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Et Jesus changea le bon joueur en machine

Par William Pereira
Et Jesus changea le bon joueur en machine

Depuis son arrivée à Benfica, l'entraîneur portugais a remporté pas mal de titres, perdu quelques finales et vu passer quelques bons joueurs, dont certains qu'il a su transformer en véritables machines de guerre. Car avant d'être un bon tacticien, Jesus est avant tout un meneur d'hommes.

Óscar Cardozo

Quand Jorge Jesus débarque à Benfica à l’été 2009, Óscar Cardozo a déjà fait ses preuves, comme en attestent ses 39 buts inscrits en matchs officiels entre 2007 et l’arrivée de l’entraîneur portugais. Mais c’est bien avec ce dernier que le Paraguayen franchit plusieurs caps, à commencer par celui des 20 buts en championnat (il terminera l’exercice 2009/2010 avec 26 pions). Mieux, il justifie son 18 de finition dans Football Manager en plantant à 38 reprises, en comptant les autres compétitions. La plus-value est énorme et se voit aussi dans le jeu. Sous Jesus, « Tacuara » apprend à tripoter le ballon et jouer en remise. Sa progression technique l’amènera à faire un match digne de Dimitar Berbatov contre les Girondins de Bordeaux en Ligue Europa en 2013, année de la rupture entre Cardozo et son mentor. Le Paraguayen n’a pas assumé de tout perdre à la fin de la saison, et Jesus a décidé de le jeter comme une chaussette. Triste.

David Luiz

En arrivant sur le banc de la Luz, Jorge Jesus hérite d’un effectif de choix dans lequel on retrouve Pablo Aimar, Ángel Di María, Óscar Cardozo, mais aussi David Luiz. Malgré un talent certain et un physique hors normes, le jeune Brésilien déprime alors un peu : les blessures ne l’épargnent pas, et Quique Flores, l’entraîneur sortant, l’a trimbalé pendant six mois au poste de latéral gauche. Avec le sauveur, il reprendra bonheur et confiance aux côtés de Luisão dans l’axe de la défense lisboète, et apprendra à canaliser son énergie débordante. Comme son pote Cardozo, les entraînements et le style de jeu made in Jesus le font rapidement progresser balle au pied. Crochets, râteaux, sombreros… David Luiz fait tout ce qu’il veut aux attaquants et milieux adverses, même en position de dernier défenseur – Mamadou Niang et Brandão époque OM pourront en témoigner – et surtout, proprement. Un niveau de technique que le touffu – bien qu’actuellement en pleine bourre dans tous les compartiments du jeu – a progressivement perdu outre-Manche. En fait, le David Luiz de 2015 est peut-être le seul qui arrive au niveau de la version 2010, celle-là même qui décroche le titre de meilleur joueur du championnat lusitanien.

Nemanja Matić

Pour convaincre Benfica de lâcher David Luiz à la mi-saison 2010/2011, Chelsea pose un jeune Serbe dans la balance. Nemanja Matić. Loin d’être un monstre d’auto-confiance comme aujourd’hui, le milieu de terrain a encore beaucoup à apprendre quand il pose ses valises à Lisbonne. Sa première année, passée en tant que doublure de Javi García, lui sert d’apprentissage. Ses entrées sont hésitantes, timides. Matić titube et enchaîne les prestations fragiles au point d’inquiéter les supporters benfiquistas lorsqu’ils apprennent le départ de Garcia pour City. Là où d’autres auraient cherché une alternative sûre à l’Espagnol, Jesus fait le pari d’accorder toute sa confiance au Serbe. Bien lui en prend. Car malgré une fin d’exercice 2011-2012 poussive, Matić explose sans prévenir la saison suivante. Sa perfection tactique et son toucher de balle anormalement soyeux pour un colosse dans son genre font rapidement de lui le joueur le plus important du SLB, sans que personne n’ait eu le temps de comprendre comment une progression aussi rapide avait été rendue possible. L’Europe, quant à elle, fera la connaissance de Matić en finale de C3 contre son club, sur lequel il marchera allègrement avant de retrouver Stamford Bridge en janvier 2014. Sans doute le plus grand miracle de Jesus à ce jour.

