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Sébastien Patrice : « J'ai proposé à Longoria de créer une section escrime à l'OM »

Propos recueillis par Andrea Chazy

Médaillé de bronze lors de l'épreuve du sabre par équipe, Sébastien Patrice (24 ans) s'est distingué en s'affichant avec un maillot de l'OM sur les épaules. Puis en haranguant la foule, quelques heures plus tard au Club France, en lançant des "Allez l'OM" à foison. Il était donc temps de le coincer pour lui faire parler de son amour pour le club olympien.

Sabre fencer Sebastien PATRICE of France celebrates during the Paris Olympic Games 2024 - Day 1 at Grand Palais on July 27, 2024 in Paris, France. (Photo by Daniel Derajinski/Icon Sport)   - Photo by Icon Sport
Sabre fencer Sebastien PATRICE of France celebrates during the Paris Olympic Games 2024 - Day 1 at Grand Palais on July 27, 2024 in Paris, France. (Photo by Daniel Derajinski/Icon Sport) - Photo by Icon Sport

Comment as-tu vécu ces épreuves de sabre au Grand Palais avec, en point d’orgue, cette belle médaille de bronze par équipe glanée face à l’Iran ? Ramener une médaille de bronze, à la maison, c’est fantastique. Beaucoup de sportifs te diront qu’ils ne réalisent pas sur le coup, mais moi au moment où on la gagne, je mesure la portée de cet accomplissement car je sais à quel point j’en ai chié pour en arriver-là. On est au Grand Palais, devant 10 000 personnes, ma famille est dans les tribunes, je suis aux côtés de mon frère, là je me dis “Wow”. Je sais que c’est ma première médaille olympique, que c’est le plus beau moment de ma carrière sportive. C’est rare de vivre ça, donc tout est décuplé au niveau des émotions.

On a vu à la fin du combat que tu portais un maillot de l’OM sous ta cuirasse. Tu le fais souvent ?

Oui. J’ai la chance que mon père m’achète les maillots domicile et extérieur du club donc dès que je termine un match, n’importe quand dans la saison, je me change et j’alterne entre les deux maillots de l’OM. Ils sont floqués à mon nom et je mets soit “13” soit “7” car c’est mon jour de naissance. J’ai ceux de la saison précédente, de l’actuelle, c’est un kif de se dire : « Moi, je fais du sport de haut niveau en portant le maillot du club que j’ai toujours suivi ». Même si je ne suis plus à Marseille car je dois m’entraîner à Paris, pour moi, c’est plus qu’une passion, l’OM.

Tu as passé toute ta jeunesse à Marseille. Tu y a joué au foot, petit ? On est tous originaires de Marseille. J’ai quitté le domicile familial quand j’avais 15 ans. Après avoir essayé d’autres sports comme le judo, j’ai commencé par le foot à l’âge de 5-6 ans dans un club à côté de chez moi, au Eoures Camoins Treille. Je faisais aussi des petits stages d’été à l’OM, et j’avais même fait des détections dans le coin aux Caillols, à Gémenos. J’étais arrière gauche ou milieu gauche. Jusqu’à mes 16 ans, on m’a diagnostiqué un déficit d’hormones de croissance. Donc jusque-là, j’étais beaucoup plus petit et trapu que les autres mais je cavalais bien. Et quand il fallait bouger les mecs, j’étais là. Tout ça pour dire que je n’ai pas juste un petit côté « footix » d’un gars lambda qui supporte l’OM. Le Vél’, j’y étais abonné en Ganay. Plus tard, j’ai aussi vu des matchs dans les loges et en virage aussi, bien sûr.

Comment s’est fait la bascule du foot à l’escrime ? À 13 ans, j’ai commencé l’escrime en parallèle du foot. C’est mon frère qui m’a mis le pied à l’étrier. On est très famille, je le suivais lors de ses compétitions départementales ou régionales. Puis je me suis pris de sympathie avec son coach. Au début, je lui disais que l’escrime, c’était un sport pour les filles. Lui me répondait que je disais ça parce que j’avais peur des sabres. Ça m’a piqué. Du coup, j’ai fait un stage d’essai de trois jours. Trois jours plus tard, j’avais une compétition et je l’ai gagnée. Voilà comment ça a commencé.

