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Entre larmes et colère : adieu Samba

Par Julien Duez
Entre larmes et colère : adieu Samba

Après Thomas Rodriguez (Tours) et Baptiste Le Foll (Guingamp), le football français se voit endeuillé pour la troisième fois en tout juste un mois à la suite du décès de Samba Diop, défenseur central de la réserve du Havre. Grand espoir du club doyen, le jeune homme de 18 ans devait prochainement franchir le pas vers le groupe professionnel avant d’être fauché en pleine force de l’âge. Aujourd’hui, le club et son public souhaitent lui rendre hommage, malgré une LFP inflexible sur le huis clos qui frappera le prochain match du HAC contre le Gazélec Ajaccio.

« Il avait deux objectifs : passer son bac, ce qu’il a fait la saison dernière, et signer son premier contrat pro au Havre » , énumère Michaël Bunel, responsable de la préformation du HAC et qui a suivi Samba Diop depuis son arrivée à la Cavée verte à l’âge de cinq ans. « Vous savez, on dit toujours du bien des gens qui décèdent, mais si vous demandez à quelqu’un de vous parler de Samba au centre de formation, vous ne trouverez personne qui dira du mal de lui, affirme son ancien coach. Samba était un garçon timide et réservé, mais qui savait ce qu’il voulait. Pour un entraîneur, c’était l’exemple à suivre : quand il ne jouait pas, il ne se plaignait pas, quand il fallait bosser, il ne se plaignait pas. » Michaël Bunel prend une respiration profonde et rappelle que le défenseur central pouvait compter en permanence sur le soutien sans faille de sa maman. « Quand il était petit, elle l’accompagnait à tous les entraînements. Quand il était sur le terrain, elle restait dans le club-house avec les autres mamans, où elles partageaient des gâteaux et entretenaient le côté très familial du club. C’était l’exemple même de la bonne présence. »

Le huis clos de l’indécence

Ce dimanche, le HAC a lancé une cagnotte destinée à soutenir financièrement la famille Diop, que des membres du staff et de la direction ont rencontré après le drame afin de lui présenter ses condoléances. « On est conscient que ce n’est pas l’argent qui va le ramener à la vie, soupire Michaël Bunel. Mais si cela peut permettre d’accompagner ses proches pour les aider à organiser ce qu’il faut organiser, c’est déjà ça. » En attendant, du côté des supporters, la colère gronde. À cause du huis clos total qui frappe le Stade Océane à la suite de l’envahissement de terrain perpétré face à Quevilly-Rouen, le public ne pourra pas rendre hommage à Samba ce vendredi face au Gazélec Ajaccio. « C’est vraiment horrible. Le foot est tellement dérisoire face à un drame pareil » , tremble Olivia Detivelle, présidente du Kop Ciel et Marine, qui jure ne pas remettre en cause la sanction infligée au HAC par la LFP, mais ne comprend pas que celle-ci ne soit pas décalée au mardi 24 avril, lorsque le Havre accueillera Nancy. « On pensait que ce serait normal, au regard de la douleur des parents et du club » , confie cette mère d’une fille de l’âge de Samba Diop.

Au Gazélec, le directeur sportif Christophe Ettori confie que son club « ne se serait pas opposé au report du huis clos s’[il avait] été consulté en ce sens. La mémoire d’un garçon de 18 ans prévaut sur toute autre chose. En Corse, nous sommes très sensibles aux hommages. Je crois que nous sommes la terre de France où il y a le plus de minutes de silence » , analyse l’ancien Gazier.

Les supporters ne lâchent rien

Du côté de la LFP, on explique que la décision d’infliger à titre conservatoire un match à huis clos total au Havre a été prise jeudi dernier, soit la veille de la mort de Samba Diop, au regard des éléments qu’elle avait à disposition, à savoir l’envahissement de terrain contre Quevilly-Rouen. Concrètement, le Stade Océane restera vide jusqu’à ce que l’instruction soit rendue le jeudi 19 avril par la commission de discipline. Impossible de décaler la sanction donc, les décisions rendues à titre conservatoire n’étant pas susceptibles d’appel. Afin de rester en phase avec le règlement, les instances officielles ont dès lors permis le report du match contre Reims prévu vendredi dernier et organisé une minute de silence sur tous les terrains de Ligue 1 et 2 lors du week-end écoulé.

En revanche, la Ligue conteste les accusations selon lesquelles la famille Diop ne pourrait assister au match contre le Gazélec en raison du huis clos. Comme l’exige la procédure, les deux clubs fournissent à la commission des compétitions une liste de personnes autorisées à pénétrer dans l’enceinte du club. Et cette dernière n’aurait pas de raison de s’y opposer.

Pas de quoi calmer la douleur havraise pour autant. « On savait que la Ligue était une instance rigide et qui faisait très peu preuve de discernement, tempête Yann Simon, membre des Barbarians Havrais. On va s’arranger pour rendre hommage au joueur vendredi, d’une manière qui reste encore à déterminer, ainsi que dimanche, lors du quart de finale de Coupe de France que dispute l’équipe féminine. » Michaël Bunel ajoute que la mémoire de Samba Diop sera honorée le 18 avril lors de la Soirée des Majors, une cérémonie qui met en avant les meilleurs joueurs de chaque promotion du centre de formation, sur le plan sportif, mais aussi humain. Deux domaines dans lesquels Samba Diop aurait dû exceller encore longtemps.

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Par Julien Duez

Tous propos recueillis par JD

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