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Enzo Fernández proche de Chelsea : l’histoire de désamour avec Benfica

Par Amaury Gonçalves, à Lisbonne
Enzo Fernández proche de Chelsea : l’histoire de désamour avec Benfica

Révélation d’une Coupe du monde où il a largement participé au sacre argentin, Enzo Fernández l'avait pourtant commencée dans l’ombre, en tant que remplaçant. Cette ascension reste néanmoins semblable à celle qu’il a connue ces derniers mois en club : fulgurante au risque de perdre ses soutiens. Convoité par Chelsea, le désormais ex-chouchou de Benfica voit ses relations avec les Lisboètes se rafraîchir.

Enzo Fernández. C’est un nom à côté duquel il est difficile de passer depuis quelques semaines. À 21 ans, le milieu de terrain argentin est déjà champion du monde et s’est montré aux yeux de la planète comme l’un des espoirs sur lesquels il faudra compter pour les années à venir. Il restait pourtant assez méconnu du grand public malgré un début de saison flamboyant au Portugal avec le SL Benfica où il est arrivé en juillet dernier. Magicien balle au pied, guerrier physique ou maître tactique, les poncifs ne manquent pas au Portugal pour désigner l’un des acteurs du grand début de saison des Aigles. Leader en championnat avec six points d’avance sur Braga et arrivé en tête de son groupe en Ligue des champions devant le PSG, le Sport Lisboa e Benfica s’avancera en février prochain pour un huitième de finale attendu contre Bruges. Une échéance pour laquelle le club aimerait encore pouvoir compter sur sa pépite argentine, malgré les intérêts très insistants et les méthodes peu courtoises de certains des plus grands clubs européens.

Buenos Aires ou Lisbonne, même créneau pour Enzo

Parler d’Enzo Fernández, c’est avant tout parler de River Plate, le club qui l’a vu et fait grandir. Après des années de formation et un prêt au Defensa y Justicia, le milieu de terrain argentin explose sous les ordres de Marcelo Gallardo. Ses qualités de passe et son intelligence de jeu font parler d’elles sur tout le continent sud-américain et traversent bientôt l’Atlantique. Malgré l’intérêt de plusieurs grands clubs européens tels que Milan, Benfica ou le PSG dès le mois de juin, Enzo Fernández est concentré sur un seul et unique but : gagner la Copa Libertadores pour son unique amour, River Plate. Cette histoire qui aurait pu être à l’eau de rose tourne pourtant au vinaigre fin juin 2022. En huitièmes de finale, le Vélez Sársfield déjoue tous les pronostics et élimine le colosse du River par un petit but sur penalty sur la double confrontation. En parallèle, Benfica, qui finalisait le transfert du joueur et poussait pour un transfert en juillet plutôt qu’en janvier, se défait d’une épine dans le pied. Une semaine après l’élimination en Libertadores, le milieu de terrain est officialisé par les Aigles pour une somme de 10 millions d’euros assortis de 8 en bonus.

À Lisbonne, Enzo Fernández connaît là encore une ascension éclair. Le soir du 15 juillet, à peine 24 heures après avoir atterri à Lisbonne, le joueur de 21 ans est déjà propulsé en tant que titulaire dans le match amical contre l’OGC Nice en Algarve, dans le sud du Portugal. Aligné aux côtés de Florentino Luís derrière le trio de milieux offensifs, il convainc très vite les supporters de la capitale portugaise après une préparation réussie et, surtout, un mois d’août d’exception. Lors du troisième tour préliminaire aller de qualification en Ligue des champions contre Midtjylland, il marque d’une magnifique volée depuis l’extérieur de la surface de réparation. Les jours suivants, il marque deux nouveaux buts contre Arouca en championnat puis lors du match retour contre Midtjylland. En somme, trois pions sur ses trois premiers matchs officiels sous la tunique rouge des Aigles. Son jeu s’appuie surtout sur sa vision de jeu et sa qualité de passe qui lui permettent de créer des décalages ou de se distinguer par des centres souvent décisifs (5 assists depuis le mois d’août). Si on y ajoute son implication défensive et son énergie, Enzo Fernández est devenu rapidement une pièce maîtresse du dispositif de Roger Schmidt. Dans son rôle de n°8 faisant la jonction entre la sentinelle Florentino Luís et les quatre joueurs offensifs, il est l’un des chouchous des supporters benfiquistas. « Avec ce qu’on m’avait dit et ce que j’avais vu du joueur, je me disais qu’il ne serait pas là pour plus d’un an, avoue Dany Barbosa, animateur de communauté du compte francophone du SLB sur Twitter. Dès qu’il est arrivé, il est devenu l’un des meilleurs joueurs de Roger Schmidt en s’adaptant très vite à ses idées. » Autre indicateur de cette popularité soudaine, le nombre de maillots vendus par le joueur : « Entre le mois d’août et le mois de septembre, on floquait surtout les maillots« Enzo », « Neres »et« Rafa » », indique Tiago, vendeur d’une boutique de maillots de football à Lisbonne.