Donc tu as arrêté le foot à ce moment-là ? C’était important pour mon père que je fasse du foot donc j’ai continué pendant environ deux ans. Mais au bout du compte, le caractère individuel propre à l’escrime me convenait plus. Parfois au foot, je rageais quand je jouais bien et que mes coéquipiers non. Ou alors inversement, quand je passais à côté et que je n’apportais pas ma pierre à l’édifice lors d’une victoire, je n’arrivais pas à pleinement m’en réjouir. Tandis que dans l’escrime, tu es face à toi-même. Que tu gagnes ou que tu perdes.

On est heureux que mon frère ait ces initiales. À tel point qu’à la maison, on l’appelle nous même “JPP”

Sébastien Patrice

Ton grand frère s’appelle Jean-Philippe Patrice, soit les mêmes initiales que Papin… Très honnêtement, je ne pense pas que mon père ait fait ça en lien avec Jean-Pierre Papin. Mais on est heureux que mon frère ait ses initiales. À tel point qu’à la maison, on l’appelle nous même “JPP”.

C’était quoi ton premier match au Vél’ ? C’était une rencontre face à Monaco, je devais avoir huit ans quelque chose comme ça. 2008/2009, dans l’ancien stade Vélodrome. C’est à ce moment-là que j’ai ressenti mes premières émotions dans le monde du sport. Je commençais à être dingue de foot, de l’OM, alors tu imagines… C’est comme quand des jeunes escrimeurs viennent me voir là dans les grandes compétitions, ils sont admiratifs. Moi, j’étais admiratif puissance dix des joueurs quand j’allais au stade. Un autre souvenir qui m’avait marqué, c’était OM-Caen quand on a gagné 6-1 avec des buts de Nasri, Cissé, Valbuena. C’était une période de ma vie où je n’avais qu’une hâte : aller avec mon père au stade le week-end voir jouer l’OM à domicile. Toute la semaine, je ne pensais qu’à ça. Et à peine le match fini, je faisais des pieds et des mains à mon père pour acheter les chaussures du joueur qui avait marqué ! (Rires.) Derrière quand j’allais à l’entraînement, je mettais le maillot, j’essayais de refaire ce qu’ils avaient fait pendant le match.

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C’était les gestes de quels gars que tu essayais de reproduire à l’entraînement ?

Même s’il était Parisien, Ronaldinho c’était un vrai kif. Il a masterisé son sport, il avait une telle élégance sur le terrain avec ses roulettes. J’essayais de les refaire à l’entraînement, je tombais une fois sur deux. (Rires.) Après il y avait Zizou, Coupe du monde 2006, le quart de finale qu’il sort contre les Brésiliens, bababa… C’était pour moi le plus beau match de foot que j’ai vu même, si j’étais jeune. À l’OM, j’adorais Djibril Cissé, Mamadou Niang, Samir Nasri, Mathieu Valbuena… J’ai eu aussi eu ma petite période “goal” avec Cédric Carrasso, Steve Mandanda.

Tu te souviens donc bien du dernier titre de l’OM avec Deschamps en 2010 ? On avait fêté ça à la maison comme pas possible et à Marseille, c’était le bordel. Une émotion qui m’a marqué plus récemment, c’est quand on a battu Leipzig en Ligue Europa. J’étais en déplacement pour l’escrime mais mes amis à Marseille m’avaient envoyé des vidéos, des photos, ils essayaient de me faire vivre le moment. Derrière, tu as la Une de L’Équipe quand Rolando nous avait envoyé en finale à Salzbourg. Pfiou.

À l’entraînement, en match, j’avais cette grinta où j’avais les dents par terre et qu’une envie : gagner. Je suis sûr que si j’avais été dans une autre ville, ça n’aurait pas été pareil.

Sébastien Patrice

Il existe des parallèles entre l’escrime et le foot ? 

Oui. Quand j’ai commencé le foot, il y avait cette appétence, cette gnaque, des valeurs qu’on a, à Marseille, et qu’on prône. Ça vient de l’éducation de mon père je crois aussi. Quand je ne faisais pas de bons matchs, il me fracassait, il me criait dessus. Ce n’était pas confortable sur le moment mais quand je retournais à l’entraînement, en match, j’avais cette grinta où j’avais les dents par terre et qu’une envie : gagner. Je suis sûr que si j’avais été dans une autre ville, ça n’aurait pas été pareil. Aujourd’hui encore, ce sont des choses qui me suivent dans mon sport. L’autre similitude, c’est l’admiration pour ceux qui font le show. Mon père m’avait acheté tous les DVD des gars qui ont eu le Ballon d’or, Ronaldinho, Shevchenko… Je voulais m’inspirer d’eux et de leurs plus beaux gestes. C’est pour ça je crois que j’ai encore ce petit côté showman en escrime : ma dernière touche en finale face à l’Iran, c’est un peu du champagne. Tout ça, ça vient de là.

