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Erling Braut Håland, année zéro

Par Julien Duez
Erling Braut Håland, année zéro

On l’attendait au tournant, il a répondu présent. Inarrêtable, infatigable, décisif, Erling Braut Håland est incontestablement l’homme de ce huitième de finale aller entre Dortmund et le PSG. Son doublé l’atteste, mais pas seulement.

« Est-ce que je crains Håland ? Je ne le connais pas particulièrement. Il possède d’excellentes statistiques. » Dommage pour Thomas Meunier qui aurait peut-être dû passer un petit coup de fil à son compatriote Axel Witsel pour gratter un peu le vernis qui surplombe le dégradé impeccable du jeune attaquant norvégien. Face au PSG, la recrue hivernale du BvB a prouvé sa valeur inestimable au sein de l’effectif schwarzgelb. Présent dans tous les bons coups, il n’aura cessé de démentir les pronostics défaitistes, selon lesquels marquer un triplé contre le FC Augsbourg n’a aucune valeur tant qu’on n’a pas fait ses preuves lors d’un grand rendez-vous. Eh bien, c’est désormais chose faite. Mais Thomas Meunier n’a pas complètement tort, ceci dit : Håland possède en effet d’excellentes statistiques. Sous le maillot du Borussia, il pointe désormais à onze pions en sept matchs. Aucun joueur de Bundesliga n’avait réalisé une telle performance depuis 1963. Marquer lors de son premier match de Ligue des champions (avec le BvB), après l’avoir déjà fait pour son premier match de championnat et son premier match de Pokal, aucun joueur de Dortmund ne l’avait non plus fait. Tout simplement.

Flotte comme un papillon, frappe comme un cheval de trait

Avec ses dix buts au compteur, Håland est-il parti pour battre le record de buts inscrits en une Ligue des champions ? Depuis la saison 2013-2014, personne n’est en effet parvenu à détrôner Cristiano Ronaldo et ses dix-sept pions. Mais face à Paris, le Norvégien a prouvé qu’il était capable de faire bien plus que de planter des patators. Titularisé à la pointe de l’attaque du BvB – sans surprise -, il a grandement contribué à la réussite d’un Borussia dont on moquait jusqu’alors les lacunes défensives. Jugez plutôt : 48 ballons touchés et 85% de passes réussies, auxquels s’ajoutent quatre tirs et ce fameux doublé. Et que dire de sa remontée de terrain koubekienne au quart d’heure de jeu. Dit autrement, l’ancien Salzbourgeois a parfaitement compris qu’avec le statut d’outsider, l’heure n’était pas à la passivité. Dommage qu’en face, Kylian Mbappé, avec ses 37 ballons touchés et ses deux tirs (cadrés, certes), ait eu l’air aussi passif, malgré sa passe décisive. Le Français a-t-il péché par excès de confiance ? Quoi qu’il en soit, son homologue norvégien n’a cessé d’enchaîner les allers-retours pour venir en aide à ses petits camarades. Ce qui ne l’a pas empêché de se montrer décisif pour autant.

Alors certes, le style d’Erling Håland n’est peut-être pas le plus beau à voir. Il faut dire qu’on ne manie pas une grande carcasse d’1,94 mètre et de 87 kilos de muscles avec la même aisance qu’un corps de danseur étoile. Mais lui qui était moqué pour ses lacunes techniques, son manque d’assurance balle au pied et, surtout, son absence de but marqué dans un rendez-vous capital (si l’on excepte celui inscrit face à Liverpool lors de la phase de poules avec Salzbourg) a réussi à faire taire ses détracteurs. Pour l’instant. Et pas vraiment en finesse. En témoigne sa minasse à dix-sept mètres frappée avec la puissance d’un cheval de trait, à tel point que l’on devinait presque le souffle chaud qui lui sortait des naseaux au moment de s’effondrer au sol pour célébrer son deuxième but. Mais on retiendra également son pied tendu tout en finesse pour ouvrir le score à vingt minutes du terme, avant de s’asseoir en tailleur tel un yogi. Zen, serein. Ce mardi soir, celles et ceux qui ne regardent pas la Bundesliga tous les week-ends ont peut-être découvert ce que, dans le langage moderne, on appelle vulgairement un crack. Qui plus est, dans un théâtre chargé d’émotions comme peut l’être le Westfalenstadion. Un peu comme un certain Kylian Mbappé, un soir d’avril 2017, avec le maillot monégasque. Et si on osait dire qu’un début d’histoire était peut-être en marche ?

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