Fábio Coentrão

Un petit con. Voilà ce que les supporters de Saragosse pensent quand il est question d’évoquer les six mois du blond peroxydé chez eux, période pendant laquelle le Portugais n’a disputé que 8 minutes en match officiel et aligné les sorties nocturnes. C’était entre l’été 2008 et le début de l’année 2009. Benfica l’y avait envoyé en prêt comme monnaie d’échange dans le cadre du transfert de Pablo Aimar, sans demander l’avis du latéral gauche, qui boude donc en Espagne avant d’être prêté pour la fin de la saison à Rio Ave, où il se rattrape de fort belle manière. Le gamin avait du talent, c’est sûr, mais rien ne laissait présager les deux saisons de mutant qu’il réaliserait sous la houlette de Jesus. En fait, ce dernier est jusqu’ici le seul à avoir compris comment tirer partie du potentiel du « Figo de Caxinhas » , en l’abreuvant de mots doux, comme quand il décide de rétrograder le jeune ailier gauche au rang de défenseur latéral. « Ce sera le meilleur latéral gauche du monde » , n’hésite pas à clamer l’entraîneur, conscient que le blondinet a besoin de confiance pour prendre des risques et s’affirmer, ce qu’il fera très bien à Benfica avant de subir de plein fouet le prix démesuré de son transfert au Real Madrid.

Ángel Di María

Si l’Argentin et l’entraîneur désormais historique de Benfica n’ont cohabité que le temps d’une saison, celle-ci n’aura pas été anodine. Certes, Di María était déjà un dribbleur et un athlète hors pair, mais c’était avant tout un ailier qui aimait bouffer la ligne de touche pour centrer ou repiquer sur son bon pied (quand il repiquait sur son pied droit, ça se terminait souvent par un coup du foulard avant de frapper). Bref, si, contrairement aux autres joueurs, on ne peut pas vraiment parler de métamorphose, il est important de souligner que Jesus a quelque peu recentré l’Argentin dans le jeu pour que l’équipe puisse profiter davantage de son volume de jeu et de sa technique au milieu, tout en lui laissant la liberté de partir sur les côtés et d’évoluer assez haut. Avec une restriction tout de même : celle de lâcher le ballon un peu plus vite. Un petit échauffement axial qui expliquera plus tard l’étonnant succès de son expérience en tant que relayeur à la fin de son aventure merengue.

Enzo Pérez et Pizzi

L’Argentin et le Portugais ont deux points communs. Ils n’ont eu leur chance que grâce au départ mal placé d’un taulier (pour le premier, Axel Witsel a quitté Lisbonne pour le Zénith, alors que le mercato européen avait fermé ses portes, tandis que Pizzi a profité du départ… d’Enzo Pérez à Valence il y a 3 mois) et ont été repositionnés dans l’axe du milieu de terrain, alors qu’ils évoluent en principe un, voire deux crans au-dessus. Ce que Jesus avait commencé à faire avec Di María, il l’a définitivement mis en pratique avec Enzo et Pizzi. Comme souvent, le choix est aussi judicieux que salvateur pour les deux parties. Pour l’équipe, qui colmate un départ a priori rédhibitoire, et pour les joueurs, en manque de temps de jeu avant cette mue. S’il est un peu tôt pour dire que le tournant est décisif dans la carrière de Pizzi (même si son repositionnement est près de lui valoir un retour en Selecção), il ne fait aucun doute que le succès d’Enzo Pérez est directement lié à la décision prise par Jesus. Car avant le départ de Witsel, l’Argentin avait totalement échoué dans son entreprise d’adaptation au foot européen et voulait carrément retourner chez les Estudiantes. Merci Jorge, merci le mercato.

Jonas

Dans le genre roue de secours, Jonas n’est pas mauvais non plus. Arrivé à Benfica libre de tout contrat en plein mois de septembre dans la peau d’un buteur éternellement prometteur et en manque de confiance, le Brésilien a depuis parcouru du chemin. À Benfica, il a déjà inscrit quatre buts de plus que la saison passée en ayant disputé 1000 minutes de jeu de moins. Son dernier pion contre Braga, mélange de classe, confiance et technique, porte le sceau de la méthode Jesus qui a visiblement le don de faire revenir les morts à la vie. Il faut dire qu’avec Jonas, le technicien portugais a fait les choses en douceur. Malgré un Lima horrible jusqu’au Classico, il a laissé deux bons mois d’adaptation à l’ex-Valencien, qui a ainsi eu le temps de sortir de sa déprime et de se préparer convenablement. Bingo, c’est aujourd’hui l’un des hommes du potentiel futur doublé de Benfica. Et pour lui non plus, l’équipe nationale n’est plus très loin. Décidément…

Par William Pereira

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