Ta roulette à toi, ce serait “L’oiseau” (le saut qu’il effectue avant de toucher, NDLR) ? C’est un peu différent car vu que j’ai commencé l’escrime un peu tard, on m’a expliqué les règles juste avant cette fameuse première compétition dont on a parlé plus tôt. On m’a dit : « Ne croise pas les jambes et touche tout ce qui est au-dessus de la ceinture avec le tranchant ou la pointe de la lame ». Je l’ai fait au feeling, le truc du sauté. En premier lieu, ce n’était pas pour faire le show mais surtout parce que c’est confortable pour moi. Mais je sais aussi que les gens adorent ça, donc j’en joue un peu aujourd’hui.

Pour en revenir à l’OM, tu es hypé par l’arrivée de Roberto De Zerbi ? Ouais, bien sûr. À Marseille, on est férus des entraîneurs et des joueurs. Là, on a connu des années un peu plus compliquées avec des phases dans les saisons un petit peu compliquées. J’espère qu’il va réussir à répondre présent car on met une pression de dingue sur les entraîneurs, qu’il saura relever le défi et que sa manière de voir le foot correspondra à celle des amoureux du club.

Qu’est-ce que tu penses du mercato ? Il y a notamment eu un cas de conscience autour du transfert de Mason Greenwood. Il y avait eu une polémique autour de lui, c’est vrai. De mon côté, je pense qu’en tant qu’athlète de haut niveau, il ne faut juger un sportif uniquement que pour ce qu’il fait dans son environnement sportif. Ce qu’il fait dans sa vie personnelle, ça ne regarde que lui et ses proches. Et je vais te dire la vérité : si le mec il plante trente buts dans la saison, tu vas voir comment ils vont être, les Marseillais.

Je vais réattaquer la saison en octobre prochain avec la même rigueur, la même discipline, donc je sais que si je ne profite pas à fond maintenant, il y a un moment où je vais exploser

Sébastien Patrice

Vous auriez été invité par Pablo Longoria à donner le coup d’envoi d’un futur match de l’OM. C’est vrai ? Alors on n’a pas encore été officiellement invités pour un match en particulier. Moi, j’ai reçu au lendemain de la compétition un message de Pablo Longoria me disant qu’il était très content du fait que j’ai porté le maillot et qu’on ait représenté fièrement les couleurs de l’Olympique de Marseille. Ça fait plaisir, car ça montre l’élégance du président. Il n’était pas obligé de le faire, je pense qu’il a pas mal d’autres choses à penser en ce moment. J’espère qu’on aura cette fameuse invitation dans les prochains jours ou les prochaines semaines car ce serait un rêve, le rêve d’un minot que son père emmenait au stade, que de donner un coup d’envoi au Vélodrome. Face au PSG, tu imagines la folie ? Je crois que je rentre en pleurs sur le terrain. Au passage, car c’était une idée que j’avais en tête depuis quelques jours, j’ai soumis à Longoria l’idée de créer une structure sports de haut niveau à l’OM, avec une section escrime. À l’image de ce qu’a le PSG avec notamment le judo et Teddy Riner. Quel kif ce serait de pouvoir représenter l’OM en tant que licencié toute l’année !

Au fait, comment fête-t-on une victoire aux JO ? On a eu énormément de sollicitations médiatiques le jour même, on a terminé autour d’une heure du matin. Pour avoir une médaille olympique, les athlètes se privent énormément pendant plusieurs années par rapport à une personne lambda. Il n’y a pas d’alcool, pas de ci, pas de ça, pas de coucher tard… donc là, tu lâches un peu prise. Tu décompresses, tu bois un coup avec tes amis, tu manges des conneries, tu fais la fête jusqu’à ce que tu n’en puisses plus… C’est ça depuis quatre jours, c’est pour ça que j’ai un peu la voix cassée. Je vais réattaquer la saison en octobre prochain avec la même rigueur, la même discipline, donc je sais que si je ne profite pas à fond maintenant, il y a un moment où je vais exploser.

Bon, pour finir : tu as pris combien de vannes au village olympique en rapport avec Patrick Sébastien ?

Zéro, pas une ! Ça m’a même étonné. Alors que dans la vie de tous les jours, ça n’arrête pas…

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