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Et si, en fait, Labrune détestait l’OM ?

Par Romain Canuti
Et si, en fait, Labrune détestait l’OM ?

Vincent Labrune creuse son impopularité, n'étant qu'à quelques coups de pioches de Raymond Domenech. Son bilan à l'OM interpelle. Sauf que si on se dit qu'il veut saboter ce club, la lecture des évènements est différente.

La nomination de Jean-Claude Dassier

En cinq ans à la tête de l’OM, Pape Diouf redresse le club. Trop pour Labrune qui décide de prendre les choses en main en poussant le Sénégalais au clash, puis à la démission. Comme il faut calmer les supporters et Didier Deschamps, fraîchement désigné nouvel entraîneur, l’ancien attaché de presse à France Télévisions a un plan : il propose le poste de président à Jean-Claude Dassier, sur la sellette à TF1. Une figure paternaliste qui va rassurer. Mais surtout un mec qui n’y connaît rien au foot, de quoi envoyer le club au plus gros budget de l’Hexagone dans le mur. Sauf que la formation rafle deux trophées la première année, et récidive l’année suivante. Encore trop pour Labrune qui le fait débarquer à son tour. Puisque c’est comme ça, il va faire le travail lui-même.

La gestion du conflit Anigo-Deschamps

On n’est jamais mieux servi que par soi-même, c’est bien connu. Pour sa première saison en tant que président, Labrune éjecte l’OM d’un podium où le club était installé depuis cinq ans. Pas mal. Mais là où il excelle, c’est sur la gestion du conflit Anigo-Deschamps. Les deux hommes ne peuvent pas se voir et ne font même plus semblant, faisant parler la foudre devant les caméras. Une aubaine pour Labrune qui peut ainsi pourrir le club en laissant moisir le conflit. Anigo est écarté pour les déplacements, mais il garde son bureau dans le bâtiment principal, contrairement à ce que souhaitait Deschamps. Toutes les composantes du club se déclinent progressivement en pro-Deschamps ou pro-Anigo. En fin de saison, il refuse toujours de trancher. Fin juin, c’est MLD et ses avocats qui tranchent en signant un chèque d’indemnité à la Dèche. Dommage, VL aurait bien aimé voir la cohabitation durer un peu plus longtemps. Mais il s’est séparé du meilleur des deux, c’est déjà ça.

Le rire dans la loge

En prolongeant les cadres avec des salaires astronomiques, Labrune avait prévu de mettre le club en difficulté, avec une incapacité à vendre pour renflouer les caisses. Le même groupe avec Élie Baup en entraîneur, ça devait repartir pour un tour dans le ventre mou. Mais le coach à la casquette parvient à relancer Gignac, alors qu’ils étaient en conflit à Toulouse. Contre toute attente, l’OM fait un départ de feu, tenant tête au PSG au sommet de la Ligue 1. Heureusement, en novembre, les Phocéens se font balayer par Lyon au Vélodrome (1-4). Ouf, ce n’était qu’une passade. En loge, Labrune, coupe de champagne à la main, est hilare. Problème, les caméras de Canal l’ont filmé en direct. Il descend furieux au car régie pour pousser une gueulante. Puis, conscient qu’il ne peut pas revenir en arrière, tente une excuse : « Loïc Rémy venait de réduire le score, je faisais remarquer à son agent qu’il allait être plus facile ainsi de le caser en Angleterre. » Difficile de ne pas rire franchement après ça. Enfin…

Le fameux projet Dortmund

Échaudé par l’expérience Élie Baup, finalement second du championnat, Vincent Labrune entend rendre la monnaie de sa pièce à l’ancien gardien avec le mercato. Puisqu’il est bon pour faire une saison avec tout juste 14 joueurs, Labrune va lui en mettre beaucoup plus dans les pattes. Et de préférence des jeunes, un peu ingérables, plus portés sur la chicha que sur la récupération. En public, il appellera ça le « projet Dortmund » pour renvoyer à un parallèle cruel avec Jürgen Klopp, qui met aussi la casquette de temps en temps. Baup sent le coup venir, mais tient bon. En début de mercato, il demande Payet, il l’obtient. Avant la fin, il veut un attaquant axial. Il croit l’avoir jusqu’au bout mais avant la fin, Labrune lui explique qu’il préfère mettre 15 millions d’euros sur Florian Thauvin, puis que tiens, Saber Khalifa, qui avait été recruté pour remplacer Jordan Ayew, pourrait très bien faire l’affaire dans l’axe…

Les promesses non tenues à Marcelo Bielsa

Forcément, Baup ne passe pas l’année civile. Pour que la saison soit bien pourrie jusqu’au bout, Labrune envoie Anigo sur le banc de touche. C’est réussi, mais le fusible ne prend pas tout sur lui, et les tribunes réclament aussi la tête du président lors des derniers matchs. Comme il veut quand même garder sa place, VL cherche donc un nouveau subterfuge pour sauver les apparences. Il rencontre Villas-Boas, le coach arnaque qui est considéré comme un cador alors qu’il vient de se planter à Chelsea, puis Tottenham. C’est trop cher, mais le rouquin glisse le nom de Marcelo Bielsa. Bielsa ? Mais bien sûr ! L’Argentin fou qui en est venu aux mains avec un responsable de chantier à Bilbao parce que ça n’avançait pas assez vite. À Marseille, il va être servi… Labrune fait la cour à l’ancien sélectionneur du Chili. Une fois le contrat signé, il fait tout ce qu’il déteste : il tente de lui imposer des recrues, prend des décisions sur des joueurs tout en leur assurant que cela vient du coach… Avec ça, c’est sûr, Bielsa va se casser au bout de deux mois et la saison sera un nouveau fiasco. Mais non, l’Argentin choisit de rester pour mieux s’en prendre à Labrune en conférence de presse, alors que ce dernier était parti en vacances. Marcelo devient un saint pour les supporters, et Labrune est pris au piège. Ne reste plus qu’à lui refaire le coup au mercato suivant pour le pousser à bout.

Le coup de billard

Et enfin, ça marche, Bielsa se casse après la première journée, invoquant une réunion pour son contrat où Labrune avait envoyé son adjoint. VL n’y croyait plus, il est abasourdi. Pour le remplacer, il veut absolument un coach étranger. Logique : si personne ne le connaît, on mettra plus de temps à se rendre compte que c’est une pipe. Pareil pour les joueurs, autant prendre du nom, du Lucas Silva tamponné par le Real Madrid, du joueur de la Juve ou de Porto, il suffira d’une passe en diagonale pour que l’on crie au génie. Sauf qu’en vrai, encore une fois, Labrune attend le tout dernier moment du mercato pour savonner la planche de son entraîneur : cette fois-ci, ça sera le déséquilibre avec un groupe où l’on compte trois arrières droits pour un seul et unique attaquant, Michy Batshuayi. Cette fois-ci, Labrune a retenu les leçons du passé. Pas question d’avoir des joueurs de caractère, capables de se révéler dans la difficulté : on prend soit des jeunes persuadés qu’une place en Premier League les attend, soit des cadres dont la situation contractuelle les pousse à regarder ailleurs. Pas question de se faire parasiter avec des compétiteurs. Ça finit par payer, l’équipe enchaîne les matchs sans aucun collectif, en étant réduite à jouer mathématiquement le maintien en avril. Cela vaut bien une petite partie de billard pour se détendre, juste à côté des journalistes histoire que tout le monde le sache. Plus besoin de se cacher, Labrune a réussi : il a coulé le club pour de bon cette fois-ci.

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