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Entre Serge Dassault et le FC Nantes, la haine a duré trois ans

Par Kevin Charnay
Entre Serge Dassault et le FC Nantes, la haine a duré trois ans

Serge Dassault est mort lundi à l'âge de 93 ans. De 2004 à 2007, il a été, un peu par hasard, le principal actionnaire du FC Nantes. Apparemment, si l'amour dure trois ans, la haine aussi.

6 juin 2007. Comme souvent, l’atmosphère est électrique lors du conseil municipal à l’hôtel de ville de Corbeil-Essonnes. Une centaine de personnes venues soutenir les professeurs licenciés du conservatoire de musique de la ville sont présents, et les débats avec le sénateur-maire sont plutôt très animés. C’est à ce moment-là qu’une quinzaine de personnes sortent écharpes et banderoles du FC Nantes, jusque-là dissimulées sous leurs vêtements. L’un d’entre eux se dirige vers Serge Dassault et l’interpelle : « Dassault, quitte Nantes ou ça va mal finir pour toi ! Tu as sali notre équipe. Nous n’hésiterons pas à salir ton image où que tu ailles. Nous sommes partout. Méfie-toi. » Un message clair. Les supporters nantais ont fait le déplacement jusqu’à Corbeil-Essonnes pour se plaindre de la gestion catastrophique du club, dernier de Ligue 1 et relégué en Ligue 2 après quarante-quatre saisons passées dans l’élite.

Face à ce petit événement, les membres de l’opposition du conseil municipal sont aux anges. « Vous êtes les bienvenus » , s’exclame l’élu PC Bruno Piriou. La venue des supporters a de quoi ouvrir un débat. « Ce n’est pas la faute de Serge Dassault. Si les joueurs étaient moins payés, ils se battraient peut-être plus sur le terrain » , affirme un conseiller proche du maire. « Si nous parlons argent, parlons du salaire du président du club, alors ça pourrait être intéressant ! » rétorque un membre de l’opposition. Dans ce grand bordel, s’il y a bien une chose incontestable, c’est que le sénateur-maire de Corbeil-Essonnes reste très calme. Dans un petit sourire, et d’un ton laconique, il se contente de répondre aux supporters que « le FC Nantes n’est pas à l’ordre du jour du conseil municipal. Allez-vous-en » . Car il sait à ce moment-là qu’il a déjà décidé de quitter ce club de foot dont il n’avait rien à faire depuis le début.

« Arrête ton char, Dassault »

Tout commence trois ans plus tôt. Le 8 juillet 2004, l’homme d’affaires devient président de la Socpresse, qui possède 70 titres de presse comme Le Figaro et L’Express, mais aussi depuis 2000 un club de football : le FC Nantes. Il devient alors sans vraiment le vouloir l’actionnaire principal des Canaris. Il envisage de vendre le club tout de suite, mais sa garde rapprochée le lui déconseille. Et par garde rapprochée, il faut comprendre Rudi Roussillon, qui devient président du FC Nantes. Mais au bout de quelques mois sans s’exprimer officiellement à propos du club, Serge Dassault est vite accusé par les supporters de n’avoir rien à carrer du club. Lors d’une défaite à domicile contre Nice, une banderole « Arrête ton char, Dassault » est déjà déployée.

Il s’exprime alors dans les colonnes du Parisien en décembre 2004, mais ne dissipe aucun de ces doutes. « L’entreprise football en tant qu’activité est nouvelle pour moi. Je dois déjà regarder comment marche un club et comment ça se passe au FC Nantes. Je ne connais ni les joueurs ni le club. J’ai prévu d’y aller en début d’année » , explique-t-il. Il ne mettra jamais les pieds à la Beaujoire en trois ans. Et aux contestations des supporters, il répond déjà froidement : « Je ne suis pas l’entraîneur. Ce n’est pas moi qui ai recruté les joueurs. Ce n’est pas moi qui les fais jouer. Qu’ils commencent par gagner, et après on verra. Moi, je suis ici pour gagner des matchs et de l’argent. Si on m’insulte, je m’en vais ! C’est clair, si les supporters se tournent contre moi, je pars tout de suite. Si les gens veulent que je les aide, il ne faudra pas que ça continue ainsi. » Une sorte d’avertissement.

Fabien Barthez, envahissement de terrain et relégation

Mais les résultats du club sont de plus en plus mauvais. Après avoir frôlé la relégation en 2005 et 2006, Nantes n’évite pas l’inévitable. La saison 2006-2007 est catastrophique, le recrutement désastreux et les arrivées de Fabien Barthez et Luigi Pieroni au mercato hivernal ne changent rien. Lors de la 37e journée et la réception de Toulouse, les supporters excédés par la gestion du club et la descente en Ligue 2 envahissent le terrain à quelques minutes de la fin alors que le score est de 0-0. La Ligue donnera le match gagné à Toulouse sur tapis vert. Alors que Serge Dassault apprécie de moins en moins de voir son nom associé à l’échec sportif du FC Nantes, ces débordements, rapidement suivis par la visite surprise au conseil municipal, l’irritent au plus haut point. À l’été 2007, il décide alors de vendre le club à un certain Waldemar Kita. Comme un dernier coup de poignard infligé au FC Nantes.

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Par Kevin Charnay

Citations tirées du Parisien.

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