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Allô maman, Szobo
Attendu comme le fer de lance de la Hongrie pour cet Euro 2024, Dominik Szoboszlai ne répond pas vraiment aux attentes. Au même titre que sa sélection.
Dans l’imaginaire du parfait supporter de football, porter le numéro 10 de son pays n’a aucun égal. Et pour cause, ce numéro vous confère en effet les pleins pouvoirs. Techniques d’abord, puisque vous êtes considéré comme le meilleur joueur de l’équipe. Institutionnels ensuite, au vu de la légitimité et de l’aura que vous offre ce précieux numéro. Mais lorsque l’un de ces éléments coince, plus rien ne va. Cette situation, Dominik Szoboszlai la vit ainsi depuis le début de l’Euro allemand. Le plus jeune capitaine de l’histoire d’un Championnat d’Europe (à 23 ans et 7 mois, dépassant le Français Maryan Wisniewski, capitaine en 1960) est peu à l’aise dans son jeu, pas vraiment aidé par les coéquipiers, et galère dans son costume de guide national.
Ce n’est pourtant pas faute d’essayer pour Dominik Szoboszlai. Depuis l’entame de l’Euro devant la Suisse (défaite 3-1), le milieu de terrain de Liverpool tente effectivement – comme il peut – de proposer du jeu. Tantôt dans son rôle habituel de meneur de jeu, tantôt dans une position d’ailier gauche expérimentée durant les 45 premières minutes de la rencontre face à l’Allemagne (défaite 2-0). Sans réel succès, malgré une passe décisive donnée à Barnabás Varga contre les Helvètes. En symbole de ces manques, nous pouvons ainsi citer ses 85% de passes réussies et ses 54 ballons touchés face à la Mannschaft. Un pourcentage que l’on qualifiera de « faible » au vu du poste, mais surtout de la qualité du joueur. Forfait en 2021 en raison d’une blessure au genou, l’intéressé espérait certainement d’autres débuts en compétition internationale.
Szobozlai est-il mal entouré ?
Dès lors, la question est de savoir si Szoboszlai pâtit d’un manque de forme sportif ou si les raisons de ce rendement se situent en réalité autour de son capitanat. La deuxième option est à privilégier. Il faut d’ailleurs remonter à la préparation hongroise pour cet Euro afin de s’en faire une idée. Battue par l’Irlande en amical (2-1), la Hongrie semait en effet le doute dans l’esprit des observateurs, concernant le niveau qu’elle serait susceptible d’afficher en Allemagne. À commencer par Marco Rossi, son sélectionneur, débarqué en conférence de presse avec la sulfateuse pointée sur Dominik Szoboszlai : « Il est censé être notre meneur, mais force est de constater qu’il n’est pas encore prêt. Son match a été médiocre, et Rolland Salai a, par exemple, montré beaucoup plus de choses intéressantes. Cela peut arriver à n’importe quel joueur de passer à côté de son match, mais les erreurs commises par Dominik ce soir ne sont pas vraiment habituelles. » Fin de citation.
Dans ce contexte, plusieurs sources internes à l’équipe de Hongrie ont ainsi pointé le lien cassé entre Szoboszlai et son coach, justifiant, dès lors, cet amas de difficultés. Au sortir de la défaite contre l’Allemagne, le capitaine a tout de même reçu les encouragements de la Brigade des Carpates – les fameux ultras hongrois vêtus de noir – auprès de laquelle il est allé s’excuser. Peut-être de quoi le rassurer, lui qui déclarait « vouloir, au moins, sortir de la phase de groupes » à l’aube du tournoi. La mission arrive à point nommé ce lundi contre l’Écosse, en clôture de ces poules. La victoire étant obligatoire pour garder le mince espoir d’une place de meilleur troisième, les Magyars – et Marco Rossi en tête – devront donc s’assurer de la sérénité de Dominik Szoboszlai afin d’en obtenir le plein potentiel. Car il suffit de 90 minutes pour que le numéro 10 de son pays passe de fardeau à héros.
Par Adel Bentaha