suivant. Puis toute une foule d’anonymes, allant de cet homme endormi dans les gradins d’Écosse-Suisse bijoux de famille apparents sous le kilt, à un autre qui s’est totalement désapé pour se jeter nu dans le Rhin. Sans oublier toutes les femmes de cette Tartan Army, venues rappeler qu’elles aussi étaient là en nombre, fans de foot et de fêtes, et qu’elles aussi pouvaient s’enfiler des pintes de Guinness cul sec sans tourner de l’œil.
Allemagne, Écosse : bientôt le mariage ?
C’est là aussi que l’on mesure tous les bienfaits d’une compétition comme celle-ci dans une période où les peuples européens ont globalement tendance à se replier sur eux-mêmes : tout le monde avait envie d’être écossais hier, beaucoup auront envie demain que les liens tissés lors de cet Euro 2024 survivent au reste de l’été et même aux prochains mois de l’année. Pour preuve, une pétition a d’ores et déjà été lancée pour que chaque année, un match amical entre l’Écosse et l’Allemagne ait lieu. D’autres idées d’initiatives germano-écossaises ont également germé ici et là, à l’image d’invitations des uns et des autres pour découvrir la Bundesliga ou le Old Firm.
Hey @TartanArmyGroup, can we get a retweet for this?
We’ve started a petition to hold annual friendly matchs between Germany and Scotland, and we’ve just hit 4000 signatures! https://t.co/53dWvdqeMN
— Vert 📻 (@VertStabs) June 22, 2024
Un cas de figure qui rappelle diablement ce que la France avait vécu en 2016, quand les vagues vertes d’Irlande et d’Irlande du Nord avaient ramené de leurs lointaines contrées du Nord cette fraîcheur et cette joie communicative qui n’avaient, là aussi, laissé personne de marbre. Alors qu’est venu le temps de dire au revoir aux derniers ressortissants du pays de Sean Connery, dont le son des cornemuses appartient aujourd’hui au passé, il faut quand même dire cela : si la fête va bien continuer sans la Tartan Army, elle n’aura jamais la même saveur qu’avec elle.
Par Andrea Chazy, à Düsseldorf