- Euro 2024
- 8es
- Portugal-Slovénie (0-0, 3-0 TAB)
Diogo Costa, l’ange gardien du Portugal
Auteur d’un arrêt stratosphérique en fin de prolongation, puis de trois parades (sur trois tentatives) lors de la séance de tirs au but, Diogo Costa a permis au Portugal de se qualifier en quarts de finale de l’Euro 2024 dans la douleur face à la Slovénie. Et à Cristiano Ronaldo, qui a manqué un penalty, d’éviter de partir par la petite porte.
En larmes sur l’horrible pelouse de la Frankfurt Arena lors de la mi-temps de la prolongation, Cristiano Ronaldo est inconsolable. En tribunes, sa mère, Dolores Aveiro, est aussi en larmes. Une scène surréaliste qui aurait bien pu être la dernière image de Cristiano Ronaldo sous le maillot du Portugal. Des occasions manquées à la pelle, un penalty stoppé par Jan Oblak et une élimination face à la Slovénie, voilà comment aurait pu s’arrêter l’immense histoire de Ronaldo en Seleção. Du moins à l’Euro, une compétition qu’il a remportée en 2016 et dont il est le meilleur buteur de l’histoire et le meilleur passeur. Sauf que CR7 en a décidé autrement. Les larmes séchées, l’attaquant d’Al-Nassr n’a pas fui ses responsabilités au moment de la séance de tirs au but où il s’est présenté en premier tireur des Portugais. Cette fois-ci, le ballon est au fond des filets. Pas de joie démesurée, des excuses au virage de supporters et un petit regard d’encouragement vers son portier Diogo Costa. Ce dernier reste de marbre. Il le sait : Cristiano Ronaldo ne partira pas à la retraite tout de suite.
Au bon souvenir de Ricardo
Les statistiques montrent qu’il est préférable de commencer une séance de tirs au but. Mais ça, ce n’est valable que lorsque le portier en face ne s’appelle pas Diogo Costa. Car le Portugais a permis à ses coéquipiers tireurs – et à CR7 en particulier – de s’avancer avec confiance en détournant le tir au but du vétéran Josip Iličić qui a mis 34 penaltys dans sa carrière (pour seulement 7 manqués). Ce premier arrêt est donc une performance en soi, mais le gardien de Porto n’a pas voulu en rester là et a repoussé ensuite la tentative de Jure Balkovec et celle de Benjamin Verbič. Bruno Fernandes et Bernardo Silva ne tremblant pas, la Slovénie n’aura pas le droit à une quatrième tentative et s’incline donc avec les honneurs. Les Portugais ne se trompent pas et courent alors en direction de Diogo Costa qui est devenu le premier gardien à arrêter 3 tirs au but lors d’une même séance à l’Euro et le premier à n’encaisser aucun but lors d’une séance.
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— UEFA EURO 2024 (@EURO2024) July 1, 2024
Cette performance rappelle forcément des souvenirs aux Portugais, qui ont eu des flashs de Ricardo. En 2004, celui-ci qualifie le Portugal en demies de son Euro en repoussant sans les gants la tentative de Darius Vassell avant de renvoyer, lui aussi, trois tentatives – dont celles de Lampard et Gerrard – lors d’une séance face à ces mêmes Anglais au Mondial 2006. Ce même Ricardo qui est désormais… entraîneur des gardiens du Portugal. Héros de la Nation, Diogo Costa a donc permis à Cristiano Ronaldo de ne pas sortir par la petite porte. Comme il a empêché Pepe (41 ans) de faire une Steven Gerrard après sa glissade en fin de prolongation qui a envoyé Benjamin Šeško seul face au but. Sauf que l’attaquant slovène a échoué devant une parade omeyeresque de Diogo Costa qui ne voulait décidément pas que les deux meilleurs Portugais des 20 dernières années quittent la sélection sur une défaite contre la Slovénie à Francfort. Et qui voulait aussi peut-être se faire pardonner son Mondial 2022 où il a manqué sa sortie aérienne devant En-Nesyri lors de la défaite du Portugal en quarts face au Maroc.
Diogo et Cristiano sont sur un bateau
Véritable spécialiste des penaltys (6 arrêts en 21 tentatives depuis le début de sa carrière en pro, dont 3 lors de la phase de groupes de Ligue des champions de Porto en 2022), Diogo Costa n’a que 24 ans. Comme Vitinha, probablement le meilleur Portugais sur la pelouse lors de cette rencontre et plus globalement de cet Euro. Derrière, Rúben Dias a 27 ans, Nuno Mendes 22 ans, tandis que Rafael Leão devant en a 25. Ils le savent, cet Euro n’est pas leur dernière chance, même si Bruno Fernandes et Bernardo Silva vont bientôt passer le cap de la trentaine. Mais ils le savent aussi : c’est la dernière chance de ce groupe qui mélange la jeunesse et l’expérience avec les vétérans Pepe (41 ans) et Cristiano Ronaldo (39). Et si ce groupe n’est pas aussi flamboyant que ce que l’on aurait pu espérer vu les noms cochés sur le papier, il a montré face à la Slovénie une force de caractère et une résilience qui rappelle celle de 2016 qui avait permis au Portugal de soulever le trophée malgré un jeu jugé « dégueulasse » par certains.
Huit ans plus tard, le jeu du Portugal n’est pas tout à fait le même mais les scénarios sont bien partis pour être les mêmes. Et les adversaires aussi puisqu’en quarts de finale le Portugal retrouvera sa victime de la finale de 2016, la France. Une équipe qui, elle aussi, ne brille pas par son jeu offensif malgré une équipe tout aussi belle sur le papier. Et surtout, une équipe qui dispose, elle aussi, d’un véritable spécialiste des penaltys avec Mike Maignan. Et si l’on débutait directement par une séance de tirs au but avec la première équipe qui marque qui gagne le match ? Ça éviterait à tout le monde une nouvelle purge.
Par Steven Oliveira