Braquage à l’anglaise du joyau du roi Costa

Enzo Fernández est un joueur spécial. L’ayant bien compris, le président de Benfica Rui Costa ne s’en séparera cet hiver que si sa clause libératoire de 120 millions d’euros est levée. Dans ce tableau presque idéaliste d’un joueur à qui tout réussit depuis deux ans apparaît néanmoins une tache d’encre qui pourrait salir la suite de sa carrière. Tandis qu’il s’est montré exemplaire sur le terrain depuis son arrivée à Benfica, le revers du décor reste plus nuancé. Bien qu’il ait été entendu qu’il ne quitterait pas le club cet hiver – hors cas cité plus haut – pour ne pas perturber le groupe, le joueur semble avoir changé son fusil d’épaule après l’exposition reçue par la Coupe du monde. Si bien que ces derniers jours, il a même entamé un tour de force avec Benfica pour rejoindre Chelsea, le club londonien lui ayant promis – dans le dos du club portugais – de lever sa clause. Le joueur a ainsi passé le Jour de l’an en Argentine, malgré l’interdiction prononcée par le SLB, puis manqué les entraînements du club deux jours plus tard. En conférence de presse, l’entraîneur du club Roger Schmidt est revenu clairement sur ces évènements : « Il y a un club(Chelsea)qui veut Enzo. Ils savent qu’on n’est pas vendeur, donc pour avoir le joueur de leur côté, ils l’ont fait rêver en lui disant qu’ils paieraient sa clause. Aujourd’hui, ils veulent négocier. C’est un manque de respect inacceptable. » Au-delà de la responsabilité des Blues dans cette affaire, ces évènements font revenir en écho l’expression utilisée par le joueur au moment de son arrivée à Lisbonne en juillet dernier, lorsqu’il ne citait Benfica que comme un « club tremplin » pour lui. Ils donnent aussi une saveur plus particulière encore au retour du joueur hors de forme lors de la sévère défaite de Benfica à Braga (3-0), le 30 décembre dernier. « On l’a senti bien moins bon que sur le reste de la saison, précise Dany Barbosa. Il n’était pas impliqué, ratait des choses qu’il ne ratait pas d’habitude. »

L’écarter contre Portimonense, dans un match piège, c’était un risque. En le prenant, on faisait aussi passer un message : personne n’est au-dessus du club.

Cette saison, qui avait tout pour être belle, prend ainsi une tournure bien plus amère, notamment pour les supporters encarnados. « On peut essayer de comprendre le joueur. C’est plus sexy de jouer en Premier League le week-end que d’aller à Vila do Conde(ville du nord du Portugal où joue notamment Rio Ave), plaisante Dany Barbosa. Mais à Benfica et au Portugal en général, le côté émotionnel est très important. On a besoin de montrer le poids de nos institutions et le fait qu’aucun joueur ne se situe au-dessus du club. » Du côté du terrain, Roger Schmidt a annoncé que le tour de force tenté par son joueur serait suivi de« conséquences », tout en rappelant le fait qu’il comptait sur lui et qu’il souhaitait le préserver pour le reste de la saison. Lors du match contre Portimonense vendredi dernier, le joueur de 21 ans a ainsi été laissé en tribune. C’est depuis cette place qu’il a assisté à l’ovation de tout un stade pour le sacre mondial de son compatriote Nicolás Otamendi. « Son cas a bien été géré par le club, affirme Dany Barbosa. L’écarter contre Portimonense, dans un match piège, c’était un risque. En le prenant, on faisait aussi passer un message : personne n’est au-dessus du club. » Concernant l’ovation à Otamendi, Dany Barbosa trouve que c’était« dommage pour Enzo, car ça aurait dû être un moment partagé à deux. Je pense qu’il a pu regretter de ne pas avoir participé à ce moment, car les Benfiquistas sont très démonstratifs de leur amour ». Et pour la suite ? Les supporters du SLB sont encore divisés sur le cas du joueur s’il venait à rester. Pour Dany Barbosa, « il ne faudra pas le siffler à tous les matchs, mais des excuses du joueur et une gueulante du stade à son égard ne seraient pas de trop ». Le groupe Fleetwood Mac chantait le blues par les mots suivants : « Et quand les lumières sont basses, et qu’il est temps d’y aller, c’est là que j’ai tant besoin de ton amour. » On trouve peut-être là la prochaine étape entre Enzo Fernández et les supporters benfiquistas. Celle d’une réconciliation au moment où le divorce semblait inévitable.

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Tous propos recueillis par AG, sauf mentions.

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